PékinLa Chine s’attaque aux vidéos «deepfake»
Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur mardi en Chine pour encadrer ces trucages numériques hyperréalistes.
La Chine s’attaque au «deepfake». Le pays s’est doté mardi d’une nouvelle réglementation pour encadrer ces manipulations numériques de plus en plus réalistes qui présentent un défi en matière de lutte contre la désinformation. Un hypertrucage permet notamment de remplacer dans une vidéo un visage par celui d’un autre ou de falsifier les propos d’une personnalité avec un réalisme déconcertant. Cette technique, qui repose sur l’intelligence artificielle, est très en vogue sur les réseaux sociaux, où détournements et créations humoristiques pullulent.
L’hypertrucage a «également été utilisé par des personnes sans scrupule […] pour diffuser des informations illégales […] diffamer et salir la réputation d’autrui, et usurper l’identité afin de commettre des fraudes», souligne l’Administration chinoise du cyberespace. L’hypertrucage présente un «danger pour la sécurité nationale et la stabilité sociale» s’il n’est pas encadré, estimait le mois dernier le gendarme de l’internet.
Identité et mention requises
La réglementation impose désormais aux entreprises proposant des services d’hypertrucage en Chine d’obtenir l’identité réelle de leurs utilisateurs. Le texte rend par ailleurs obligatoire l’apposition d’une mention sur les hypertrucages, afin d’éviter «toute confusion» pour le public.
La Chine est à la pointe en matière de réglementation des nouvelles technologies, perçues pour certaines comme une menace potentielle à la stabilité ou au pouvoir du Parti communiste. Plusieurs géants chinois du numérique avaient été contraints l’an dernier à remettre aux autorités des détails sur leurs algorithmes, une démarche sans précédent dans un contexte alors de reprise en main du secteur par Pékin.
Au cœur de l’économie numérique, les algorithmes servent de cerveau à nombre d’applications et services sur internet et sont généralement un secret bien gardé des géants du numérique. Inquiètes de cette opacité, les autorités ont cherché à davantage encadrer les algorithmes. Depuis 2020, le pouvoir se montre d’une manière générale intransigeant vis-à-vis des puissantes entreprises du numérique. Plusieurs poids lourds, dont le champion du commerce en ligne Alibaba et le numéro un du VTC en Chine, Didi, ont ainsi été épinglés en matière de données personnelles, de concurrence et de droits des utilisateurs.