Protection des animaux: Peu de compassion à Berne pour les singes qui ramassent les noix de coco

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Protection des animauxPeu de compassion à Berne pour les singes qui ramassent les noix de coco

Le Conseil des États a refusé une motion qui voulait une déclaration sur les produits contenant des noix de coco ramassées dans des conditions cruelles par les singes.

Eric Felley
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Eric Felley
Dans certains pays, les singes sont utilisés comme une main-d’œuvre bon marché pour récolter les noix de coco.

Dans certains pays, les singes sont utilisés comme une main-d’œuvre bon marché pour récolter les noix de coco.

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«Je crois qu’on ne peut pas dire que la cueillette des noix de coco fasse particulièrement partie de nos traditions ou de notre ADN agricole, pas plus d’ailleurs que l’utilisation de singes comme force de travail pour faire la cueillette…» C’est sur le ton de la plaisanterie que le chef du Département de l’intérieur, Alain Berset, s’est exprimé ce jeudi sur une motion écologiste votée par le Conseil national en septembre dernier. Celle-ci demande que le Conseil fédéral introduise une obligation de déclarer la provenance des produits à base de noix de coco lorsque des singes ont participé à leur récolte dans des conditions cruelles.

Avec des colliers en métal

Selon la verte zurichoise Meret Schneider (V/ZH), la récolte des noix de coco en Thaïlande «constitue un problème majeur en matière de protection des animaux. De jeunes singes sont enchaînés, entraînés de force et contraints de les cueillir». Certains producteurs utilisent «des colliers en métal qui les blessent». Les produits dérivés de la noix de coco sont nombreux et en Suisse ils sont proposés «sans que les consommateurs n’aient connaissance de la cruauté infligée aux singes lors de la production». Il existe bien un code qui sert à établir la traçabilité de ces produits, mais la Zurichoise demande de faire mieux. Ces produits doivent faire l’objet d’une déclaration claire pour que les consommateurs soient avertis si des singes ont été maltraités.

Déclaration volontaire

Pour Alain Berset, il s’agit d’une thématique régulièrement traitée au Parlement concernant la déclaration des méthodes de production qui sont interdites en Suisse. «Il faut d’abord une norme claire qui décrit explicitement la méthode décriée, a-t-il argumenté pour appeler à rejeter la motion. Cela n’est pas une évidence absolue dans le cas qui nous occupe. (…) Que faut-il donc faire? Dans un cas comme celui-là, il faut, je crois, privilégier l’information. La déclaration volontaire, dans le cas présent, nous paraît judicieuse. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème à régler à cet endroit, mais il nous semble difficile de le faire dans le cadre de notre législation».

Contrôle trop lourd

La majorité de la commission recommandait aussi le rejet, principalement pour les raisons suivantes: «Il incomberait d’une part aux autorités cantonales de garantir la traçabilité et la vérification et, d’autre part, il faudrait mettre en place un appareil de contrôle très lourd à l’étranger pour déterminer l’origine des noix de coco, dans le cas de produits transformés fabriqués à partir de noix de coco ou contenant des composants de noix de coco».

Le Conseil des États a suivi sa majorité et le Conseil fédéral par 19 voix contre 13 et 1 abstention.

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