Ski de fond«Dario laissera un héritage certain au ski de fond suisse et mondial»
Les Vaudois Laurence Rochat, Daniel Hediger et son fils Jovian réagissent à l’annonce de la retraite de leur locomotive, le Grison Dario Cologna.
- par
- Renaud Tschoumy
Cette fois, c’est fini. Le Grison Dario Cologna (35 ans), qui annonce au compteur quatre médailles d’or olympiques, trois médailles mondiales et huit victoires finales en Coupe du monde, a annoncé ce matin par le biais de Swiss Ski qu’il se retirerait au terme de la saison qui s’annonce. Il aura régné sur le ski de fond mondial pendant près de quinze ans, depuis ses débuts en Coupe du monde en 2006 jusqu’à cette année olympique, au cours de laquelle il espère briller à Pékin lors des JO.
Alors forcément, il aura été un exemple pour pas mal de fondeurs, à commencer par le Vaudois Daniel Hediger (63 ans), ancien membre de l’équipe nationale et consultant de référence pour la RTS depuis plusieurs saisons. «Dario a amené le ski de fond suisse à une hauteur incroyable, réagit-il. Avant lui, les fondeurs suisses se déplaçaient dans les grandes compétitions pour participer, selon l’expression consacrée. Mais avec Dario, on a commencé à se dire qu’on pouvait gagner des médailles.» Ce qui fut fait, et bien fait.
Et, quant à la décision du Grison de se retirer: «On peut admettre qu’il y ait une certaine usure de son côté. Il a dû voir, comme tout le monde, que ses résultats n’étaient plus les mêmes qu’auparavant, même s’il a bien tenu le coup par rapport à ses anciens adversaires qu’étaient le Norvégien Petter Northug et le Russe Alexander Legkov. Et puis, cette annonce répond à une certaine logique olympique: n’oublions pas qu’il y aura les JO de Pékin en février prochain! Dario étant un gagneur dans l’âme, je me dis qu’il a pris sa décision en toute connaissance de cause, avec dans un coin de sa tête l’idée de frapper un dernier grand coup.»
La Vaudoise de la Vallée de Joux Laurence Rochat, aujourd’hui 42 ans et médaillée de bronze lors du relais 4 x 5 km des Jeux de Salt Lake City en 2002, a bien connu Dario Cologna. «Et je n’ai qu’un mot à lui adresser: merci! Merci de ce qu’il a fait pour le ski de fond suisse, merci à lui d’avoir montré à toute l’Europe, et même au monde entier, qu’un Suisse pouvait rivaliser avec un Norvégien ou un Suédois. Et surtout, merci de nous avoir fait vibrer aussi longtemps.»
Elle poursuit: «Dario, c’est un monument. Il s’est construit une carrière phénoménale. Il a gagné sur toutes les distances, que ce soit en court ou en long, et dans tous les styles, en libre comme en classique. C’est juste incroyable. Je suis assez proche de lui, et j’ai tendance à me prendre un peu comme sa grande sœur. On échange souvent ensemble, on a encore des contacts téléphoniques assez régulièrement. C’est un grand Monsieur du ski de fond, mais pour moi, c’est surtout un ami. Un athlète n’est jamais éternel, mais il peut laisser des traces. Dario, lui, laissera un héritage certain au ski de fond suisse et mondial.»
Et, à propos des Jeux de Pékin: «Le connaissant, il va se focaliser à 100% sur ces JO, lance Laurence Rochat. Après, il faudra voir le contexte, selon la situation sanitaire. Mais, même s’il ne devait pas réussir un coup d’éclat à Pékin, ça ne tachera pas sa carrière. Il laissera le souvenir d’un Européen du centre qui aura su se faire une place fantastique au sein de l’élite nordique du ski de fond.»
Jovian Hediger: «Ça va me faire drôle d’arrêter en même temps que lui»
Le skieur de fond vaudois Jovian Hediger (31 ans en décembre prochain) arrêtera aussi au terme de la saison qui s’annonce. Il ne peut s’empêcher d’y voir un signe du destin, mais aussi des promesses pour l’avenir: «C’est vrai, je vais arrêter en même temps que Dario et ça va me faire drôle. Mais, grâce à lui, le ski de fond suisse a de belles années devant lui. Il ne faut pas oublier que Dario a été le meilleur fondeur du monde, et que pendant ses 4-5-6 fantastiques années, il n’y avait que lui et Petter Northug pour se disputer la victoire.»
Et, de manière plus générale: «Dario a été un vrai fer de lance pour le ski de fond suisse, il lui a permis d’évoluer de manière fulgurante. En fait, il a donné du poids à la Suisse sur l’échiquier du ski nordique mondial. Au moment où il a remporté ses plus grands titres, j’étais déjà en équipe nationale juniors, et il va de soi qu’un fondeur de sa classe ne pouvait que m’inspirer. Alors c’est sûr que le circuit sans lui, ce ne sera plus tout à fait la même chose…» / RTY