FootballLa belle réponse du coach «maudit» David Wagner
Les Young Boys avaient démarré gentiment leur saison. Mais leur coach a su les faire monter en puissance pour le moment adéquat. Il peut ainsi oublier ses récents déboires.
- par
- Robin Carrel Berne
«C'est unique pour notre club. Tous mes joueurs ont apporté leur pierre à l'édifice pour cette victoire. Chacun a joué à son meilleur niveau.» L'entraîneur américano-allemand des champions de Suisse a logiquement fait l'éloge de sa troupe, mardi soir, après la victoire face à Manchester United (2-1), qui lance parfaitement les siens dans leur poule de Champions League. Et c'est aussi une petite revanche pour un homme qui restait sur deux échecs en tant que coach.
En octobre 2017, David Wagner présidait alors aux destinées d'Huddersfield Town, en Premier League. Il avait emmené les Terriers dans l’élite et, néo-promus, à une victoire 2-1 contre les Red Devils, grâce à des buts d'Aaron Moy (28e) et de Laurent Depoitre (33e). C'était quand tout rigolait. Mais un peu plus d'un an après, il quittait le club par la petite porte et celui-ci allait connaître la relégation avec seulement 16 points au compteur.
Lors de l'intersaison suivante, le natif de Francfort s'engage avec Schalke 04. Il y vivra un calvaire quasi intégral, qui se soldera par une série hallucinante de 18 matches consécutifs sans victoire pour la formation de Gelsenkirchen. Il est finalement viré en septembre 2020, mais le club ne s'en remettra pas et coulera lors de cet exercice en 2e Bundesliga. Un camouflet pour une des puissances du foot allemand.
L'ancien international américain (8 sélections) a fait trembler les fans des Young Boys à leur tour depuis le mois de juillet. Les Bernois, qui restent sur quatre titre consécutifs, ont en effet laissé filé sept points lors des cinq premières journées de Super League. Une rareté. Mais la trêve internationale est passée par-là et, depuis, on a enfin vu le vrai visage des joueurs de la capitale. Zurich s'est fait fesser ce week-end 4-0 et Manchester United a fini par passer à la lessiveuse mardi.
Fassnacht: «Une partie dont on se souviendra»
Christian Fassnacht se rappellera toute sa vie de son 200e match sous les couleurs d’YB. L’international suisse a été élu homme du match et raté deux immenses occasions en première période. Pas de quoi le faire redescendre de son nuage en conférence de presse: «C’est beau pour moi de battre Manchester United lors de ce premier match de la saison de Champions League. C’est une partie dont on se souviendra. Quelles émotions de marquer comme ça le but de la victoire à la 95e minute… Les fans ont juste été supers. Ça faisait longtemps qu’on n’avait plus connu de rencontre à guichets fermés avec le Covid… Nos supporters nous ont poussés énormément en 2e mi-temps, et marquer devant eux, comme ça, ça donne une énergie folle. Je ne sais pas encore à quel niveau classer ce match. Il va sans doute falloir attendre 2 ou 3 jours. Il y a 3 ans, battre la Juventus (ndlr: sur le même score de 2-1), c’était beau aussi! Mais on avait alors mal débuté dans la phase de poule.»
«C'est un soir fantastique, a apprécié le coach en conférence de presse. Déjà, à 11 contre 11, les jeunes ont bien joué. Mais Manchester a montré toute la classe qu'il peut avoir en ayant très peu d'occasions et on s'est retrouvé à courir après le score. On a bien réagi ensuite et on a été bons avec un homme de plus sur le pré, ce qui n'est pas toujours le cas après une expulsion. On a mis de l'intensité, de l'envie, du caractère, et appliqué les consignes à la lettre.»
YB semble monter en pression au bon moment et ça réjouit son coach: «Exact. On a appliqué ce qu'on a travaillé ensemble depuis le début de la saison. Mais ce soir, il ne convient pas d'évoquer mon cas personnel ou de ressasser ce que j'avais pu faire contre Manchester il y a 3 ou 4 ans. Car c'est une soirée spéciale pour tout un club que de battre un tel géant du football. C'est extraordinaire. Je suis heureux pour tous ceux qui supportent cette équipe, pour le comité directeur et les fans. On voulait se battre pour chaque centimètre de terrain et c'est ce qu'on a fait.»
Les médias anglais ont bien tenté de le relancer sur un éventuel penalty sur Cristiano Ronaldo ou de chercher une petite bête quelque part, mais David Wagner n'est pas tombé dans le piège. Après près de 4 ans de l'autre côté de la Manche, on ne la lui fait pas. Tout juste a-t-il estimé qu'il n'avait «pas fait attention au remplacement de Cristiano Ronaldo» et qu'il était concentré «sur son équipe et ce qu'il avait à faire». Et au vu de son coaching gagnant, il l'a parfaitement réalisé. Son équipe monte en puissance et c'est bien là ce qui lui importe.