EspaceLes astronautes de la station chinoise sont de retour sur Terre
Après trois mois dans l’espace, les trois premiers occupants de la station spatiale chinoise sont arrivés sur Terre sans encombre. Leur mission est un «succès total».
Nouvelle étape pour l’ambitieux programme spatial de Pékin: trois astronautes sont retournés vendredi, sur Terre, après trois mois dans la station spatiale chinoise en cours de construction, dont ils étaient les tout premiers occupants.
Suspendue à un parachute à bandes rouges et blanches, leur capsule «s’est posée sans encombre» dans le désert de Gobi (nord-ouest de la Chine) à 13 h 34 (07 h 34 en Suisse), a indiqué l’agence spatiale en charge des vols habités (CMSA).
Les trois hommes avaient décollé mi-juin depuis le centre de lancement de Jiuquan, non loin du lieu où ils ont atterri vendredi. Leur mission, Shenzhou-12, était la plus longue jamais effectuée dans l’espace par des Chinois.
«Ça fait vraiment du bien d’être revenu» sur Terre, a déclaré à la télévision publique CCTV l’astronaute Tang Hongbo, 45 ans, assis dans un grand fauteuil blanc, peu après sa sortie de la capsule. «Papa, maman, je suis de retour! Je suis en forme et j’ai le moral!» a-t-il déclaré, jovial, tandis que ses deux coéquipiers plus âgés, Nie Haisheng et Liu Boming, semblaient un peu plus fatigués.
Les trois hommes devront désormais subir une quarantaine, a indiqué à CCTV Huang Weifen, une haute responsable du programme spatial habité. Une précaution prise «non pas en raison du Covid-19», mais parce que «leur immunité a été affaiblie» par leur long séjour dans l’espace, a-t-elle souligné. «Cette mesure est prise pour les protéger.»
Un «Succès total»
La CMSA a salué le «succès total» de la mission, nouvelle étape de l’ambitieux programme spatial chinois, qui a déjà posé des sondes sur la Lune, sur Mars, et envisage d’envoyer un équipage sur l’astre lunaire d’ici 2030.
«Shenzhou-12 a atteint son objectif, qui était d’activer la nouvelle station et de la rendre opérationnelle», déclare à l’AFP, Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux États-Unis. «Cela ouvre la voie à de futures missions régulières dans la station», note Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.
CCTV a diffusé en direct le retour des trois hommes, dont d’impressionnantes images d’une caméra embarquée à bord de la capsule, qui la montraient survoler à vive allure des étendues désertiques, couleur ocre.
À bord de Tianhe («Harmonie céleste»), le seul des trois modules de la station spatiale à être déjà dans l’espace, les trois astronautes avaient de nombreuses tâches à effectuer. Ils ont réalisé des sorties dans l’espace, des opérations de maintenance ou encore installé du matériel, afin de rendre la station opérationnelle.
Nommée en anglais CSS (pour «Chinese Space Station») et en chinois Tiangong («Palais céleste»), la station, une fois totalement assemblée, sera semblable en taille à l’ex-station soviétique Mir (1986-2001). Sa durée de vie sera d’au moins dix ans.
Rivalité sino-américaine
L’ambition chinoise de bâtir une station a été nourrie par le refus américain d’accepter des Chinois dans la Station spatiale internationale (ISS), une collaboration entre États-Unis, Russie, Canada, Europe et Japon. Shenzhou-12 était la première mission habitée chinoise depuis près de cinq ans et une question de prestige pour le Parti communiste (PCC), au pouvoir en Chine et qui célèbre cette année son centenaire.
Les Chinois sont-ils pour autant désormais au niveau des Américains? Si «la Chine est devant l’Europe en termes de vols habités», il y a «encore des écarts» avec les États-Unis et ceux-ci «mettront plus d’une décennie, voire davantage, à être comblés», estime Chen Lan. Il souligne notamment l’avantage des États-Unis en matière de technologies ou encore de réduction des coûts, avec l’utilisation désormais de lanceurs réutilisables pour atteindre l’ISS. «Mais la principale avance américaine réside dans l’expérience», note Jonathan McDowell. «Les astronautes chinois ont par exemple effectué (lors de cette mission) deux sorties dans l’espace. C’est loin des centaines réalisées avec l’ISS. Cette quantité fait la différence».
La mission Shenzhou-12 constituait le troisième lancement sur les 11 nécessaires à la construction de la station. Le prochain lancement, celui du vaisseau Tianzhou-3, qui transportera uniquement du matériel, aura lieu dans les prochains jours, selon la CMSA. Des sites Internet spécialisés tablent sur ce lundi.