La Chaux-de-Fonds (NE)Le mari jaloux passera 12 ans et 3 mois derrière les barreaux
L’homme qui avait voulu tuer sa femme en mettant fin à ses propres jours aux Roches-de-Moron (NE) a été condamné pour tentative de meurtre.
- par
- Marc Fragnière
Le maçon, qui avait enlevé sa femme et qui s’était précipité dans un ravin en sa compagnie en février 2022, a été reconnu coupable de tentative de meurtre. Le quinquagénaire a également été condamné pour viol et lésions corporelles. Il devra purger 12 ans et 3 mois de prison. La peine a toutefois été assortie d’une mesure thérapeutique institutionnelle. Au terme de sa détention, le ressortissant portugais sera expulsé de Suisse pour une période de dix ans. Il devra en outre supporter les frais de la cause, devisés à 94’900 francs et assumer certains frais d’avocats de ses victimes. Le prévenu et son épouse avaient miraculeusement survécu après avoir dévalé la pente sur 135 m, aux Roches-de-Moron (NE), mais avaient subi de nombreuses blessures.
Alors que les représentants de sa désormais ex-femme et de ses deux fils avaient plaidé pour que la tentative d’assassinat soit retenue, le tribunal a justifié, par la voix de son président Alain Rufener, sa décision: «Il n’y a pas eu de réels préparatifs. Le prévenu a mis sa propre vie en danger et les moyens employés pour parvenir à ses fins, à savoir l’utilisation de la voiture comme arme indirecte plaident en la faveur de la tentative de meurtre.» Le juge n’a toutefois pas mâcher ses mots à l’heure de qualifier la conduite du quinquagénaire: «Sa responsabilité est lourde et le mode d’agir est atroce et aberrant», a-t-il convenu.
Appel probable
Au grand dam de Me Didier De Oliveira, défenseur de l’ex-épouse du prévenu, la cour criminelle de la Chaux-de-Fonds n’a pas suivi le Ministère public qui avait requis une mesure d’internement: «Ma cliente est terrorisée à l’idée que son ex-mari retrouve la liberté. Ce monsieur refuse tout traitement», a soutenu l’avocat, laissant peu de place au doute: «un appel est envisagé». Représentant des deux fils du couple, Me Jean-Marie Röthlisberger ne devrait pas emboîter le pas de son confrère: «La procédure a déjà été très lourde jusqu’ici pour mes mandants, qui ont eu la désillusion de constater que la prison n’avait pas amené leur père à la prise de conscience escomptée. Je ne pense pas que nous ferons appel.»
Le procureur général suppléant Nicolas Aubert qui avait requis 14 ans et 7 mois de prison, ainsi qu’une mesure d’internement à l’encontre du prévenu s’est dit, lui, «pleinement satisfait» du jugement rendu. Quant à la défense, elle «devra évaluer précisément les autres points juridiques (ndlr: le prévenu a été également reconnu coupable de nombreuses infractions moins importantes que la tentative de meurtre) pour juger de la pertinence d’un appel.» Me Baptiste Hurni s’est toutefois dit «satisfait que l’avis de l’expert psychiatre ait été suivi. Il a été reconnu que le prévenu a des chances de se soigner», évitant ainsi la mesure d’internement.
70’000 francs de réparations morales pour l’ex-épouse
Au niveau des conclusions civiles, le tribunal a attribué 4’700 francs de frais ménagés à l’ex-femme ainsi que des réparations morales de 70’000 francs. (50’000.- pour tort moral et 20’000.- pour violences sexuelles). Le fils cadet, qui avait été blessé au couteau par son père, alors qu’il avait voulu empêcher l’enlèvement de sa mère a, lui, obtenu 3’120 francs de frais ménagés et 3’000 francs de tort moral.