Grippe aviaireLa France commence à vacciner ses canards
Face à la répétition des crises de grippe aviaire, le pays a décidé de rendre obligatoire la vaccination préventive dans les élevages de plus de 250 canards à partir du 1er octobre.
Seule en Europe, la France commence lundi à vacciner des canetons contre la grippe aviaire. Son espoir est d’éviter un nouveau «raz de marée» de cette maladie virale, qui a conduit à l’euthanasie de dizaines de millions de volailles ces dernières années. «On a déjà reçu des vaccins dans nos cabinets. On pourra vacciner dès lundi», a déclaré le vétérinaire Jocelyn Marguerie. «La pression du virus reste forte mais la vaccination devrait permettre de rester sur des cas ponctuels et d’éviter le raz de marée» dans les élevages, ajoute le président de la commission aviaire de l’association de vétérinaires SNGTV.
Face à la répétition des crises d’influenza aviaire, communément appelée grippe aviaire, la France a décidé de rendre obligatoire la vaccination préventive dans les élevages de plus de 250 canards (hors reproducteurs) à partir du 1er octobre. Ces palmipèdes sont ciblés car très sensibles au virus. Ils l’excrètent dans l’environnement avant même de présenter des symptômes, ce qui favorise la propagation.
Les mammifères aussi
La grippe aviaire a touché la France de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Le virus, qui arrivait auparavant dans le sillage des oiseaux migrateurs, est devenu endémique en Europe, décimant les colonies d’oiseaux marins et perturbant la production locale d’œufs et de viande de volaille. Les mammifères peuvent aussi être infectés: des cas ont été recensés dans 26 fermes d’animaux élevés pour la fourrure en Finlande.
Aucun foyer n’a été recensé dans les élevages français depuis juillet. Quand un cas se déclare, les volailles sont abattues, des euthanasies préventives sont décidées dans les élevages à proximité, la production est durablement perturbée et les pertes économiques s’accumulent. C’est ce cycle que le gouvernement espère enrayer avec le vaccin.
Marchés méfiants
La profession a estimé à une soixantaine de millions le nombre de canards à vacciner d’ici l’été 2024, à raison de deux doses par palmipède. Quatre-vingts millions de doses ont été commandées au laboratoire Boehringer Ingelheim. Un nouvel appel d’offres devra être lancé. La première dose est injectée chez des canetons de 10 jours. Les premiers vaccinés seront pleinement immunisés en décembre, sachant que l’épizootie est susceptible de frapper avant.
«Il aurait fallu vacciner dès juin» pour se prémunir au maximum, observe une éleveuse du sud-ouest. Favorable au vaccin, elle préfère rester anonyme car des clients «appellent pour dire qu’ils ne veulent pas de canard vacciné». Thierry Dezès va vacciner ses 5000 canetons à partir du 5 octobre. «J’ai été concernée quatre fois par des abattages depuis 2016. J’espère qu’on va retrouver quelque chose d’indemne. Il faut que ça marche!»
Les professionnels de la volaille surveillent la réaction des marchés à l’export, souvent méfiants à l’égard d’un pays qui vaccine au motif que le virus pourrait continuer à circuler à bas bruit. Un responsable du ministère japonais de l’Agriculture a indiqué à l’AFP que Tokyo suspendrait les importations des produits avicoles français quand la vaccination débutera.