États-UnisÉmoi après la mort d’un homme noir abattu par un policier blanc
Un policier, qui n’était pas en service, a tué Jason Walker samedi dernier en Caroline du Nord, dans des circonstances encore confuses.
La mort d’un homme noir abattu par un policier blanc dans des circonstances confuses suscite des remous à Fayetteville, dans le sud-est des États-Unis, où les proches de la victime et les habitants se sont rassemblés jeudi soir.
Le célèbre avocat Ben Crump, qui a défendu de nombreuses victimes de violences policières, et la famille de Jason Walker ont organisé un «rassemblement pour la justice» à 20H00 (02H00, vendredi en Suisse) dans cette ville de Caroline du Nord.
Poing levé, l’avocat a répété une vingtaine de fois «Jason Walker matters» («Jason Walker compte») dans une église de Fayetteville, dont l’audience a puissamment repris l’antienne, selon les images diffusées en direct par la chaîne locale WRAL.
«Comme la vérité a été révélée» pour George Floyd, Ahmaud Arbery, ou encore Breonna Taylor, «la vérité sera révélée pour Jason Walker», a affirmé Ben Crump, en référence à d’autres victimes afro-américaines ces deux dernières années, tuées par des policiers ou ex-policiers.
«Je prie pour qu’il y ait la paix», a déclaré la mère de Jason Walker devant l’assistance dans l’église. De petits groupes de résidents ont déjà défilé à plusieurs reprises cette semaine dans cette ville de plus de 200’000 habitants pour réclamer l’arrestation du policier Jeffrey Hash dans ce dossier.
Samedi après-midi, le policier, employé depuis 2005 par la ville, n’était pas en service. Il roulait à bord de son véhicule avec sa femme et sa fille, quand il a croisé Jason Walker, un homme de 37 ans non armé qui traversait la rue près de la maison de ses parents. Quelques instants plus tard, il ouvrait le feu sur Jason Walker qui a rapidement succombé à ses blessures.
Boîte noire
Ce qui s’est passé entre-temps fait l’objet de versions différentes. Dans une vidéo amateur, filmée juste après le drame et mise en ligne, le policier explique à des collègues appelés sur place que Jason Walker s’est jeté au milieu de la rue et qu’il a freiné pour l’éviter.
Selon lui, le trentenaire s’est alors jeté sur son véhicule, a arraché son essuie-glace et s’en est servi pour frapper le pare-brise, le forçant à dégainer son arme pour protéger sa famille. Mais des témoins assurent qu’il a heurté le piéton avant de s’arrêter.
«Je l’ai vu freiner brusquement, s’arrêter et repartir», a raconté Elizabeth Ricks sur la chaîne ABC. «Je l’ai vu heurter Jason (…) et son corps a atterri sur le pare-brise. Et là j’ai entendu des tirs. Je crois qu’il a tiré le premier coup à travers le pare-brise et trois autres fois en dehors du véhicule», a-t-elle ajouté.
«On tire d’abord, puis on pose des questions»
Selon la police, la boîte noire du pick-up de Jeffrey H. n’a pas enregistré de choc et le corps de Jason Walker n’avait pas de traces d’impact, autre que celui des balles. L’agent a été placé en congé administratif, mais ni arrêté ni inculpé à ce stade. Les investigations ont été confiées à des enquêteurs de l’État.
«Nous avons des raisons de penser qu’il s’agit d’un dossier du style «on tire d’abord, puis on pose des questions», une philosophie que l’on voit trop souvent parmi les forces de l’ordre», a estimé dans un communiqué Ben Crump.
Les policiers américains tuent en moyenne un millier de personnes par an, avec une surreprésentation des Afro-Américains parmi leurs victimes. Ils sont toutefois rarement poursuivis en justice, même si les grandes manifestations antiracistes de l’été 2020 ont amorcé un changement dans les tribunaux.