MotocyclismeDucati va-t-il trop loin?
Gigi Dall’Igna, le patron des activités sportives de la marque italienne, est
l’archétype de l’ingénieur exerçant en compétition. Un peu comme feu Colin
Chapman sur quatre roues, il ne se repose jamais.
- par
- Jean-Claude Schertenleib Kuta Mandalika (Indonesia)
Depuis qu’il a pris en charge les activités sportives de Ducati, les choses ne sont plus comme avant: à chaque nouvelle saison, ses «inventions» – aérodynamiques, mais aussi dynamiques – sont nombreuses. Des idées qui deviennent réalités pendant l’hiver et qui obligent le plus souvent ses concurrents à suivre (on ne dira pas copier). La Ducati Desmosedici semble ainsi toujours avoir un coup d’avance... même si elle n’a gagné qu’un seul titre mondial, il y a désormais très longtemps: c’était en 2007, avec l’Australien Casey Stoner.
Ces dernières années, les cerveaux de Borgo Panigale ont amené différents outils qui facilitent notamment le départ – tous les constructeurs l’ont, depuis, adopté. Le système testé cet hiver est un correcteur d’assiette avant, il a été utilisé au Qatar et démonté depuis, Ducati sachant que ce nouveau pas en avant pourrait être interdit règlementairement au plus tard pour 2023.
Remarque de Pit Beirer, le directeur Motorsport chez KTM: «Les pilotes ont déjà onze boutons dans leur cockpit, ça suffit. Chez KTM, nous préférons nous concentrer sur le futur et nous espérons pouvoir, en 2026 déjà, être au départ en utilisant du carburant bio.» Précision: Ducati s’intéresse aussi, comme tous les constructeurs, à demain; ainsi, dès l’an prochain, les machines engagées en Coupe F.I.M. MotoE seront fournies par la marque italienne, des essais ont déjà eu lieu en secret à Misano.
Quartararo: après l’alerte, le soulagement
Les mines étaient basses dans le camp Yamaha il y a deux semaines, à l’arrivée du GP du Qatar: neuvième de cette course d’ouverture, le champion du monde en titre Fabio Quartararo avait fait à peine mieux que son équipier Franco Morbidelli, onzième.
Tous les autres constructeurs plaçaient au moins une de leurs motos (KTM et Aprilia, contre deux Ducati, deux Suzuki et deux Honda) devant la meilleure M1. Changement total de situation en Indonésie: séparés de 30 millièmes, Quartararo et Morbidelli signent le doublé de cette première journée en creusant même un écart intéressant (aujourd’hui, deux dixièmes en MotoGP, c’est beaucoup) par rapport aux premières des autres, les Ducati de Zarco, Martin, Bastianini et Miller.
L’après-midi avait pourtant mal commencé pour Quartararo, qui a connu un souci technique avec sa moto No 1: «Il y a eu un signal d’alarme et le moteur s’est arrêté. Mais bon, alors qu’on parle, je viens d’entendre que mes techniciens avaient remis la machine en marche, ce ne devait pas être trop grave.»
Un revêtement provisoire?
On sait qu’en l’espace d’un mois, après les tests de février, une partie du circuit de Mandalika a reçu une nouvelle surface. Il s’agit très exactement et seulement de 1600 des 4301 mètres de la piste, tout simplement parce que les ressources en spécialistes et en matériel, plus encore le temps à disposition, n’étaient pas suffisant pour imaginer une reconstruction complète.
Ce qui pourrait être réalisé... après le GP: «Deux asphaltes différents, ce n’est jamais la solution», explique ainsi le champion du monde en titre, Fabio Quartararo. «C’est mieux à certains endroits, c’est toujours compliqué à d’autres. Sur l’ensemble, je ne veux pas dire que c’est mieux ou que c’est pire, je dirais plutôt que c’est étrange.»
Marc Márquez à terre
On a bel et bien retrouvé le Marc Márquez d’avant sa série noire, capable de sauver des situations impossibles - plusieurs, ce vendredi -, cherchant toujours la limite... jusqu’à la dépasser. Sa chute du jour est survenue après que l’octuple champion du monde a perdu l’avant de sa moto, un point encore problématique de la Honda millésime 2022, selon Márquez.