FootballNewcastle, animateur No 1 du mercato hivernal
Grâce aux centaines de millions mis à disposition par leur nouveau propriétaire saoudien, les Magpies vont frapper fort en janvier.
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Fabian Schär (au centre) aura sans doute pas mal de nouveaux coéquipiers en 2022.
Action Images via ReutersSelon tous les experts, il ne faut pas s’attendre à des mouvements d’envergure lors du prochain mercato hivernal qui commencera entre le 1er et le 3 janvier pour se conclure le 31. La faute bien sûr à la pandémie et aux gros problèmes de trésorerie qui plombent les envies d’améliorer la qualité des contingents de la grande majorité des clubs.
Pour bien comprendre les difficultés actuelles qui touchent même les plus grands, le PSG - pourtant plus que jamais désireux de remporter la première Ligue des champions de son histoire - se doit de vendre pour une centaine de millions d’euros avant d’envisager renforcer le groupe de Mauricio Pochettino. Quant au Real Madrid, muet depuis bientôt deux ans, il a certes accumulé de belles réserves mais le club le plus prestigieux de la planète attend patiemment l’été pour frapper quelques coups retentissants (Mbappé, Haaland?). Reste le cas du FC Barcelone. Perclus de dettes, le club catalan a pourtant tiré en premier en recrutant cette semaine l’international espagnol Ferran Torres à Manchester City pour 55 millions d’euros.
En danger de relégation
Dans ce contexte morose, il reste toujours les clubs anglais et leurs droits TV exorbitants pour animer le marché et renflouer les caisses de leurs homologues continentaux. Avec, cette fois, Newcastle et son nouveau propriétaire comme principal animateur. Officiellement acquis - pour environ 350 millions - en octobre dernier par le Fond public d’investissement d’Arabie saoudite (PIF), géré par le Prince Mohammed bin Salman, les Magpies se doivent de sortir très vite leur chéquier s’ils ne veulent pas se retrouver à l’étage inférieur la saison prochaine. Actuelle 19e au classement de Premier League, l’équipe de Fabian Schär ne compte «que» deux points de retard sur Watford, 17e et premier non relégable. Mais avec deux matches de moins à jouer. Sans être aussi dramatique à mi-parcours qu’une entame de saison pitoyable aurait pu le laisser craindre, la situation de Newcastle n’en reste pas moins délicate.
«Newcastle a une enveloppe de près de 300 millions pour agir sur le marché»
Désormais coachés par le jeune et très prometteur Eddie Howe (44 ans), les Magpies doivent se renforcer de façon intelligente pour assurer le maintien et bâtir les fondations d’une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs le plus rapidement possible.
Pour cela, Mohammed bin Salman ne lésine pas sur les moyens. Selon l’ancien international anglais Joe Cole, actuel entraîneur des jeunes à Chelsea, «Newcastle a une enveloppe de près de 300 millions pour agir sur le marché». Un montant astronomique qui ne concerne bien entendu pas seulement le mercato de janvier mais qui laisse une belle marge de manœuvre à la direction sportive des Magpies qui est provisoirement sous la responsabilité de Nick Hammond, un ancien du Celtic Glasgow.
«Il faudra cinq ou six joueurs pour avoir une chance de se maintenir, affirme même Alan Shearer, une ex-icône du club. Moi, je commencerais par changer toute la défense et le gardien. Newcastle est en grande difficulté à ces postes.» Newcastle a tout de même quelques belles certitudes sur lesquelles il peut s’appuyer. Comme l’Argentin Almiron et surtout l’artiste français Allan Saint-Maximin. Auteur de quatre buts et de trois passes décisives, l’ancien joueur, entre autres, de Nice, Monaco et Saint-Etienne atteint enfin, à 24 ans, le haut niveau qui lui était promis.
Comme on peut s’en douter, depuis l’arrivée des Saoudiens et de leurs deniers, une bonne quarantaine de joueurs ont été associés ces dernières semaines, avec plus ou moins d’insistance, à Newcastle. Des bruits qui sont pour la plupart infondés mais attisent la curiosité de supporters qui espèrent enfin voir leur club à nouveau jouer un rôle en vue en Angleterre puis en Europe. Pour trouver trace d’un succès des Magpies - dont le dernier des quatre titres de champion d’Angleterre remonte à 1927 - il faut en effet revenir 45 ans en arrière et à une victoire en Coupe de la Ligue.
Quelques belles années
Entre 1995 et 2004, Newcastle avait pourtant déjà mis les moyens pour renouer avec le succès. Sous la houlette de Kevin Keegan, Kenny Dalglish, de Ruud Gullit puis de Bobby Robson, il ne réussissait pas à faire mieux que vice-champion d’Angleterre (1996 et 1997), finaliste de la Cup (1998 et 1999) et demi-finaliste de la Coupe de l’UEFA (2004). La suite est beaucoup moins glorieuse puisque le club est contraint à quelques aller-retours entre la Premier League et la Championship. Jusqu’en 2017, date où les Magpies retrouvent une élite dans laquelle ils ne brillent que par un anonymat duquel ils espèrent enfin sortir.
Everton, le mauvais exemple
Mais l’argent n’est pas forcément synonyme de succès. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que l’actuel propriétaire d’Everton, Farhad Moshiri, un milliardaire irano-britannique, a investi pas moins de 500 millions en cinq ans. Pour le modeste résultat que l’on connaît puisque les Toffees se retrouvent eux aussi en danger de relégation.
Il faudra donc aussi faire preuve de beaucoup de savoir-faire, de patience et de force de persuasion aux dirigeants de Newcastle pour attirer chez eux ces bons joueurs qui pourront peu à peu amener le club vers ces sommets qu’il souhaite rejoindre. Car aujourd’hui, on les voit mal séduire le gratin du football mondial dans une équipe engagée dans une âpre lutte pour le maintien sans la moindre perspective européenne à court voire moyen terme. Ce mercato hivernal devrait au moins permettre aux Magpies d’atteindre un peu plus facilement que prévu le seul objectif actuellement à leur portée. Mais encore faudra-t-il bien choisir les quelques renforts qui lui seront nécessaires. Plus simple à dire qu’à faire.