Après Mario Botta, trois Jurassiens refont le mur

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JuraAprès Mario Botta, trois Jurassiens refont le mur

Un nouveau projet sort de terre sur l’ancienne décharge industrielle de la chimie bâloise, où un mur en béton de 200 mètres a été conservé.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

La dépollution d’une ancienne décharge industrielle est terminée à Bonfol (JU). Que faire de cette clairière? La restituer à la nature? C’est l’avis de l’ancien ministre jurassien Pierre Kohler, opposé au maintien d’un mur de 200 mètres, conservé comme mémorial. Mais après l’échec financier d’un projet de l’architecte tessinois Mario Botta, trois jeunes Jurassiens refont le mur.

L’artiste Augustin Rebetez, l’entrepreneur Gauthier Corbat et l’architecte Sylvain Dubail sont des pointures jurassiennes, chacun dans son domaine. Le conseil de la fondation «Mémoire, Art et Forêt-Bonfol» a fait sien le projet de ce «collectif de personnalités», trois fois moins coûteux que les 8,8 millions promis à Mario Botta.

Circuits courts

Soumis au soir du 27 avril 2022 à l’appréciation des citoyens de Bonfol, leur «Refuge» est plus modeste, axé sur les circuits courts, la valorisation du patrimoine local et… le maintien du mur de béton qualifié de «patrimoine historique jurassien», alors que sa fonction était de soutenir les arches de la halle d’excavation.

Comme si le trio Rebetez-Corbat-Dubail ne suffisait pas, le conseiller aux États Charles Juillard pèse de tout son poids politique dans un projet qu’il juge «très porteur pour la région». Cet ancien ministre souligne un «devoir de mémoire», la nécessité en parlant de la décharge de «montrer ce que l’homme faisait de mal sans en avoir conscience», une époque qu’on souhaite révolue.

Attirer du monde

Il s’agit maintenant «d’attirer du monde» en utilisant autant que possible les fonds déjà promis. Les promoteurs ont six mois pour financer leur projet, obtenir l’aval de la population et franchir les obstacles administratifs.

Démolir le mur, serait-ce rayer un pan de mémoire? Les promoteurs du projet en sont persuadés. Pour Gauthier Corbat, ce vestige est même «un symbole de l’émancipation du canton» qu’il s’agit de ne pas pervertir. Ce député entrepreneur dit même que «l’exemplarité de ce site s’inscrit dans l’histoire et l’avenir du canton du Jura».

De la tuile

Il y aurait du bois dans la nouvelle construction et surtout, de la tuile, faite d’une argile employée par la potière et que la chimie bâloise a utilisé sur place pour son étanchéité. Un pan de toit appuyé sur le mur en béton et rythmé pas ses contreforts abriterait du tourisme culturel «dans une terre rare».

Contre un mur jugé «ultra-impressionnant» par l’artiste Augustin Rebetez, façon muraille de Chine ou pyramides d’Égypte, il sera question d’une «tanière magique», d’une «expérience poétique» qui donnerait de l’expression à une masse grise. Il y aurait «des oiseaux, des branchages, des visages». Mais il y a aussi, quoi qu’il arrive, de la forêt à replanter.

Propos des créateurs:

«À l’intérieur se déploie un espace pensé comme un lieu de vie, de rencontres et de rêverie. Des hébergements insolites dont l’attrait va grandissant dans notre région y sont créés, avec au cœur du mur l’aménagement d’une large esplanade à ciel ouvert, là où le béton ouvre d’immenses fenêtres sur la forêt alentour. Il est imaginable que le refuge offre les conditions d’un dialogue entre citoyens, politiques et scientifiques sur le traitement des déchets, ces objets du monde moderne qui nous rappellent l’impact de nos agissements sur le devenir de la planète».

LES ACTEURS DU PROJET (de g. à dr) L’architecte SYLVAIN DUBAIL vit et travaille dans le Jura, une région sur laquelle il porte un regard original et renouvelé. En 2014, le bureau qu’il codirige avec David Begert est distingué par la revue Wallpaper «pour l’audace et la qualité de leur travail». Son projet de cabanes dans les bois en cours de réalisation à Saignelégier témoigne de son engagement en faveur de gestes forts, mais raisonnés. L’artiste AUGUSTIN REBETEZ est polymorphe et défie les catégorisations. Il s’exprime aussi bien en photographie, peinture, sculpture, musique, vidéo, installation ou au théâtre. Son travail a été couronné de nombreux prix prestigieux, tels que le Grand Prix Images Vevey (2014), le Prix suisse d’art (2019) ou le Prix de la Fondation Latour (2020). L’entrepreneur GAUTHIER CORBAT codirige le Groupe Corbat, une entreprise familiale active dans l’industrie du bois depuis près d’un siècle. Gauthier Corbat est titulaire d’un Bachelor en histoire de l’art et de deux Masters en relations internationales. Député, il est à l’initiative de plusieurs projets de développement régional, dans le domaine du sport, de la culture et du commerce local.

LES ACTEURS DU PROJET (de g. à dr) L’architecte SYLVAIN DUBAIL vit et travaille dans le Jura, une région sur laquelle il porte un regard original et renouvelé. En 2014, le bureau qu’il codirige avec David Begert est distingué par la revue Wallpaper «pour l’audace et la qualité de leur travail». Son projet de cabanes dans les bois en cours de réalisation à Saignelégier témoigne de son engagement en faveur de gestes forts, mais raisonnés. L’artiste AUGUSTIN REBETEZ est polymorphe et défie les catégorisations. Il s’exprime aussi bien en photographie, peinture, sculpture, musique, vidéo, installation ou au théâtre. Son travail a été couronné de nombreux prix prestigieux, tels que le Grand Prix Images Vevey (2014), le Prix suisse d’art (2019) ou le Prix de la Fondation Latour (2020). L’entrepreneur GAUTHIER CORBAT codirige le Groupe Corbat, une entreprise familiale active dans l’industrie du bois depuis près d’un siècle. Gauthier Corbat est titulaire d’un Bachelor en histoire de l’art et de deux Masters en relations internationales. Député, il est à l’initiative de plusieurs projets de développement régional, dans le domaine du sport, de la culture et du commerce local.

lematin.ch/Vincent Donzé

«Le Refuge», c’est la création d’un monument jurassien intemporel. C’est la transformation d’une décharge en un lieu symbolique, pur et sublime. C’est «faire avec ce qu’on a», en l’occurrence un mur de 200 mètres de long, et le transformer en quelque chose de beau, d’utile, de pratique et de poétique».

«C’est offrir à la population locale un lieu de paix, un lieu de surprises, un lieu d’ouverture. Mais aussi dynamiser le tourisme d’une région toujours plus visitée. C’est faire quelque chose d’incroyable sur un site qui ne l’a pas toujours été. C’est mettre en valeur la forêt de Bonfol. C’est donner à ce mur horizontal une dimension verticale, hors-norme et majestueuse».

«Il s’agit d’ajouter au mur existant un deuxième pan incliné côté sud, afin de créer un espace intérieur, tout en longueur, de forme triangulaire. Le deuxième pan est en fait un toit, composé d’une charpente solide et d’une couverture en tuiles, à la manière d’une grange».

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