Diablo IV: on y a mis un doigt, tout le corps y est passé

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Jeu vidéoDiablo IV: on y a mis un doigt, tout le corps y est passé

Ouverture quasi sans anicroche du massif jeu service d’Activision-Blizzard. Au premier stade de sa vie, le divertissement en donne pour son argent.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

Sorti vendredi dernier (2 juin) pour ceux qui ont choisi de payer le jeu au prix fort et lundi (6 juin) pour les autres, «Diablo IV» a effectué un démarrage canon sur PC (via le client Battle.net) et sur consoles PS5 et Xbox Series, selon Activision-Blizzard qui s’est déjà fendu mardi d’un communiqué de presse triomphant. L’éditeur affirme ainsi que le jeu a déjà brisé quelques records, en particulier celui du jeu le mieux prévendu de toute l’histoire des jeux vidéo Blizzard Entertainment. Et puis «au cours des quatre jours qui ont suivi le lancement de l’accès anticipé, Diablo IV a été joué pendant 93 millions d’heures (…)», ajoute-t-il. On relève que le choix de ces données est étrange, peu propice à la comparaison et n’a pas grand sens. Mais bon, Blizzard est content, il fallait qu’il le dise.

D’autant plus qu’il y a 11 ans, lorsque Diablo III avait été lancé, le même éditeur ne pouvait être que morose tant le jeu avait connu un lancement chaotique marqué par des bugs et pannes de serveurs. Ce n’est qu’après, au gré de correctifs et améliorations, que les choses se sont arrangées.

Un contexte compliqué

Cette fois, malgré un contexte économique compliqué (la procédure de rachat d’Activision Blizzard par Microsoft enlisée), malgré divers scandales qui ont ébranlé l’éditeur et ses studios allant jusqu’à éclabousser Robert – «Bobby» – Kotick le très controversé big boss de la compagnie, malgré le lancement en 2022 de Diablo Immortal, un épisode conçu pour être pratiqué surtout sur mobile et décrié pour avoir à ses débuts adopté les techniques les plus perverses en matière de microtransactions, bref, malgré un contexte qui a durablement terni la réputation de Blizzard, «Diablo IV» reçoit bien plus de caresses que de coups de bâtons. Le monde afflue, les serveurs tiennent (le plus souvent, couac signalé le jeudi 8), le lancement se donne des airs de triomphe. 

Et nous dans tout ça? On s’est aventuré dans Sanctuaire (tel est le nom du territoire infesté qu’on écume) dès le jour de l’accès anticipé. Depuis, le sorcier que nous avons choisi (parmi 5 propositions) découpe, électrocute, broie, brûle, gèle, concasse, étripe, soufflette, écrase et éradique les hordes de démons qui s’abattent par vagues sur le mage urbain et sophistiqué que nous aurions souhaité être. Notre but? Faire comprendre subtilement (on frappe d’abord et on discute ensuite) à Lilith – une démone à cornes – que son retour doit être aussi bref que possible. Il faut accomplir les quêtes principales pour espérer toucher au but.

Tant de choses à faire

Mais il y a tant de choses à faire dans Sanctuaire. Des territoires à explorer, des caves, des grottes, des donjons à visiter, des villes où converser, commercer, dépenser. Et puis, surtout, il faut veiller à notre forme, à nos talents, à notre équipement. Il faut s’équiper de pouvoirs et d’armes. Il faut sélectionner dans un arbre de compétences celles qui conviennent le mieux à notre style de jeu. Il faut acheter, vendre, recycler, faire de la place. C’est du boulot.

On grimpe les niveaux (nos ennemis aussi car ils s’adaptent automatiquement). Les premières marches ressemblent à une promenade de santé puis les choses se compliquent. À un moment ou un autre, il y a toujours des hordes puis un boss pour nous ramener à la modestie. On meurt. On ressuscite. On doit choisir si on insiste, si on persiste dans l’erreur ou si on part sur une mission secondaire pour se refaire le moral et une santé. Un jour, lointain, on aura tout écumé, affronté un dernier péril et terminé la trame narrative principale. On soupçonne un dénouement amer, le Sanctuaire est trop corrompu pour que la lumière divine puisse s’imposer.

Un autre jeu après le jeu

Mais on sait aussi qu’il y a un autre jeu une fois le générique de fin passé. Dans le jeu service qu’est devenu Diablo, il y a ce qu’on appelle un endgame. Des activités déjà conçues qui se débloquent à un certain point à quoi d’autres s’ajoutent tant que le jeu est entretenu. Diablo IV nous donne le vertige, on n’en voit pas le bout. On va poursuivre, mais à pas comptés et tant que le plaisir d’explorer reste entretenu.

Diablo IV est un jeu impressionnant. Bien que, le médiéval fantastico-religieux à l’américaine ne soit pas a priori notre tasse de thé, on admire la beauté des graphismes, l’excellence de l’habillage sonore et musical et le soin porté aux détails. On apprécie aussi cette ambiance de douce désespérance propre à la franchise et que l’on retrouve ici sous ses plus beaux atours. De plus, on doit bien constater que les développeurs du jeu ont pris soin de tisser une trame narrative un peu plus digne d’intérêt que de coutume. Mais ne nous leurrons pas, si les Diablo restent aussi redoutablement efficaces dans leur capacité de retenir l’attention, c’est par le réglage fin de mécaniques de gameplay bien plus que par l’ambition de construire une histoire un tant soit peu correcte.

En constante évolution

En permanence connecté à des serveurs, ce qui permet de battre la campagne en coopération en ligne quand cela vous chante, Diablo IV va évoluer. Ce qui est dit ici au mois de juin 2023 n’est donc qu’un instantané du divertissement au tout premier stade de sa vie. Pour l’instant, donc, Diablo IV en donne clairement pour son argent, ce qui était loin d’être une évidence. La campagne est dense, le endgame est déjà fourni et les participants ne sont pas trop poussés vers les microtransactions. Mais avec l’arrivée prochaine de «saisons» et de «Battle Pass», les sollicitations risquent d’aller crescendo. Ainsi va le jeu vidéo en 2023.

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