BasketballDunk de l’année et contrôle antidopage à la Riveraine
Notre journaliste spécialisé a décortiqué la dernière journée de SB League masculine. Il y en a pour tout le monde.
- par
- Jérémy Santallo
Le coup de sifflet de la discorde
On va commencer cette chronique directement par les choses qui fâchent, comme ça c’est fait. Le BBC Nyon est passé samedi à un coup de sifflet d’un potentiel succès sur le parquet des Lions de Genève. À 74-73 à 14 secondes de la fin, Khadim Sow a été sanctionné d’une faute offensive en voulant contourner Eric Adams et l’équipe de La Côte a définitivement vu s’envoler ses espoirs de victoire. Ce coup de sifflet était-il justifié? Après avoir vu le ralenti – un luxe que les différents protagonistes n’avaient pas juste après la partie –, on est tenté de répondre par l’affirmative, tant l’intérieur sénégalais semble mettre un coup de coude au visage d’Eric Adams. Mais la question n’est-elle pas plutôt celle-ci: les arbitres ne doivent-ils pas laisser les acteurs décider du sort de la rencontre lorsque tout se joue sur un ballon? En salle de presse, la technicienne de Nyon Julie Le Bris pointait du doigt le manque de cohérence des officiels. «Je ne comprends pas cette décision, car il n’y a eu aucun coup de sifflet de ce type pendant tout le match.» Difficile de lui donner tort.
Jaunin fautif sur le tir de Jurkovitz
Thomas Jurkovitz n’est pas vraiment ce qu’on appelle un shooteur. En sept matches, l’arrière genevois avait marqué quatre tirs primés avant ce match face au BBC Nyon. Mais à 15 secondes de la fin de la rencontre, et alors que les Lions étaient menés 71-73, le petit frère de Natan n’a pas hésité un seul instant à allumer depuis le coin du parquet. «Oui, c’est un des plus gros tirs de ma carrière», a-t-il sobrement commenté. Assise en salle de presse non loin du héros de la soirée pour les Lions, Julie Le Bris ne pouvait que constater les dégâts. «On fait deux erreurs défensives dans la dernière minute qui nous coûtent cher, même si eux ont mis de gros tirs.» Sur l’action qui amène au panier décisif de Thomas Jurkovitz, Jérémy Jaunin vient aider sur le porteur du ballon, Marco Portannese, alors que son coéquipier Khadim Sow est bien placé. Et c’est cette aide défensive pas nécessaire du côté du ballon qui donne le temps de tirer à son adversaire.
Les choix curieux de Julie Le Bris
Le BBC Nyon se serait-il imposé au Pommier avec Stefan Ivanovic, rentré au pays pour des raisons familiales, sur son banc? Personne ne le saura jamais. Mais on n’a pas toujours compris le coaching de son habituelle assistante Julie Le Bris. Benoît Hayman a été pendant trente minutes le seul joueur nyonnais à avoir trouvé la clé du verrou défensif de l’entraîneur Andrej Stimac. Mais l’arrière a passé la moitié de la dernière période sur le banc… Un autre choix qu’on a trouvé curieux? Celui de sortir Khadim Sow au début du 4e quart, alors que l’intérieur sénégalais de 210 cm venait de mettre une misère pas possible à un Dragan Zekovic dans le pétrin avec ses trois fautes. «Je ne regrette pas mes choix, a dit la jeune femme quand on lui a posé la question. Je travaille avec le groupe toute la semaine, je sais à quel moment certains ont besoin de souffler.» Toujours est-il que Nyon, revenu à 55-54, a encaissé un 9-0 au moment où Hayman et Sow n’étaient pas sur le parquet.
Stimac se gratte toujours la tête
Andrej Stimac cherche toujours la bonne formule. Les Lions de Genève sont 3es au classement de SB League avec 5 victoires pour 3 défaites, mais cette équipe n’a pas encore trouvé son identité. Pour affronter Nyon, le technicien croate avait décidé de faire démarrer son top scorer Scott Suggs sur le banc. Une façon de donner plus de poids offensif à son «deuxième cinq», mais peut-être aussi de laisser les clés de la boutique à Daishon Knight. Sauf que ça n’a pas fonctionné pour Suggs (6 points) et que ça a été à peine mieux pour Knight (10). Eric Adams (14) et Dragan Zekovic (13) ont assuré, mais c’est surtout l’indispensable Marco Portannese (18) qui a crevé l’écran. «C’est très important de gagner ce genre de match serré. Les grandes équipes savent finir ces parties. C’est ce que je vais retenir, même si je suis fâché et pas rassuré par la manière, a réagi Andrej Stimac, qui compose avec un groupe quasi neuf. La stabilité, c’est la recette du succès depuis des années à Fribourg. Regardez Nyon et Swiss Central: ils ont des résultats cette saison car ils se connaissent de longue date et peuvent jouer ensemble les yeux fermés.» Le chantier avance mais il reste du boulot au Pommier.
