Football/hockey sur glace: Être quinqua et pro c’est possible, Jagr et Miura en sont la preuve

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Football/hockey sur glaceÊtre quinqua et pro c’est possible, Jagr et Miura en sont la preuve

Âgés respectivement de 51 et 56 ans, le hockeyeur et le footballeur ne veulent pas arrêter. Mathieu Degrange, préparateur physique, tente d’expliquer cette exceptionnelle longévité.

André Boschetti
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André Boschetti
Kazuyoshi Miura (56 ans), ici sous le maillot de Yokohama FC, est officiellement devenu au printemps dernier le footballeur le plus âgé de l’histoire à avoir évolué en tant que professionnel.

Kazuyoshi Miura (56 ans), ici sous le maillot de Yokohama FC, est officiellement devenu au printemps dernier le footballeur le plus âgé de l’histoire à avoir évolué en tant que professionnel.

AFP

Il y a quelques jours, Jaromir Jagr (51 ans) a annoncé vouloir prolonger, pour une saison supplémentaire au moins, sa carrière professionnelle. Le légendaire hockeyeur aux 1941 matches de NHL a tout gagné mais il continue de défendre, depuis 2017, les couleurs de Kladno, un club de 1re division tchèque dont il est le propriétaire.

L’attaquant à l’indissociable No 68 n’est toutefois pas le seul quinquagénaire à poursuivre son parcours au niveau professionnel. En février dernier, le footballeur japonais Kazuyoshi Miura (56 ans) a paraphé un contrat de 18 mois avec Oliveirense, un club de deuxième division portugaise. Le 15 août prochain, l’ancien attaquant international (89 sélections/55 buts), plébiscité comme meilleur joueur asiatique en 1993, entamera sa 39e saison en tant que professionnel, lui qui avait signé son premier contrat pro en 1986 avec Santos au Brésil, où il côtoyait alors, entre autres, Dunga et… Socrates.

Depuis, Kazu Miura a connu dix-sept clubs différents et six pays - dont l’Italie et la Croatie - répartis sur… quatre continents. Seule une expérience en Afrique manque encore pour que son tour du monde soit terminé. En avril dernier, le Japonais est d’ailleurs officiellement devenu le footballeur le plus vieux de l’histoire à avoir foulé la pelouse d’un championnat professionnel.

À 51 ans, Jaromir Jagr n’est pas encore prêt à raccrocher les patins.

À 51 ans, Jaromir Jagr n’est pas encore prêt à raccrocher les patins.

Getty Images via AFP

Préparateur physique avec un passé notamment dans le hockey sur glace (LHC) puis le football depuis une quinzaine d’années - il s’occupe depuis cinq ans du Servette FC – Mathieu Degrange porte un regard admiratif sur la longévité des deux hommes. «C’est tout simplement exceptionnel de continuer d’évoluer à un tel niveau à leur âge. Avec le temps, un athlète perd beaucoup de force et de vitesse mais il conserve en revanche une bonne partie de son endurance. Cela dit, il est bien entendu évident que le temps de jeu qui leur est accordé diminue fortement avec les années.»

«Sans la passion, je ne peux concevoir qu’un athlète accepte encore de faire au quotidien tous les efforts que demande le niveau professionnel à un corps inévitablement usé par d’innombrables batailles.»

Mathieu Degrange, préparateur physique

«Au cours de mon parcours, continue le préparateur physique du Servette FC, le joueur le plus âgé dont je me suis occupé reste le hockeyeur canadien Zarley Zalapski (Ndlr: décédé en décembre 2017 à l’âge de 49 ans seulement) au LHC, en 2010. Je me souviens qu’il compensait très bien son manque compréhensible de vitesse par une force presque intacte et un excellent patinage. Sans oublier une précieuse expérience qui lui permettait d’anticiper les événements. Mais il est évident que prolonger aussi longtemps sa carrière est un peu plus compliqué encore dans le football même si les exemples existent.»

Une hygiène de vie exemplaire

Pour Mathieu Degrange, les secrets d’une telle longévité sont multiples. «Avec les méthodes actuelles d’entraînement et le suivi qui leur est offert, il n’est plus très rare de voir des joueurs jouer jusqu’à 40 ans, voire même un peu plus. À 41 ans, les données physiques du Brésilien Hilton (ex-Servette et Montpellier notamment) étaient d’ailleurs bluffantes. Mais pour rester à un bon niveau dix ans de plus, il faut d’abord avoir eu durant toute sa carrière une hygiène de vie exemplaire, avoir été épargné par les graves blessures et, surtout, garder toute sa passion pour son sport et la compétition.»

Et d’ajouter: «Sans elle, je ne peux concevoir qu’un athlète accepte encore de faire au quotidien tous les efforts que demande le niveau professionnel à un corps inévitablement usé par d’innombrables batailles. Dans cette optique, la motivation est un autre élément essentiel car elle diminue la plupart du temps, et souvent de façon considérable, avec les années.»

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