FootballLausanne-Sport, promu et libéré d’un poids colossal
Jusque tout au bout, le doute aura accompagné le LS sur la route de la Super League. Après avoir rendu visite une dernière fois à ses démons samedi, il accueille avec bonheur un peu de légèreté.
- par
- Florian Vaney
Le train partira dans cinq minutes. Direction la Super League, en passant par Aarau. Aux portes de la gare de Lausanne, ils sont des centaines de fans du LS à river leurs yeux sur le kapo. «Tout le monde: deux petites minutes d’attention. On a beaucoup de chance qu’un train spécial soit mis à notre disposition. Si on veut pouvoir encore en profiter à l’avenir, pour aller à Genève ou à Sion, il faut qu’on se comporte parfaitement aujourd’hui. Alors s’il vous plaît: on ne casse rien, on ne saccage rien et on se tient bien. C’est important! 30 francs pour un aller-retour à Aarau, c’est pas grand-chose…» L’avenir dira si les recommandations ont été respectées. Par contre, le retour des derbies face à Servette, aucun doute: les supporters vaudois y auront droit.
Une fois tout ce monde acheminé dans un Brügglifeld où le Lausanne-Sport a arraché le point qui le séparait de l’élite, il manquait une bonne poignée d’âmes pour remplir le parcage visiteur. Les vestiges d’une saison cabossée sans doute. Mais comme à Bienne en 2011, comme à Aarau (déjà!) en 2016 – la promotion de 2020 repose sur un dénouement aux circonstances différentes, avec une limite fixée à 300 spectateurs à Nyon lors d’une victoire face à Stade Lausanne -, les présents ont ajouté une marque bleue et blanche indélébile à leur esprit. Forgée dans la souffrance, la patience et l’abnégation.
95 minutes pour revisiter une saison
Pour boucler la boucle, pour exorciser une saison sous haute tension, il fallait que le LS rencontre une dernière fois un à un ses démons. Alors il s’est offert deux buts d’avance en tout juste un quart d’heure, exactement comme il s’était attaché les faveurs des pronostics avant le lancement de la saison. Malgré la prudence de ses discours. Deux buts, comme un matelas presque confortable sur l’adversité. Presque.
Les défaillances attendaient là, prêtes à intervenir, tout enclines à gâcher la fête. D’abord des occasions ratées à la pelle, puis Thomas Castella qui pose un genou à terre. Des vertiges le gênaient, après le choc subi il y a deux semaines face à Xamax. Et si le gardien lausannois s’était montré trop fier pour laisser sa place à la demi-heure? Et si son malaise avait offert un but à l’adversaire? Le LS serait-il en barrage à l’heure qu’il est? «Sortir du terrain, c’était le choix de la raison, pas celui du cœur», promettait le principal concerné. À la fin d’une semaine si haute en émotion, entre la naissance de son deuxième enfant et la promotion de l’équipe dont il a porté le maillot à 229 reprises.
Son avance, Lausanne l’a abandonnée. De la même façon qu’il s’est peu à peu délesté de son costume de favori entre juillet et mai. Dans leur parcage, les fans réclamaient une fin en beauté. Le dénouement serait beau, oui. Parce que ce LS, qui avait fait de la situation après la 36e journée sa seule préoccupation, a rempli sa mission, est allé victorieusement au bout de son idée. Mais non, les minutes qui ont précédé la délivrance n’avaient rien d’esthétiquement belles. Elles se voulaient d’une fidélité sans faille à ce qu’a traversé le club de la Tuilière ces derniers mois. Crispantes en l’attente d’un moment de bonheur intense qui menace de s’effacer à tout moment.
Alors lorsque s’est présenté le corner argovien de l’ultime seconde de jeu, le Lausanne-Sport et ses suiveurs n’avaient rien à quoi se raccrocher. Leur promotion était-elle si évidente que rien ne pouvait arriver à cet instant? Ou leur chemin de galères ne pouvait-il les mener qu’en direction d’un nouvel échec, d’un but déchirant, d’un barrage incertain? Jusqu’au bout, le doute aura accompagné le LS. Samedi soir/dimanche matin, après un grand moment de communion à la Tuilière avec ses supporters, il s’est réveillé libéré d’un poids colossal.