Dunk de l’année à la Riveraine
Si ça continue comme ça, il ne fera vraiment pas bon affronter Union Neuchâtel lors des quarts de finale de la Coupe de la Ligue le 22 décembre. Mercredi, en match avancé de la 8e journée, les joueurs de Trivunovic, qui ont désormais un bilan à l’équilibre (4-4), ont remporté un troisième match d’affilée en faisant exploser la défense de Lugano (92-79) en deux temps. Il y a d’abord eu ce deuxième quart-temps en lévitation (31-16), pendant lequel Bryan Colon, Selim Fofana et Noé Anabir ont brillé de mille feux. Puis ce début de 4e quart-temps impeccable pour repousser définitivement les assauts des Tigers. Avec au passage le dunk de l’année – jusqu’ici – signé du bondissant Selim Fofana! Une action de folie qui n’a, a priori, rien à voir avec le contrôle antidopage qu’a subi le joueur – avec son coéquipier Yoan Granvorka – après la rencontre.
Réunis depuis dimanche à Fribourg, les membres de l’équipe de Suisse vont sûrement découvrir un Selim Fofana transfiguré par rapport à celui qu’ils avaient vu cet été. Car le gamin progresse fort ces temps, avec à ses côtés un capitaine, Bryan Colon, toujours aussi complet des deux côtés du terrain.
Monthey reste fanny
On en connaît un (Patrick Pembele) qui ne doit pas être mécontent de changer d’environnement. Le coach de Monthey a rallié Fribourg en sa qualité d’entraîneur assistant de l’équipe de Suisse après une huitième défaite en autant de rencontres, samedi. C’est cruel pour les Sangliers, qui sont passés tout près de battre Nyon puis Boncourt, avant de s’incliner logiquement samedi, 72-81, contre Starwings, porté par sa défense de zone et un Devin Cooper de gala avec 37 points.
On écrit logiquement, car il y a trop de manques dans cette équipe valaisanne. On ne peut pas remporter un match en attrapant 24 rebonds alors que l’autre équipe en prend 37, dont 11 offensifs. Le rebond est une affaire collective, mais on ne peut que pointer du doigt Amineye-Jesu Lakoju, qui déçoit toujours plus (2 rebonds en 28 minutes sur le terrain, samedi). On peut aussi difficilement gagner en prenant 49 points en une mi-temps. Ou alors il faut posséder de forts talents offensifs dans ses rangs, ce qui n’est pas le cas avec Jalen Hayes, Dikembe Dixson ou Amineye-Jesu Lakoju. Après huit défaites, la question du maintien à son poste de Patrick Pembele peut se poser. Mais celle d’une erreur de casting sur les étrangers également.
Boncourt n’a pas reconnu Milos
Les meilleurs pour la fin. Fribourg est la seule équipe invaincue (8-0) et même sans Paul Gravet, Slobodan Miljanic et Yuri Solca, tous blessés, mais avec Kwamain Mitchell et un Natan Jurkovitz à 50%, Olympic a désossé Boncourt (98-65). Les Jurassiens ont donné le change cinq minutes, avant l’entrée de leur ancien joueur Milos Jankovic, qui évolue aujourd’hui chez le champion sortant. Et le pivot serbe, plus «fit» que jamais, a pris un malin plaisir à rouler sur ses anciens coéquipiers (22 points dont 20 à la mi-temps!)
Après vingt minutes, le match était déjà plié (54-26) et Petar Aleksic a pu faire tourner. Débarqué tout droit de Floride moins de 48 heures avant la rencontre, le remplaçant de Quincy Diggs, Davonta Jordan, un seul entraînement et le jet-lag dans les jambes, a déjà prouvé qu’il avait tout l’air d’une très bonne pioche pour le club de Saint-Léonard (14 points en 20 minutes et une défense solide). Mais le chiffre le plus évocateur le concernant nous vient de «La Liberté», qui précise que son taux de masse graisseuse est de 5%. Fou!
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