«Barbie», le film qui voudrait que tout le monde l’aime

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Critique«Barbie», le film qui voudrait que tout le monde l’aime

Quelques gags, un soupçon de parodie, un brin de méchanceté mais surtout un discours qui fait passer Mattel pour le bienfaiteur de l’humanité. Le film sort ce mercredi dans les salles romandes.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

Avant de découvrir «Barbie», dès aujourd’hui dans les salles romandes, on s’était préparé à divers scénarios. Le premier étant que le film, inspiré par les poupées Mattel bien connues, puisse être un navet abyssal. Un divertissement totalement premier degré conçu paresseusement pour renforcer les stéréotypes et glorifier la marque. Le deuxième étant que le long métrage allait habiller Barbie pour l’hiver en étant caustique, méchant voire impitoyable. Irréaliste sachant que la Warner Bros et Mattel marchent la main dans la main pour produire un divertissement qui ne saurait nuire à leurs intérêts respectifs bien compris. La dernière hypothèse est que le film tente de ménager la chèvre et le chou en voulant séduire ceux qui aiment Barbie, ceux qui la détestent et ceux qui n’en ont rien à battre. Et c’est exactement ce que nous avons ressenti.

Un univers et ses clichés

«Barbie» la bande-annonce.

Warner Bros. Pictures

Après une introduction amusante, qui parodie la séquence des singes de «2001, l’Odyssée de l’espace», tout commence à «Barbie Land», le pays imaginaire dans lequel Margot Robbie est la plus plantureuse de toutes les Barbie. Tout est rose, tout le monde est joli gentil et se fait coucou avec la main. Barbie fait semblant de se doucher, de boire et de manger, va à la plage, rencontre Ken (Ryan Gossling) et ses clones et termine sa journée parfaite avec une soirée pyjama entre filles. Ici les gags verbaux et visuels s’enchaînent. On sent immédiatement qu’il s’agira de se moquer gentiment de l’univers et de ses clichés mais en insistant lourdement sur le seul aspect qui compte: le monde de Barbie est, au fond et depuis la nuit des temps, intensément féministe. Un jour, un accident fait que Barbie va décider de se rendre dans le monde réel. Ken, décide de l’accompagner, mais frustré par le manque de sentiments de la belle à son égard, il va être tenté de restaurer au pays une société patriarcale.

Au terme de presque deux heures de séquences joliment photographiées, on concède s’être amusé modérément à la faveur d’un bon mot, d’une allusion parodique ou d’un gag visuel. Mais on s’est surtout agacé d’un bavardage pseudo-progressiste insistant qui semble persuadé qu’un brin d’humour facile résout tous les paradoxes. Empêtrée dans une mise en scène qui se caractérise surtout par sa mollesse, la réalisatrice (actrice également) Greta Gerwig va même jusqu’à noyer quelques séquences avec de longs monologues affligeants qui font déraper son «Barbie» vers la démonstration pontifiante.

Filles et garçons, soyez sympas

En résumé, «Barbie» sert une soupe fade, tente de rallier les rieurs (le film y parvient parfois si l’on se réfère aux éclats parfois tonitruants entendus en salle). Pour notre part, on n’y a vu qu’un discours maladroit sur la gentillesse nécessaire entre filles et garçons. Côté distribution, si Margot Robbie démontre l’utilité d’avoir déjà pu se frotter à l’exercice de l’autodérision (en incarnant Harley Queen, la copine du Joker), Ryan Gossling campe un Ken dont tous les gags semblent avoir été pensés autour de ses pectoraux. La première fois, c’est assez drôle.

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