FootballAlphonso Davies, la vie solitaire d’un footballeur
L’attaquant canadien du Bayern Munich a évoqué sa solitude à plusieurs reprises. Son parcours, composé de grands déménagements vers l’inconnu, l’a contraint à gracieusement accepter ce paramètre.
- par
- Rebecca Garcia
Né dans un camp de réfugiés au Ghana, Alphonso Davies vient d’une famille ayant fui la guerre civile au Liberia. Son père ne voulait pas de cette vie. «C’était dur à vivre parce que la seule manière de survivre est de porter des armes», a affirmé Debeah Davies à Chris Mayer-Lodge, qui a retracé le parcours du joueur pour le site de la Bundesliga.
Il a donc fallu se déplacer encore, et c’est au Canada que la famille a posé ses valises. Alphonso avait alors 5 ans et était vu comme un gamin souriant et très bon en football. «Les garçons de l’équipe me faisaient sentir à la maison», a souri le joueur pendant son discours au Congrès de la FIFA, en 2018.
Bon au football, il l’est resté. L’attaquant a gravi les échelons jusqu’à atteindre la Major Soccer League au Canada. Il s’y est assez fait remarquer pour être recruté par le Bayern Munich, qui a déboursé une somme record à l’époque pour un joueur du championnat nord-américain.
Seul et en équipe
À seulement 22 ans, Alphonso Davies compte déjà 102 apparitions en Bundesliga avec le maillot du Bayern. Un maillon fort d’une formation forte. De quoi vivre une belle vie et toucher un bon salaire, mais le rapide attaquant a beau apprécier son statut et sa position, il demeure lucide sur sa solitude. «Après l’entraînement, il n’y a rien à faire. Je n’ai pas de famille ici, ma copine ne vit pas avec moi. Je suis tout seul, donc pour moi c’est sûr que c’est un peu ennuyeux», a-t-il raconté sur la plateforme Twitch il y a quelques mois, avant de se qualifier de «perdant populaire».
Il a partagé un bout de chemin avec la footballeuse Jordyn Huitema, mais les deux Canadiens s’étaient séparés par la suite, en bons termes et en demandant aux personnes de respecter leur vie privée.
Interrogé récemment par le média CBC News, le Canadien a maintenu ses propos sur sa vie autour du football. «Je joue au sport que j’aime chaque jour, a-t-il lancé en préambule. Mais quand je rentre à la maison après l’entraînement, il n’y a que moi. Beaucoup de joueurs ont une famille, des enfants, une femme. Ils ont du monde autour.» Il compte quelques amis, certes, mais il ne les voit pas très souvent. Pas fâché ni déçu, il le voit comme un des aspects de son travail.
D’autant plus qu’il conserve des liens forts avec sa famille. Dans l’interview avec CBC News, il explique que ses parents l’appellent tous les jours. «Ils me disent à quel point ils sont fiers de moi, à quel point c’est beau à voir. Parce qu’ils ont tellement sacrifié pour qu’on ait une meilleure vie. J’ai envie de leur rendre la pareille. C’est pourquoi chaque jour je me lève pour jouer ce sport que j’aime et donner le meilleur de moi-même.»