FootballMatteo Tosetti: «Didier Tholot a su créer une vraie équipe»
Capitaine d’un fringuant Bellinzone que Sion affronte ce dimanche, le Tessinois évoque le début de saison réussi des visiteurs. Il revient aussi sur les deux saisons pénibles qu’il a vécues à Tourbillon.
- par
- Nicolas Jacquier
Le visiteur valaisan, qui possède l’occasion rêvée de s’installer seul en tête du classement après la lourde défaite de Thoune à Aarau vendredi soir, sera sur ses gardes ce dimanche au Tessin. Invaincu depuis cinq matches en championnat (3 victoires, 2 nuls), Bellinzone n’a plus rien à voir avec la formation que Sion avait péniblement battu lors du match aller à Tourbillon (1-0). «L’équipe s’est totalement relancée, assure Matteo Tosetti. On se trouve dans une excellente dynamique. Lorsque l’on encaisse moins de buts, ce qui est le cas, il devient tout de suite plus facile d’engranger des points…»
L’arrivée d’un staff 100% espagnol, emmené par Manuel Benavente, n’est pas étrangère à ce spectaculaire redressement. «Ce que l’on vit, je n’avais encore jamais eu l’occasion de le vivre au quotidien. Tout est nouveau au niveau de l’approche comme de la philosophie à l’entraînement. Pour un ancien comme moi (ndlr: 31 ans), c’est aussi une manière de se renouveler!»
Le coup de gueule du capitaine
Jouant pleinement son rôle de capitaine, Tosetti n’avait pas hésité non plus à hausser le ton devant ses coéquipiers au sortir de l’été. «Quand je donne tout, reprend-il, il m’apparaît normal que les plus jeunes en fassent pareil. Mon intervention n’avait pas d’autre objectif que de les réveiller. Par rapport à l’attitude du groupe, ça n’allait pas.» Un coup de gueule salutaire qui devait néanmoins lui coûter une brève suspension interne, son intervention n’ayant pas été du goût de Sandro Chieffo avant la mise à pied définitive de celui-ci.
Mardi pour le compte de la Coupe, Bellinzone avait failli créer la surprise, poussant le FC Zurich aux prolongations (défaite 0-1). «C’est notre semaine de Super League!, s’exclame son capitaine. On a d’abord eu droit à Zurich. Là, on va se confronter à Sion, une équipe déjà prête à remonter. Pour nous, ce sera un test très intéressant.»
Le milieu tessinois admet sans ambages être surpris par le parcours valaisan réalisé jusqu’ici. «Je ne m’attendais pas à ça, que cela tourne aussi bien aussi vite pour eux. Pour une équipe reléguée, ce n’est pas évident de s’imposer comme le fait Sion. En peu de temps, Tholot a su créer une vraie équipe.»
Ils n’ont pas fait la paire
Pour Matteo Tosetti, les retrouvailles avec ses amis du Vieux-Pays s’annoncent forcément spéciales, chargées en émotions. «C’est toujours particulier d’affronter son ancien club.» Pour celui qui avait été honoré du titre de meilleur passeur de Super League en 2020 sous le maillot du FC Thoune, son passage à Tourbillon s’était soldé par un échec.
«Cela reste une grosse déception. Au niveau foot, ce n’était pas extraordinaire. J’avais signé à Sion le même jour que Guillaume (ndlr: Hoarau). Mais on n’a presque jamais joué ensemble alors que l’on devait faire la paire.»
Pourquoi rien n’avait-il alors vraiment fonctionné durant ses deux saisons maudites pour lui? «Je n’ai jamais réussi à le savoir. Les qualités étaient là mais on n’est jamais parvenu à les exprimer sur le terrain. Même en changeant les choses ou les coaches, rien ne changeait fondamentalement. Le football, ça va vite des deux côtés. J’ai vécu le mauvais sens avec Sion.»
La famille a adoré le Valais
En juillet 2022, Tosetti avait d’ailleurs préféré abréger l’expérience (il avait initialement signé pour trois ans). «Je ne pouvais pas m’attendre à autre chose. Ça fait partie du foot. Si tu n’es pas performant, ça se dégrade rapidement. La fin n’était pas top, j’ai préféré partir.» Si le papa a pu souffrir de sa condition de footballeur à Tourbillon, le reste de la famille avait apprécié l’environnement. «Pour ma famille, confirme Matteo, c’était le paradis. Ma fille aînée me parle sans cesse de Saxon, elle veut revenir en Valais. Et mon deuxième enfant est valaisan puisque il est né quand on habitait là-bas.»
En s’engageant avec Bellinzone, l’ancien milieu offensif du FC Sion (53 matches, 3 buts et 8 passes décisives) s’est aussi associé à un projet visant à refaire du club du chef-lieu tessinois un pôle d’attraction. «Je voulais créer quelque chose de bien ici. Tout prend certes plus de temps que prévu mais je peux dire que nous sommes maintenant sur la bonne voie. Le club est déjà mieux structuré qu’à mon arrivée…» Cela n’a pas empêché Bellinzone de multiplier les changements de banc depuis l’été 2022, avec un défilé de… huit entraîneurs!
Reconversion en vue
Songeant à sa reconversion, Tosetti a entamé et même bien avancé son cursus d’entraîneur - il possède déjà le diplôme UEFA B. «À Bellinzone, j’entraîne les petits afin de m’aguerrir à transmettre ce que j’ai reçu. L’idée, c’est de commencer ensuite par la formation afin de confronter ma vision du jeu à la réalité.»
Cet après-midi (coup d’envoi 14 h 15), ce Bellinzone-Sion, peut-être plus équilibré que prévu à la lecture du classement, pourrait s’avérer haut en couleur. «Ce match doit permettre de mieux nous situer encore», convient le No 11 du Stadio comunale. Comme on l’invite en rigolant de s’abstenir de marquer trois buts tout à l’heure, l’ex-Sédunois se marre à son tour: «Non, je vais en planter quatre!»