Parlement françaisFrançois Fillon récuse toute «ingérence» russe devant les députés
L’ancien Premier ministre avait notamment rejoint en décembre 2021 le conseil d’administration de Sibur, contrôlé en partie par un oligarque russe et un proche de Vladimir Poutine.
«Pas d’ingérences» russes ni «un centime d’argent» reçu, et une carrière dans le privé qui «ne regarde que» lui: l’ancien Premier ministre François Fillon a été auditionné mardi à l’Assemblée sur ses liens avec Moscou et sa présence passée au sein de conseils d’administration de multinationales russes.
«Ingérences»
L’ex-candidat de droite à la présidentielle de 2017 s’est présenté devant la commission d’enquête initiée par le Rassemblement national (RN) et consacrée aux «ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères». François Fillon a d’abord évoqué ses «36 ans de vie publique», comme député, ministre ou chef du gouvernement de 2007 à 2012. «Des ingérences étrangères, oui, j’en ai rencontré, la plupart du temps, elles venaient d’un pays ami et allié qui s’appelait les Etats-Unis. J’ai été écouté avec le président Sarkozy pendant cinq ans par la NSA», l’Agence de sécurité nationale américaine, a-t-il affirmé. «Je n’ai pas été concerné directement par des ingérences russes», ajoute-t-il.
François Fillon a ensuite évoqué sa reconversion dans le privé et sa présence un temps au sein du conseil d’administration des entreprises russes Sibur (pétrochimie) et Zarubezhneft (hydrocarbures), avant qu’il ne démissionne après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. L’ex chef de gouvernement a insisté sur le caractère privé de ses activités: «je mène ma carrière professionnelle comme je l’entends, si j’ai envie de vendre des rillettes sur la place Rouge, je vendrai des rillettes sur la place Rouge». «Tout ça s’est passé à la fin de l’année 2021. J’ai assisté à un conseil de la société Zarubezhneft» et à un «conseil en visioconférence pour cause de Covid de la société Sibur» avant «ma démission», «dès l’invasion de l’Ukraine», a-t-il déclaré. «Je n’ai jamais touché un centime d’argent venu de Russie dans toute ma vie politique et privée», a-t-il assuré, même si «j’aurais naturellement été rémunéré» si «j’avais continué» à siéger dans ces deux conseils d’administration.
Soupçons de corruption
François Fillon a aussi été interrogé sur l’entreprise française Cifal opérant en Russie et visée par une enquête préliminaire du parquet national financier pour des soupçons de corruption d’agent public étranger. Selon une source proche du dossier, Cifal a été missionnée par la société congolaise Orion -dirigée par Lucien Ebata, conseiller spécial du président du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso- pour trouver en Russie un investisseur auquel vendre ses parts dans le gisement pétrolier MBK au Congo.
Dans cette optique, le dirigeant de Cifal Gilles Rémy a fait appel à François Fillon pour qu’il le mette en relation avec un homme d’affaires russe. Dans ce contrat, François Fillon a été rémunéré en qualité d’apporteur d’affaires. Aucun soupçon de corruption ne pèse actuellement sur lui, avait précisé cette source proche du dossier. «Je ne suis pas concerné par les enquêtes en cours, j’ai travaillé pour une entreprise qui elle est concernée par une enquête», a souligné François Fillon, qui a un «très grand respect pour Cifal et son dirigeant».
«Le Pen au Kremlin»
La commission d’enquête sur les ingérences étrangères a été lancée par le RN pour tenter de couper court aux accusations faisant du parti d’extrême droite un agent de l’influence russe en France. Jean-Philippe Tanguy (RN) en est le président et la députée Renaissance et ex-LR Constance Le Grip, rapporteure. Pour Constance Le Grip, «le point le plus saillant» de cette commission, «ça reste la stratégie d’influence et d’interférence entre la Russie et le FN devenu RN, avec le rendez-vous de Marine Le Pen au Kremlin», avant la présidentielle de 2017.