Marché du travail: aux Etats-Unis, les salaires les plus bas grimpent, les inégalités restent

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Marché du travailAux États-Unis, les salaires les plus bas grimpent, les inégalités restent

La pénurie de main-d’œuvre a poussé les entreprises américaines à relever leurs rémunérations minimums. Malgré ces hausses, les employés les plus mal payés sont loin du revenu médian.

À l’été 2021, confrontée une pénurie de main-d’œuvre, la chaîne de restauration rapide Chipotle avait franchi le cap des 15 dollars de l’heure. Le 26 mai dernier, ses employés faisaient grève à New York pour réclamer un salaire horaire minimum de 20 dollars.

À l’été 2021, confrontée une pénurie de main-d’œuvre, la chaîne de restauration rapide Chipotle avait franchi le cap des 15 dollars de l’heure. Le 26 mai dernier, ses employés faisaient grève à New York pour réclamer un salaire horaire minimum de 20 dollars.

AFP

Des employés de fast-food qui manifestent à Manhattan pour exiger un salaire de 20 dollars de l’heure: la revendication impensable avant la pandémie est désormais décomplexée. La pénurie de main-d’œuvre, liée aux contaminations par le Covid, aux problèmes de garde d’enfants et au ras-le-bol des employés sous-payés, a poussé les entreprises à garantir une rémunération minimum bonifiée, assortie d’avantages tels qu’une assurance santé améliorée et des primes.

Apple a ainsi annoncé un salaire horaire minimum de 22 dollars. Le géant de la tech assure être le leader du secteur en matière de taux horaire minimum et se targue d’avoir élargi «une gamme solide d’avantages sociaux» pour ses employés à temps plein comme à temps partiel. En augmentant les salaires, il peut espérer, comme Amazon, décourager les velléités syndicales. Le passage à 22 dollars représente une hausse de 45% par rapport au niveau minimum de 2018, précise le groupe.

Le salaire fédéral minimum est toujours à 7,25 $ l’heure

À l’été 2021, confrontées à de graves pénuries de main-d’œuvre, de nombreuses entreprises dont Amazon, Target ou Chipotle avaient franchi le cap des 15 dollars de l’heure, soit plus du double du salaire fédéral minimum (7,25 dollars) qui, lui, n’a pas changé depuis 2009. Cette semaine, Bank of America a annoncé, comme Apple, une rémunération minimale de 22 dollars qu’elle portera à 25 dollars d’ici 2025.

Aux États-Unis, les hausses de salaires les plus fortes ont été accordées aux employés les moins bien lotis qui n’ont pas hésité à manifester pour obtenir ces améliorations. Toutes les strates de revenus ont augmenté mais ce sont les tranches les plus basses qui ont enregistré des gains suffisants pour compenser l’inflation, observe Mahir Rasheed, économiste chez Oxford economics. En d’autres termes, «même avec des revenus plus élevés, la plupart des consommateurs voient leurs salaires baisser en termes réels», dit-il.

Les effets de la pandémie s’estompent

En outre, si ces augmentations semblent significatives notamment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, cela reste inférieur sur l’année au salaire médian. «Les augmentations paraissent énormes, car certains salaires sont passés de 7 à 10 dollars, de 10 à 12 dollars, de 12 à 15 et même de 15 à 20», explique Gregory Daco, chef économiste chez Ernst & Young Parthenon. Pourtant, «15 dollars de l’heure, c’est 30’000 dollars par an, soit bien moins que les 50’000 à 60’0000 dollars pour le salaire médian», détaille-t-il.

De plus, cet effet de rattrapage pourrait s’avérer ponctuel. «Malheureusement, je ne m’attends pas à ce que ces gains soient durables à long terme parce que nous n’avons pas vu d’augmentation du salaire minimum fédéral», renchérit Elise Gould, économiste à l’Institut de politique économique, un centre de réflexion américain. Dans une étude publiée le mois dernier, elle notait que le salaire moyen avait augmenté de 4,4% la première année de la pandémie aux États-Unis mais chuté de 1,7% la deuxième année. «Même avec une croissance plus rapide des salaires parmi les travailleurs les moins bien rémunérés au cours de la dernière année, les niveaux de salaire restent très inégaux sur le marché du travail américain», avec des disparités selon le sexe mais aussi l’origine ethnique.

(AFP)

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