Trail runningLes conditions sont au beau fixe pour souffrir sur l’UTMB
Les organisateurs des courses de l’Ultra Trail du Mont-Blanc ont demandé aux participants de se munir du kit mauvais temps sur plusieurs parcours. Celui de 171 km y échappe.
- par
- Rebecca Garcia
Comme si les courses n’étaient pas assez difficiles, voici qu’un paramètre en plus provoquait des abandons en début de semaine. Les organisateurs des courses de l’Ultra Trail du Mont-Blanc ont demandé aux participants de la MCC (Martigny-Combe-Chamonix) ou de la TDS (Sur les Traces des Ducs de Savoie) de se munir du kit mauvais temps. Il comprend notamment un bonnet, des habits longs ou encore une seconde couche supplémentaire.
«Je vais mettre mes petits gants dans mon sac, alors», rigole Jean-Philippe Tschumi, un Suisse qui figure parmi les favoris pour un top 10 – et encore mieux peut-être. Quand bien même l’UTMB échappe à ces mesures, la perspective de connaître des conditions compliquées n’effraie pas le Vaudois. Il serait plutôt prompt à s’en réjouir. «Cela permet une autre gestion vestimentaire et alimentaire», explique-t-il.
Exploser en vol
Certains athlètes vivent mal ces conditions extrêmes. «Beaucoup de coureurs ne mettent pas ces vêtements supplémentaires. Ils sont en short et en liquette, et cela se passe mal», poursuit Jean-Philippe Tschumi, conscient de l’énergie que perd le corps à tenter de se réchauffer. Une fois que le froid est là, c’est trop tard. Lui a vu passablement d’Américains en souffrir au moment d’aborder l’ascension en débardeur.
En montagne, les températures sont plus fraîches qu’en plaine. Et les coureurs sortent de plusieurs semaines de canicule. «La décision d’exiger le kit grand froid a été facile à prendre», affirme un porte-parole de l’UTMB. S’il admet que l’organisation se fait souvent railler pour la longue liste de matériel exigé, la volonté est de ne prendre aucun risque inconsidéré. «Le but est toujours de répondre aux mauvais scénarios.» Le risque d’hypothermie était trop élevé avec le matériel de base. Le kilo de matériel que rajoute le kit grand froid pèse sur le dos. Mais il se révèle très utile au moment où les conditions météorologiques tournent.
«Lors du dernier UTMB auquel j’ai participé, en 2016, la liste du matériel de base était déjà impressionnante», note Guy Ravet. Lui était parvenu à terminer la course en 46 heures et 28 minutes. La limite de temps se situe actuellement à 46 heures et 30 minutes. Le Suisse, qui s’est depuis rabattu sur de plus petites distances, s’est tout juste inscrit parmi les finishers. 42% des coureurs avaient jeté l’éponge durant l’épreuve. «Plutôt que du froid, nous avions démarré sous la canicule», précise encore le sportif.
Il ne se remémore exactement des conditions météorologiques lors de la course, mais un détail lui revient au passage: il avait été arrêté lors d’un ravitaillement. «Je me souviens que nous avions été bloqués dans un grand ravitaillement dans la nuit, car il y avait un orage. Cela a bien duré 20 à 30 minutes», raconte-t-il.
Ni trop chaud, ni trop froid
Le ciel s’annonce clément pour celles et ceux qui prendront le départ de l’UTMB, ce vendredi à 18 heures. Les prévisions météorologiques tablent sur un temps plutôt sec ainsi que sur des températures normales plutôt qu’extrêmes.
Les quelque 2800 coureurs en lice peuvent s’en réjouir, même s’ils ne vont pas passer des moments très agréables pour autant sur les 171 kilomètres de course et ses 9963 mètres de dénivelé positif. Les plus rapides pourraient, comme l’an dernier, boucler le parcours en moins de 20 heures. Les finishers, eux, disposent de 46 heures et 30 minutes.