FranceRéfugié Afghan tué à Colmar: le tireur présumé interpellé à Sarcelles
La police a arrêté mardi à Sarcelles un jeune homme suspecté d’avoir tué par balle, la semaine dernière à Colmar, un réfugié afghan. Il a été placé en garde à vue.
Après plus d’une semaine de cavale, un jeune homme de 17 ans, suspecté d’avoir tué par balle un réfugié afghan de dix ans son aîné à Colmar (Haut-Rhin), a été interpellé mardi à Sarcelles (Val d’Oise). L’interpellation a eu lieu vers 13 h 30 et «la personne a été placée en garde à vue», a indiqué la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, dans un communiqué, sans préciser s’il s’agissait bien du tireur présumé comme l’ont affirmé à l’AFP plusieurs sources proches de l’enquête.
Selon l’une d’elles, la personne interpellée, placée en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre, est âgée de 17 ans, alors qu’un complice, tout juste majeur, est toujours recherché. «Les investigations se poursuivent», a simplement indiqué pour sa part la procureure de Colmar.
Complice arrêté
Selon les «Dernières Nouvelles d’Alsace» (DNA), le suspect interpellé, qui résidait dans un quartier situé à l’ouest de Colmar, a été condamné à six reprises pour des affaires de vol, de recel, de dégradation de biens publics et de stupéfiants. Sa dernière condamnation, pour trafic de stupéfiants, à quatorze mois de prison, dont neuf ferme, remontait à septembre 2021, ont précisé les DNA.
Un complice présumé a également été interpellé dans la nuit de lundi à mardi dans ce même quartier. «Trois autres personnes, dont le second jeune activement recherché, ont été interpellées cette nuit vers 1 heure du matin, dans le quartier Europe de Colmar», a déclaré la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, dans un communiqué.
Tour de 15 étages
Mardi soir, des policiers du Raid et de la BRI, lourdement armés et épaulés par leurs collègues de Colmar et des CRS ont investi et bouclé hermétiquement une tour de 15 étages, située à 500 mètres des lieux de l’assassinat, sous les yeux de quelque 200 badauds et habitants de l’immeuble. Peu avant minuit, la police a autorisé les habitants de la tour maintenus à l’extérieur à regagner leurs logements.
Le 14 août, la victime de l’assassinat était de passage à Colmar pour retrouver des amis dans le quartier Europe, quartier dit de Reconquête républicaine (QRR) situé également à l’ouest de cette ville touristique. Le jeune homme, réfugié en France depuis 2017, a été tué d’une balle dans le thorax.
Importuné par les bruits d’un scooter, Abdul Quayyeem Ahmadzai avait demandé au conducteur de s’éloigner. Ce dernier l’avait alors insulté, avant de revenir «avec plusieurs individus», avait détaillé, après l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour assassinat, Catherine Sorita-Minard.
Une rixe avait éclaté entre les deux groupes et, «alors qu’une partie des protagonistes se dispersait, un coup de feu était tiré par un individu, selon les témoins entendus dans le cadre de l’enquête, en direction de la victime», selon la magistrate. Le jeune Afghan est décédé des suites de ses blessures à l’hôpital dans la nuit. L’autopsie a confirmé qu’il avait été atteint d’une seule balle.
«Justice pour Abdul»
Le tireur présumé et son complice étaient depuis en fuite, au grand désespoir des proches de la victime, dont le cercueil devait être rapatrié ce mardi vers l’Afghanistan. «On remercie les policiers d’avoir attrapé la personne, c’est une bonne nouvelle», a réagi auprès de l’AFP Sardarwali Tarakhin, ami de la victime, visiblement soulagé comme d’autres proches par la nouvelle de cette arrestation.
Lundi, environ 200 personnes s’étaient réunies autour de son cercueil pour une cérémonie funéraire à la Grande Mosquée de Strasbourg. Ses proches, agacés que les coupables soient alors toujours en fuite, avaient réclamé «la justice pour Abdul». Employé dans une usine automobile à Mulhouse, Abdul Quayyeem Ahmadzai laisse une femme et quatre jeunes enfants restés en Afghanistan, selon ses amis.
Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est félicité de l’arrestation du tireur présumé. «La police gagne toujours à la fin. Merci aux enquêteurs pour leur travail acharné», a-t-il écrit. Peu après l’assassinat, le ministre avait dépêché à Colmar la CRS 8. Cette unité mobile de maintien de l’ordre susceptible d’intervenir dans de très brefs délais sur tout le territoire a multiplié les contrôles pendant quelques jours.