Combats en Afghanistan - Le président tente de remobiliser les opposants aux talibans

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Combats en AfghanistanLe président tente de remobiliser les opposants aux talibans

Alors que les insurgés contrôlent désormais plus d’un quart des capitales provinciales, Ashraf Ghani s’est rendu mercredi dans une grande ville du nord du pays pour coordonner la riposte.

Ashraf Ghani au palais présidentiel de Kaboul, le 4 août 2021.

Ashraf Ghani au palais présidentiel de Kaboul, le 4 août 2021.

AFP/SAJJAD HUSSAIN

Le président afghan, Ashraf Ghani, a fait mercredi une visite éclair à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l’Afghanistan assiégée par les talibans, pour tenter de coordonner la riposte face aux insurgés qui contrôlent désormais plus d’un quart des capitales provinciales du pays.

Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le chef de l’État: il a peu après appris que des «centaines» de membres des forces de sécurité, qui s’étaient retirés près de l’aéroport de Kunduz (nord-est) après la chute ce week-end de la ville, s’étaient rendus aux talibans.

«Ce matin, des centaines de soldats, policiers et membres des forces de résistance (miliciens) qui étaient postés à l’aéroport se sont rendus aux talibans avec tout leur équipement», a déclaré Amruddin Wali, conseiller de la province de Kunduz.

«La plupart des soldats qui étaient postés dans l’aéroport se rendent. Parce que les talibans nous encerclaient, ils nous tiraient des obus dessus. Il n’y avait aucun moyen de répliquer», a confirmé à l’AFP un soldat présent sur place, qui a requis l’anonymat.

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Une nouvelle capitale de province, Faizabad (nord-est), était auparavant tombée aux mains des talibans, qui en contrôlent désormais neuf sur 34, dont sept situées dans le nord au pays, une région qui leur avait pourtant toujours résisté.

Mardi, les insurgés avaient saisi Farah, dans l’ouest, et Pul-e-Khumri, dans le nord, à 200 km de Kaboul. Depuis vendredi, ils ont enchaîné les succès: Zaranj (sud-ouest), Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rachid Dostom, et surtout Kunduz, leur plus importante prise jusqu’ici, ainsi que trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.

La situation devenant critique dans le nord du pays, où les forces de sécurité paraissent complètement démoralisées, le président Ghani a passé mercredi quelques heures à Mazar-i-Sharif, vers laquelle les talibans tournent désormais toute leur attention. Il s’est entretenu avec Mohammad Atta Noor, l’ex-gouverneur de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale, homme fort depuis longtemps du nord, qui a promis de résister «jusqu’à la dernière goutte de sang», ainsi qu’avec Abdul Rachid Dostom, son ancien vice-président.

«Lors de la rencontre, tout en étudiant la situation générale dans le nord, les discussions ont porté sur la coordination, la dotation en équipement et la mobilisation des forces de résistance, sous l’égide des forces de sécurité et de défense», a indiqué sur Twitter Latif Mahmood, le porte-parole du président.

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Des officiels ont précisé mercredi soir que le chef des forces armées avait été remplacé par le général Hibatullah Alizia et que le général Sami Sadat avait été nommé à la tête des Forces spéciales.

«Les Afghans doivent se battre»

Après être arrivé dans la nuit à Mazar-i-Sharif à la tête d’un large contingent d’hommes armés, le maréchal Dostom, puissant dirigeant d’ethnie ouzbèke, a lancé un avertissement aux talibans. Ils «n’apprennent jamais du passé. Ils sont venus plusieurs fois dans le nord et y ont toujours été piégés. Ce n’est pas facile pour eux d’en sortir», a déclaré à la presse locale celui qui a été accusé d’avoir tué par asphyxie 2000 talibans enfermés dans des conteneurs en 2001.

Les insurgés, qui convergent de plusieurs directions vers Mazar-i-Sharif, ont attaqué mardi des quartiers à la périphérie immédiate de la ville mais ont été repoussés, selon un journaliste de l’AFP sur place. La perte de Mazar-i-Sharif serait catastrophique pour le gouvernement, qui n’aurait plus aucun contrôle sur toute la moitié nord du pays. Cela permettrait aussi aux talibans de reporter leurs efforts sur d’autres régions et peut-être même sur la capitale Kaboul.

Mazar-i-Sharif a été le lieu de quelques-uns des plus violents affrontements avec les talibans dans les années 1990. Ceux-ci ont été accusés par Human Rights Watch d’y avoir massacré au moins 2000 personnes en 1998, en majorité des Hazaras chiites, après avoir pris la ville.

De violents combats ont aussi éclaté mercredi près du centre-ville de Kandahar, la deuxième plus grande ville du pays, encerclée depuis plusieurs semaines, selon un correspondant de l’AFP. Les talibans ont annoncé dans la soirée sur Twitter avoir pris la prison de la ville pour en libérer «des centaines de prisonniers», comme ils le font chaque fois qu’ils s’emparent d’une ville.

Les insurgés ont lancé leur offensive en mai, au début du retrait final des troupes américaines et étrangères, mais leur avancée s’est accélérée ces derniers jours avec la prise de plusieurs centres urbains. Les Nations unies ont affirmé mercredi avoir observé «un énorme pic» dans le nombre de déplacés internes en raison du conflit, avec 390’000 depuis le début de l’année. Le départ des forces internationales doit être achevé d’ici le 31 août, vingt ans après leur intervention dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Washington agacé

Washington cache de moins en moins son agacement face à la faiblesse de l’armée de Kaboul, que les Américains forment, financent et équipent depuis des années.

Une réunion internationale avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations unies et de l’Union européenne a eu lieu mardi à Doha. L’émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devait y exhorter les talibans «à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique».

Le département d’État a annoncé mercredi que Khalilzad rencontrerait séparément le gouvernement afghan et les négociateurs talibans pour travailler sur un accord permettant de «former un gouvernement afghan inclusif». «Ce n’est que par la diplomatie que l’on peut obtenir les résultats justes et durables que nous recherchons», a affirmé à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est quant à lui dit prêt mercredi à rencontrer le chef des talibans pour tenter de rétablir la paix. La Turquie possédait des forces en Afghanistan dans le cadre de la mission de l’Otan, et a proposé d’assurer la sécurité de l’aéroport de Kaboul après le départ des forces américaines d’ici à la fin du mois.

Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s’est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l’accord conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères. Mais les discussions sont au point mort.

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