Harcèlement scolaireL’arrestation musclée d’un élève en plein cours fait polémique
Soupçonné d’avoir menacé de mort une lycéenne sur Instagram, un collégien de 14 ans a été arrêté par cinq policiers dans sa salle de classe, mardi en France. Certains parents critiquent la méthode.
Un collégien de 14 ans soupçonné de harcèlement envers une lycéenne transgenre de 15 ans a été interpellé en plein cours et placé en garde à vue à Alfortville (région parisienne), ont indiqué le parquet et l’académie de Créteil. Le rectorat de l’académie s’est interrogé sur la méthode employée par les forces de l’ordre. «Nous échangeons avec les autorités concernées pour comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l’interpellation d’un élève en classe», a-t-il indiqué.
Cette interpellation musclée a fait réagir des parents d’élèves, qui désapprouvent la méthode: «Cinq policiers dans une classe, sincèrement c’est choquant. (…) Pour embarquer un gamin de 14 ans, je pense qu’ils auraient pu autrement», a réagi une mère interrogée par BFMTV. «Je trouve particulièrement choquant qu’un enfant dans l’établissement soit interpellé par la police. Peut-être qu’il faudrait trouver d’autres solutions», abonde un père.
«La classe, c’est l’endroit du professeur et des élèves, de la transmission, de l’enseignement, ce n’est pas l’endroit de l’interpellation», a estimé pour sa part un proviseur.
L’affaire a débuté quand les parents d’une lycéenne de 15 ans ont obtenu d’être reçus lundi matin par la proviseure du lycée Maximilien-Perret d’Alfortville, où la victime est scolarisée. Le père de l’élève a ensuite déposé une main courante au commissariat de la ville, affirmant que sa fille avait été visée par des messages homophobes et des menaces de mort sur Instagram, a complété le parquet.
Circonstance aggravante
«On va t’égorger, on va te faire une hitler, on va faire de la propagande avec ta tête, ferme ta gueule si tu ne veux pas être traumatisé, j’ai une haine envers ta race, casse-toi vas mourir, suicide-toi sale PD, travelo (sic)», a notamment écrit l’adolescent, selon la chaîne d’info en continu. Grâce à l’exploitation de captures d’écran, les policiers ont identifié l’auteur de ces messages, un élève du collège Henri-Barbusse d’Alfortville, et sont venus l’interpeller en classe. Une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort a été ouverte mardi matin, a précisé le parquet.
Le fait que ces infractions aient été commises en raison du genre ou de l’orientation sexuelle de la victime a été retenu comme circonstance aggravante, a ajouté cette source. L’académie de Créteil a précisé que la victime, de sexe masculin à l’état civil, était en transition de genre. Sa famille a indiqué au rectorat qu’elle était une jeune fille transgenre. Le collégien, qui a reconnu les faits et exprimé des regrets, a été déféré devant un magistrat du parquet mardi en fin d’après-midi.
Le ministère public lui a alors notifié une mesure éducative, définie par le parquet comme «une activité au profit de la collectivité» qui devra être effectuée dans les prochaines semaines. Ces faits se sont produits après le suicide, à la rentrée, de Nicolas, un adolescent de Poissy qui s’était plaint de harcèlement. Ses parents se sont dits «outrés» du traitement de son cas par les autorités et le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a promis un «électrochoc à tous les niveaux» dans la lutte contre le harcèlement scolaire.