RallyeMoi, JCS, navigateur de Sébastien Carron
A la veille du départ du 61e Rallye International du Valais, nous avons eu le privilège de participer aux derniers essais du triple champion de Suisse, le Valaisan Sébastien Carron. Après le vrai travail, son fidèle navigateur, Lucien Revaz, nous a cédé sa place. Pour quelques minutes de bonheur...

Sébastien Carron (à dr.) et son navigateur JCS sont prêts au départ.
360DSMPréambule. Le 20 mars 1978, il y a donc plus de 43 ans, je participe à mon premier rallye automobile. C’est aussi le premier Critérium Jurassien de l’Histoire. A gauche, au volant d’une Simca Rallye 2, Oswald Schumann, alors dénommé «le flic le plus rapide de Suisse»; Oswald, parti trop tôt timbrer au Ciel. A droite, sac de sable moins lourd qu’aujourd’hui, un jeune journaliste neuchâtelois qui a remplacé au dernier moment le navigateur attitré de «Chouchou». Classement final? 67e du général, troisième place de la catégorie si ma mémoire est bonne. Vainqueur de ce rallye? Un équipage valaisan formé de Philippe Carron et Daniel Siggen, au volant d’une Porsche. Cinq jours plus tard, Philippe Carron, qui sera sacré cette année-là champion de Suisse des rallyes, devient papa d’un petit Sébastien...
20 octobre 2021, 43 ans, quelques mois et pas mal de kilos plus tard. Couronné champion de Suisse à trois reprises, Sébastien Carron, Lucien Revaz et toute l’équipe du team Balbosca – le préparateur italien de la Skoda Fabia Evo – ont installé leur bivouac quelque part à la montagne, pour une dernière séance d’essais à la veille du départ du RIV: «L’essentiel du travail consiste à trouver les meilleurs réglages de tenue de route, c’est aujourd’hui la clef», confie Sébastien Carron.
«En début de saison, je n’avais pas prévu de participer au Critérium jurassien... et il a été annulé. Dans mon programme initial, il y avait le Chablais, le rallye du Mont-Blanc (comptant également pour le championnat de France) et le Ticino, organisé par mon écurie. Le Valais, je n’y étais plus venu depuis 2017 et nous l’avons ajouté à notre calendrier, puisqu’avec trois victoires cette saison, nous nous trouvions en mesure de remporter le titre national.»
Et c’est pour cette bonne raison que l’équipe travaille. Changement des réglages de suspension, barre stabilisatrice, comportement des pneumatiques. Carron-Revaz accumulent les passages sur cette petite route de quelques 3 kilomètres qu’ils empruntent dans les deux sens. Et qui dit montées dit aussi descentes, et c’est là que je vais être totalement «bluffé» un peu plus tard lorsque je succède à Lucien Revaz dans le siège de droite.
D’abord, entrer dans le cockpit…

Le navigateur d’un jour JCS au moment de son entrée dans le cockpit de la Skoda de Sébastien Carron.
360DSMD’abord, entrer dans le cockpit, en enjambant l’arceau-cage. Un mécanicien ajuste – et c’est une sacrée mission, vu ma corpulence! – le harnais de sécurité. Le patron de Balbosca me montre où poser mes pieds, pour éviter de toucher... ce qu’il ne faut pas toucher. A ma gauche, je devine un sourire sous le casque de Sébastien Carron: «C’est bon? Go...» Et de lancer la Skoda dans la descente.
Lancer, c’est bien le mot. Par rapport à tout ce que j’ai connu, y compris la si puissante Audi Quattro Groupe B aux côtés de feu Jean-Claude Béring, ces voitures de la génération actuelle sacrifient tout à l’efficacité. Jamais l’impression que la voiture ne se tord, non. Au contraire, tu ressens de tout ton corps la performance, l’efficacité absolue. Le freinage? Chaque fois, je me dis que là... cela pourrait devenir compliqué, mais rien de cela.
«Par rapport à ce que tu as dû connaître dans le passé, le comportement est très aseptisé», remarque le pilote. C’est vrai, un minimum de mouvements parasites, à condition, bien sûr, de maîtriser cette voiture, ce que Sébastien Carron réussit parfaitement. Et cette impression, toujours, de faire corps avec la machine; une fois de plus, de sentir la performance, avec ses reins, avec la partie du corps sur laquelle vous êtes assis, avec vos épaules bien sanglées. Comme le dit Lucien Revaz: «D’un virage à l’autre, c’est toc, toc, toc...» Oui, c’est cela, une sensation de force permanente. Et Carron, à côté, qui semble si calme.
Dernière descente, retour au bivouac. «Désolé, nous n’avons pas eu le temps d’adapter les suspensions côté droit aux mensurations du nouveau navigateur», rigole le patron de l’équipe. L’expérience a été belle, les sensations impressionnantes. Mais on n’a plus vingt ans. Même pas trente, ni quarante, ni cinquante. Allez, Sébastien et Lucien: amusez-vous bien course!

Sébastien Carron et son navigateur JCS en pleine action sur une petite route valaisanne.
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