Formule 1: Red Bull encore plus seule au monde

Publié

Formule 1Red Bull encore plus seule au monde

Alors que les rivales de l’équipe anglaise pensaient avoir réduit leur retard, le doublé signé par Max Verstappen et Sergio Perez à Spa montre que les Ferrari et les Mercedes en sont au contraire encore plus distantes.

Luc Domenjoz
par
Luc Domenjoz

Motorhome Mercedes, 17 h 15, dimanche (photo). Le Grand Prix est terminé depuis une petite heure, tout le monde a déserté l’endroit. Les ingénieurs sont partis prendre leur avion - ou plutôt tenter de se sortir des embouteillages monstres autour du circuit -, tandis que les mécaniciens démontent les garages pour partir sans attendre à Zandvoort, où le Grand Prix de Hollande se tiendra dimanche prochain.

Seul au fond de la salle du rez, Toto Wolff garde le sourire. Le sourire un peu déprimé de celui qui regrette le bon vieux temps, le sourire de celui qui constate son impuissance.

Le sourire triste, en un mot. «Franchement, c’est catastrophique», lâche-t-il. «Samedi, nous étions encore plus loin des Red Bull que d’habitude, et nous étions même battus par les Alpine, on était au niveau de Lando Norris et de la Williams d’Alex Albon. Alors qu’à Budapest, nous étions en pole-position. C’est franchement dur de s’adapter à ces hauts et ces bas. Quelque chose dysfonctionne sérieusement sur cette voiture, et on ne sait pas quoi.»

Le pire, pour l’écurie ayant remporté huit fois le titre de champion du monde, c’est qu’elle n’est pas certaine de faire mieux la saison prochaine. «Nous n’avons pas encore arrêté le concept de la voiture 2023, poursuit Toto Wolff. Un concept, c’est complexe, ça comprend la répartition des masses, les ancrages des suspensions, l’aérodynamique, etc. Nous en avons un, hérité de la voiture actuelle, mais si on en change radicalement, comment être certain que ce sera mieux? Nous devons rester prudents.»

Dimanche soir, tout ce que Toto Wolff souhaitait, c’était oublier cette saison 2022. En arriver au bout le plus rapidement possible. «C’est sûr, la W13 (ndlr: la voiture de cette saison) n’aura pas la place vedette dans notre musée, à l’usine, ironise-t-il. Je pense que le championnat du monde sera joué avant que nous quittions l’Europe (c’est-à-dire au soir de Monza, dans deux semaines!). Mais nous devons absolument gagner au moins une course cette saison. Après notre résultat à Budapest (ndlr: George Russell était qualifié en pole-position et Lewis Hamilton a terminé deuxième), je suis convaincu que c’est possible. On en a vraiment besoin pour le moral de l’équipe.»

Alpine et McLaren dans l’attente

C’est ce lundi que la cour de «reconnaissance des contrats» (le «contract recognition board», ou CRB) va se réunir pour décider du sort d’Oscar Piastri.

Le jeune Australien, vainqueur du championnat de Formule 2 l’an dernier, a un contrat avec Alpine et joue un rôle de troisième pilote chez McLaren cette saison, prêté par Alpine. L’équipe française le suit depuis des années, et a financé une partie de sa formation.

Lorsque Fernando Alonso a annoncé son départ de l’écurie française, le 1er août dernier, l’équipe a immédiatement annoncé son remplacement par Oscar Piastri. Logique.

Quelques heures plus tard pourtant, l’Australien démentait avoir signé le moindre contrat avec l’écurie française, ajoutant même: «Je ne piloterai pas pour Alpine en 2023». Il fallait un certain culot pour l’écrire, mais aussi du mépris pour ceux qui l’ont formé toutes ces années. En réalité, Oscar Piastri avait déjà signé un contrat avec McLaren - qui l’a préféré à Daniel Ricciardo, licencié la semaine dernière.

Alpine ne l’entend pas de cette oreille. L’équipe a déposé plainte auprès de la CRB, basée à Genève. Ces prochaines heures, la cour va donc décider lequel des deux contrats, Alpine ou McLaren, est valable et où le jeune pilote se trouvera l’an prochain. S’il doit rouler pour Alpine en 2023, ça lui promet un accueil chaleureux au sein de l’écurie…

Forcer un pilote à rouler dans une écurie contre son gré est arrivé deux fois dans l’histoire de la CRB (qui existe depuis 1991): David Coulthard en 1995, qui a dû rester chez Williams un an de plus avant de rejoindre McLaren, et Jenson Button, qui voulait quitter BAR-Honda pour Williams, dix ans plus tard, et qui a dû rester chez BAR.

Oscar Piastri ne sait ps encore pour quelle écurie il pilotera l’an prochain.

Oscar Piastri ne sait ps encore pour quelle écurie il pilotera l’an prochain.

IMAGO/NurPhoto

Ferrari: ce n’est pas la faute du circuit

Alors que Carlos Sainz partait de la pole-position à Spa, l’Espagnol a terminé troisième, incapable de résister aux deux Red Bull. Charles Leclerc, sur l’autre Ferrari, s’est classé sixième.

Au sein de la Scuderia, on espérait que cette contre-performance relative était peut-être due aux caractéristiques du circuit de Spa, qui ont particulièrement favorisé les Red Bull.

Malheureusement pour les tifosi, il n’en est rien. «Inutile d’espérer que notre manque de performance soit dû aux spécificités de Spa, tempérait Mattia Binotto, le patron de Ferrari, après la course. Il y a une grande différence entre les performances des Red Bull et les nôtres. Avec du recul, on peut même constater qu’elles étaient un peu plus rapides que nous en Hongrie déjà, alors que c’est une piste très différente, avec beaucoup d’appuis. Ici à Spa, il faut de la puissance et de l’efficacité aérodynamique pour les lignes droites. Mais en plus, nous avons eu une forte dégradation des pneus, ils étaient aussi meilleurs que nous de ce point de vue. Bref, ils sont bien plus rapides que ce que j’espérais!»

Charles Leclerc, de son côté, admet qu’il sera «très difficile» de remporter le titre avec quasi 100 points de moins que Max Verstappen à huit courses de la fin du championnat. «Cela dit, le retard que nous avons constaté aujourd’hui ne sera pas le retard des prochains circuits.» Belle consolation!

Charles Leclerc admet qu’il sera «très difficile» de remporter le titre.

Charles Leclerc admet qu’il sera «très difficile» de remporter le titre.

AFP

Ton opinion