France voisineLe survivant du lac de Chalain a pu parler: la conductrice n’est pas fautive
Les quatre lycéens du Jura français, tombés dans les eaux glaciales avec leur voiture, sont morts noyés en quelques minutes. Le cinquième est un miraculé.
- par
- Evelyne Emeri
Retrouvé en état d’hypothermie, mais surtout très choqué, le rescapé de 15 ans a pu être entendu par les enquêteurs le 29 janvier. «Un témoignage déterminant», nous indiquait le procureur Lionel Pascal au lendemain de cette tragédie qui a coûté la vie à quatre jeunes, âgés de 15 à 19 ans. Les cinq amis avaient décidé de profiter de leur après-midi de libre. Pas d’école, pas de sports. Et ont ainsi grimpé à bord de la voiture de la seule majeure de 19 ans et seule titulaire du permis de conduire. Le miraculé, le cinquième, a raconté les circonstances de cet après-midi maudit, ainsi que le communique ce jour le Parquet de Lons-le-Saunier (F).
Changement d’itinéraire
«Selon les premiers éléments, aucune faute de conduite n’est imputable à la conductrice dans l’accident ayant entraîné le décès de 4 personnes dans le lac de Chalain», clarifie le magistrat. Le survivant a confirmé que c’était bien la jeune majeure de 19 ans qui était au volant du véhicule. En outre, il a précisé que le groupe d’amis avait projeté de se rendre au bord du lac de Chalain à un endroit bien connu de la conductrice pour y passer un peu de temps. Une barrière interdisant l’accès à l’endroit où ils avaient prévu d’aller, ils avaient alors décidé d’aller au domaine de Chalain (ndlr. zone touristique et de loisirs ouverte à la belle saison). Un secteur où ils ne s’étaient jamais rendus ensemble auparavant.
Vitesse adaptée
Le témoin affirme que «la conductrice roulait à une vitesse adaptée – l’exploitation d’une vidéo filmant la route en amont renforce cette thèse –, mais que dans une légère courbe à droite le véhicule était allé tout droit. Malgré les tentatives de la jeune femme pour rectifier la trajectoire, le véhicule avait quitté la route et ensuite versé dans la pente puis fait des tonneaux avant d’entrer dans l’eau à l’envers». Le verglas ne leur a laissé aucune chance. Le tronçon sur lequel a eu lieu cette sortie de route fatale était «une vraie patinoire, une plaque de verre», nous avait confié le procureur Lionel Pascal, bouleversé par ces quatre jeunes vies fauchées. Au même titre que tous les élèves du Lycée Paul-Emile Victor de Champagnole, les clubs de sport où évoluaient ces cinq jeunes et toute la communauté de cette région du Jura.
Sorti par une vitre brisée
Sarah, Natacha, Nathan et Noé sont restés prisonniers des tôles et des eaux glaciales du lac de Chalain. Le mineur de 15 ans a miraculeusement pu se détacher et s’extraire de l’habitacle partiellement immergé par une vitre brisée: «Il se trouvait alors à un endroit où il n’avait pas pied, il a nagé sur environ un mètre pour rejoindre la berge. Il est ensuite remonté sur le chemin conduisant à la route et a arrêté un véhicule conduit par une femme», poursuit le procureur Lionel Pascal. C’est cette dernière qui a alerté les secours et est redescendue avec lui sur les lieux de l’accident pour guider les secours. Les gendarmes étaient arrivés quasi simultanément sur place de même que les pompiers.
Pas de produits stupéfiants
Les médecins légistes ont procédé à des examens externes et utilisé l’imagerie médicale pour parvenir à leurs conclusions. Le représentant du ministère public avait demandé qu’il ne soit procédé à aucune autopsie, à moins d’un doute, afin de préserver au mieux les familles des défunts. «Les quatre victimes sont décédées de noyades intervenues très rapidement pour trois d'entre elles. Un des mineurs avait survécu jusqu’à l’arrivée des gendarmes. Il a succombé à la conjugaison de l’hypothermie et de la noyade avant l’arrivée des pompiers», ajoute le parquet. Les analyses toxicologiques établissent, quant à elle, que la conductrice n’avait consommé aucun produit susceptible d’affecter sa vigilance ou ses capacités à la conduite.