JusticeLe taux de femmes détenues en Suisse est en augmentation
En 2021, le nombre de femmes en prison a atteint la proportion de 6%. Au fil des ans, les motifs de leur incarcération se sont diversifiés. Pour le reste, 6310 personnes étaient en prison à fin janvier en Suisse.
- par
- Eric Felley
L’Office fédéral de la statistique a publié lundi les chiffres concernant les personnes détenues en Suisse. Au 31 janvier dernier, la Suisse comptait 6310 personnes sous les verrous, soit une diminution de 6 personnes par rapport au même jour de référence en 2021: «La majorité des détenus (66%), écrit le rapport, exécutait une peine ou une mesure (y compris en exécution anticipée), 1872 personnes (30%) se trouvaient en détention provisoire ou pour des motifs de sûreté et 272 personnes (4%) étaient incarcérées pour d’autres raisons».
Taux d’occupation à 86%
Comme la Suisse compte 7341 places disponibles dans 91 établissements de privation de liberté, le taux d’occupation s’élevait à 86%. L’OFS constate une augmentation du nombre de femmes en prison. À fin janvier, 380 d’entre elles étaient détenues en Suisse, soit 6% de l’effectif total: «Il s’agit du taux le plus élevé depuis 2009 (6,2%). Près de la moitié de ces femmes (48%) exécutait une peine ou une mesure, et 31% se trouvaient en détention préventive». Par comparaison, aux États-Unis ce pourcentage est de 6,8%, en Italie de 4,5% et en France de 3,6%.
Pas d’explication statistique
L’OFS ne saurait dire le pourquoi de cette augmentation. Selon le responsable du domaine Privation de liberté et sanctions, Jonathan Donnet: «Dans la statistique de la privation de liberté, sont relevés uniquement les effectifs de personnes détenues au jour de référence. Il n’y a pas, dans cette statistique, d’informations sur la condamnation menant à l’incarcération. Nous constatons cependant qu’il y a effectivement cette année proportionnellement plus de femmes que d’hommes en détention provisoire ou pour des motifs de sûreté ou en exécution anticipée de peine ou de mesure. À l’inverse, moins de femmes que d’hommes se trouvent en mesures de contrainte, selon la loi sur les étrangers et l’intégration (LEI)».
Des raisons multiples
L’Office fédéral de la justice a consacré un bulletin à la détention des femmes en Suisse, qui date de 2015. Il y a vingt-cinq ans, 80% d’entre elles, qui se retrouvaient dans la prison pour femmes de Hindelbank, l’étaient pour des infractions à la loi sur les stupéfiants. Au fil des ans cette proportion a nettement diminué et les causes des incarcérations se sont diversifiées. Les violences contre des tiers (partenaire, parents ou enfants), des délits de mœurs, le vol ou des «troubles de la personnalité antisociale» sont à l’origine des condamnations à de la prison ferme pour les femmes.
8 suicides en 2021
Enfin, durant l’année écoulée, l’OFS a comptabilisé 17 personnes décédées en prison. 8 ont mis fin à leur jour. Parmi celles-ci 5 étaient en attente de jugement en détention provisoire. Depuis 2003, le total de décès va de 9 à 27 par année et celui des morts volontaires de 2 et 14 par année.