Les trophées du Matin.ch: Super League: les coups de coeur de la rédaction

Le journaliste est humain. Il s’efforce d’être le plus objectif possible lorsqu’il s’agit de raconter l’actualité du football, avec le regard qui est le sien. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir un cœur.

Pour refermer cette série des trophées du Matin.ch, après la révélation, le meilleur entraîneur et le meilleur joueur, il a été demandé à nos spécialistes de mettre à l’honneur leur coup de cœur de la saison. Manière pour la rubrique football de refermer en douceur le livre de la saison 2021-22 de Super League. À l’année prochaine!

À cause d’un dos abîmé qui, selon les médecins consultés à Lausanne, ne lui laissait que peu de chance de poursuivre sa carrière à un haut niveau, le LS l’a laissé tenter sa chance ailleurs, l’été passé. Mal lui en a pris. À Saint-Gall, Schmidt a accompli une deuxième partie de saison exceptionnelle qui a contribué à la renaissance de l’équipe de Peter Zeidler. De plus à un poste de latéral gauche inédit pour lui. Pourvu que ça dure.

L’Ivoirien de 30 ans avait quitté Servette par la petite porte, direction Yverdon puis Winterthur. Il est revenu en Super League par la grande fenêtre, pour devenir une des pierres angulaires du FC Zurich. Le demi défensif est l’homme qui a le plus taclé cette saison dans l’élite (115). Il a même ajouté à sa palette la distribution de 5 passes décisives. Que demander de plus?

À l’échelle de la Suisse, Saint-Gall, vu de ce côté-ci de la Sarine, c’est très loin. Mais ce qui s’y passe ne peut que séduire le visiteur romand. Il y aura certes toujours quelques abrutis pour gâcher la fête - on pense aux insultes racistes ayant visé l’été dernier Timothy Fayulu, le portier du FC Sion. Il n’empêche que le peuple «vert» soutient inconditionnellement son équipe. Songez que 17’121 spectateurs étaient encore présents dimanche dernier pour la réception de Lausanne dans un match de liquidation n’ayant strictement plus aucun enjeu (4-0). À Genève, où les affluences à la Praille ne décollent pas (ndlr: 6902 spectateurs de moyenne), on pourrait en prendre de la graine…

Il faut lui parler pour comprendre le personnage. Un homme droit, honnête, malin. L’homme d’un canton, qui ne veut décevoir personne. Mattia Croci-Torti, c’est le meilleur porte-drapeau d’un Tessin parfois négligé lorsqu’il s’agit de football. Il a redonné un peu de crédit à Lugano, en abandonnant l’approche uniquement défensive. Il a fait confiance à ses meilleurs joueurs, en mettant Lovric et Bottani dans des positions qui leur conviennent. Et puis, il a remporté la Coupe de Suisse, avec la manière. En restant profondément humain, en ont témoigné ses larmes de joie sur le banc, alors que le titre lui tendait les bras. On se réjouit de la suite.

Deux mentions partent immédiatement à Isaac Schmidt et Mohamed Dräger, deux latéraux à avoir illuminé notre printemps. Mais personne dans ce championnat n’a la classe du milieu saint-gallois. Son jeu n’est pas le plus propre du pays, mais de ses pieds jaillissent chaque week-end des œuvres d’art.

L’Ivoirien de Zurich est enfin au sommet cette saison et il le mérite. À 30 ans, il est champion. Il était arrivé en Suisse en 2014. Malgré ses grandes qualités, Servette, après lui avoir refusé un transfert à Sion, l’avait laissé de côté en 2017. Après avoir soigné une blessure, il avait retrouvé de l’emploi à Yverdon, puis à Winterthour. Et enfin à Zurich en 2020. André Breitenreiter lui a fait une confiance totale cette saison, que le brillant Doumbia lui a rendue sur le terrain.