Covid-19Hong Kong, l’un des derniers endroits à supprimer le port du masque obligatoire
Hong Kong a annoncé mardi la fin du port obligatoire du masque contre le coronavirus, ultime restriction sanitaire que la métropole est l’une des dernières du monde à avoir maintenu si longtemps.
«J’annonce que l’obligation du masque sera complètement supprimée à partir de demain 1er mars, y compris à l’intérieur, à l’extérieur et dans les transports en commun publics», a déclaré le chef de l’exécutif hongkongais John Lee. Le port du masque avait été imposé il y a trois ans à Hong Kong, et a été maintenu près de 1000 jours.
«Je suis prête à m’en débarrasser», s’est réjouie Tiffany, employée du secteur financier âgée d’une vingtaine d’années. «Cela coûte de l’argent d’acheter des masques», dit-elle à l’AFP. «Avec la suppression du port du masque requis, nous commençons (un retour) total à la normalité. Et cela sera très bénéfique au développement économique», a ajouté M. Lee, lors d’un point presse mardi. Il a ajouté que les hôpitaux et les maisons de retraite pourraient mettre en place leurs propres restrictions.
Obligation mise en question
Les experts en santé publique s’interrogeaient de plus en plus sur la nécessité d’imposer le port du masque dans une ville où plusieurs vagues d’infections au Covid ont sans doute apporté un haut niveau d’immunité. Les entreprises et autres professionnels du tourisme ont aussi estimé que le masque portait atteinte à l’image globale de la ville.
Cette ultime restriction sanitaire va aussi à l’encontre de l’empressement de l’exécutif à démontrer que Hong Kong a repris ses activités habituelles, John Lee ayant promis d’accueillir les visiteurs «sans isolement, sans quarantaine et sans restrictions» lors du lancement de la campagne «Hello, Hong Kong» début février.
«Anachronique»
«Franchement, c’est anachronique aujourd’hui d’être dans l’illégalité si on ne le porte pas», avait tweeté dimanche Siddharth Sridhar un professeur virologiste de l’Université de Hong Kong.
Le masque était requis dans la quasi-totalité des lieux publics, pour tout individu âgé de plus de 2 ans, sous peine d’une amende de 10’000 dollars hongkongais (près de 1200 francs). Fin 2022, Hong Kong avait délivré 22’000 amendes pour des infractions liées au masque et réuni l’équivalent de 13,35 millions de francs en paiement.
La ville était l’une des dernières sur la planète à exiger le masque, même en extérieur. La levée de cette mesure intervient après une décision identique lundi dans le territoire chinois voisin de Macao, qui maintient le port du masque seulement dans les zones à risques comme les hôpitaux.
L’an dernier, la plupart des pays européens avaient mis fin à cette obligation partout, sauf dans les avions et certains métros. Singapour, le rival asiatique de Hong Kong, a supprimé le port du masque à l’intérieur des bâtiments en août, tandis que la Corée du Sud a fait de même en janvier de cette année. À Taïwan, les gens peuvent à nouveau respirer de l’air non filtré dans la plupart des endroits depuis le 20 février.
«Comme une partie du corps»
Jusqu’à la fin de l’année dernière, Hong Kong avait l’une des approches les plus strictes au monde en matière de pandémie. Elle s’en tenait à la stratégie de Pékin du «zéro covid», jusqu’à l’abandon soudain par la Chine continentale de sa politique restrictive, en décembre. Confinements et tests de dépistage systématique ont été alors abandonnés à Hong Kong où l’économie était déjà ébranlée par les manifestations démocratiques massives de 2019, suivies d’une répression de l’opposition.
Pourtant, tous les habitants de Hong Kong ne sont pas encore prêts à retirer leurs masques. «Malgré la levée de l’obligation sur les masques, je vais continuer à les porter sur le court terme», a déclaré Chan, un retraité. Il préfère attendre et s’assurer qu’il n’y a pas de regain d’infections après la réouverture des frontières avec la Chine continentale. «Le masque est comme une partie de mon corps», dit-il, «si je dois arrêter de le porter, cela prendra du temps pour que je m’y habitue».