IndonésieTrois militaires soupçonnés d’avoir torturé à mort un civil
La société indonésienne est sous le choc après une affaire d’extorsion par des soldats, qui s’est terminée par un meurtre brutal.
L’armée indonésienne a annoncé mardi avoir arrêté trois militaires soupçonnés d’avoir enlevé, torturé et tué un civil pour lui extorquer de l’argent, une affaire qui a suscité une vive émotion dans le pays.
Corps retrouvé dans une rivière
La victime a été torturée à mort. Selon les medias, son corps a été retrouvé dans une rivière dans la ville de Karawang, dans la province de Java occidental. Des proches l’ont identifié comme Imam Masykur, 25 ans.
D’après sa famille, des soldats ont tenté de lui extorquer une somme de 50 millions de roupies indonésiennes (3278 dollars) avant de le tuer. «Cette affaire a impliqué trois soldats issus du Régiment de la sécurité présidentielle et de l’armée régulière», a déclaré mardi devant la presse le brigadier-général Hamim Tohari, porte-parole de l’armée. «Ce qui est certain, c’est qu’elle a commencé avec un enlèvement, de l’extorsion (d’argent) et une agression qui s’est avérée mortelle», a-t-il ajouté.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont depuis longtemps dénoncé des abus commis par des militaires à l’encontre des civils et l’incapacité de l’armée à réformer son opaque système judiciaire militaire. L’affaire a choqué le pays et tournait en boucle, mardi, sur les principales chaînes de télévision.
Tribunal pénal réclamé
Selon le porte-parole de l’armée, la police de Jakarta a été informée le 14 août de l’affaire qui a été transmise à la police militaire lorsque les trois soldats sont devenus suspects. En conséquence, ces derniers affronteront un procès devant un tribunal militaire. Selon les ONG de défense des droits de l’homme, le procès devrait se tenir devant un tribunal pénal car la victime était un civil.
«Les membres du personnel de sécurité soupçonnés d’implication dans des actes de torture et autres actes inhumains ne devraient pas seulement affronter des sanctions internes, mais aussi des procédures pénales devant un tribunal public conformément aux principes d’une justice équitable», a déclaré à l’AFP le directeur d’Amnesty International pour l’Indonésie Usman Hamid. Selon les ONG, les tribunaux militaires, dont les audiences se tiennent à huis clos, ont été utilisés pour mettre les auteurs de violations des droits de l’homme à l’abri de procédures judiciaires transparentes et publiques.