TennisNaomi Osaka: «Je ne sais pas quand je vais jouer mon prochain match»
Éliminée au troisième tour de l’US Open, la Japonaise a une nouvelle fois craqué en conférence de presse. Elle a annoncé vouloir faire une pause. Sans en préciser la durée.
Des larmes de détresse et une pause qui s’impose: Naomi Osaka, en proie à des problèmes d’anxiété récurrents, a craqué en conférence de presse à l’US Open, après son élimination dès le 3e tour, annonçant vouloir faire un break. «Je pense que je vais faire une pause pendant un certain temps», a dit la Japonaise, qui était tenante du titre, après sa défaite surprise contre une Canadienne de 18 ans, Leylah Fernandez,qui s’est imposée en trois 7-5 6-7 (2-7) 6-4.
«Comment puis-je dire ça? J’ai l’impression que ces derniers temps, quand je gagne, je ne me sens pas heureuse. Je ressens plus comme un soulagement. Et puis quand je perds, je me sens très triste. Je ne pense pas que ce soit normal. Je n’avais pas vraiment envie de pleurer, mais en fait, je me sens comme…», venait-elle de confier auparavant après une question d’un journaliste japonais. Sur quoi des larmes sont montées, qu’elle a essuyées et tenté de réprimer. En vain.
Le modérateur a alors annoncé la fin de la conférence de presse, mais Osaka l’a interrompu: «Je voudrais finir, pardon.» Peinant à articuler, elle a poursuivi: «Je me sens comme… Hmm, c’est très difficile à exprimer. En fait, j’ai l’impression d’en être à ce point où j’essaie de comprendre ce que je veux faire, et honnêtement, je ne sais pas quand je vais jouer mon prochain match de tennis.»
Colère d’«enfant»
S’excusant une nouvelle fois, elle a tenté de cacher qu’elle fondait en larmes, remis son masque anti-Covid et s’est levée, mettant fin à une séquence extrêmement difficile, qui a rappelé celle d’il y a deux semaines au tournoi de Cincinnati, où elle avait également craqué de la sorte.
Une heure plus tôt, sur le court Arthur Ashe, celle qui visait un troisième sacre new-yorkais en quatre ans tenait pourtant son match en mains. Menant 7-5 6-5 service à suivre, elle s’est fait débreaker en commettant de grosses fautes directes. Et elle s’est effondrée, réitérant des erreurs grossières, jetant sa raquette de dépit au sol à deux reprises.
«Je suis vraiment désolée pour cela. Je me disais de rester calme, mais j’ai l’impression que je bouillonnais. Récemment, je me suis sentie très anxieuse quand les choses n’allaient pas comme je le veux», a-t-elle expliqué. Était-ce une crise de colère? «Vous pouvez le voir. J’étais un peu comme une enfant.»
A un set partout, la No 3 mondiale, prostrée sur sa chaise entre les changements de côté, serviette sur la tête lui recouvrant son visage, n’a jamais su se remettre dans son match. Et elle s’est inclinée 7-5 6-7 (2-7) 6-4.
Osaka, qui avait fait l’impasse sur Wimbledon en juillet, était arrivée sans grands repères à New York, après un été sur dur qui s’était jusqu’ici résumé à deux 8es de finale perdus: aux Jeux de Tokyo, où elle avait allumé la vasque olympique et reconnu avoir craqué sous la pression, étant grande favorite à domicile, et à Cincinnati.
Osaka a ainsi semblé à côté de son tennis et cela s’est encore vérifié à Flushing Meadows, trois mois après son retentissant forfait avant le 2e tour de Roland-Garros, où elle avait créé la polémique en refusant de répondre aux questions des médias. Ce qui lui a valu d’être sanctionnée financièrement.
La jeune femme de 23 ans avait alors révélé avoir des problèmes d’anxiété, marqués par «plusieurs épisodes dépressifs», dans un message sur Twitter, réseau social où elle est très présente.
Un nouvel «épisode», en mondovision celui-ci, en plein cœur d’un tournoi Majeur, s’est produit vendredi. «Je ne sais pas vraiment pourquoi ça se passe comme ça, maintenant», s’est interrogée Osaka, hagarde. «Nous sommes tous confrontés à certaines choses, et je sais que je suis confrontée à certaines choses», a-t-elle ajouté, sans préciser davantage.
Le tennis étant bien loin de la rendre heureuse, la perspective de la voir défendre son titre à l’Open d’Australie en début d’année prochaine semble à ce stade improbable.
Leylah Fernandez rend hommage à Naomi Osaka
«Naomi Osaka est une personne formidable», lui a rendu hommage la jeune Canadienne Leylah Fernandez, qui a éliminé la Japonaise au 3e tour de l’US Open vendredi. «Elle est une grande joueuse, a-t-elle poursuivi. Elle a fait tellement de bonnes choses sur le circuit. Le fait de la voir et d’apprendre de son jeu m’a aidé à façonner la joueuse que je suis aujourd’hui. Elle est un excellent exemple pour toutes celles qui sont sur le circuit et pour toutes les petites filles du monde.»
Fernandez a ensuite assuré avoir su «déjà bien avant le match être capable de (s)'imposer». Trois jours avant son 19e anniversaire, cette fille d’un père équatorien et d’une mère philippino-canadienne, classée au 73e rang mondial, a confié «avoir puisé dans l’énergie du public», pour réussir son exploit. «J’ai remis la balle autant que possible, j’ai été offensive et j’ai tenté mes coups.»
Plus que son premier titre WTA remporté en mars à Monterrey, c’est cette victoire contre Osaka qui a de quoi lui «donner beaucoup de confiance». «Cela montre que mon jeu s’améliore, car j’ai été capable de battre une très grande, une incroyable joueuse.»
«Je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de jouer contre elle et de montrer à tout le monde que je suis également capable de rivaliser avec les meilleures joueuses du monde», a-t-elle conclu. Elle affrontera en 8e de finale l’Allemande Angelique Kerber (17e).