Carnet noir – Roger Jaunin nous a quittés

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Carnet noirRoger Jaunin nous a quittés

Ancien journaliste de sport, notamment au «Matin», le spécialiste de tennis s’est éteint à l’âge de 73 ans. Il avait été le témoin privilégié de l’ascension d’un certain Roger Federer…

Christian Maillard
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Christian Maillard
Roger Jaunin, ici en 2005, lors de la sortie de son ouvrage «Roger Federer Number One».

Roger Jaunin, ici en 2005, lors de la sortie de son ouvrage «Roger Federer Number One».

LMS/Sébastien Féval

Ce n’est pas de l’encre qui coule ce jeudi, mais des larmes. Quelle tristesse de savoir qu’il a cessé de respirer, qu’on ne lira plus ses chroniques du «Cahier des sports» dans l’hebdomadaire satirique Vigousse, qu’il s’en est allé écrire tout là-haut dans les étoiles. Quel regard aura-t-il sur les prochains Jeux de Pékin, lui qui défendait les droits humains? On ne le saura jamais. Roger Jaunin nous a quittés ce 23 décembre pour, dit-on, un monde meilleur, mais il restera toujours dans nos cœurs.

Ce Vaudois de 73 ans, journaliste de sport – pas journaliste sportif, il y tenait -, c’était notamment plus de 100 tournois Grand Chelem pour «Le Matin», la Radio Suisse romande et le Nouveau Quotidien. Quand on parlait de cette petite balle jaune à la rédaction, le compagnon d’Isabelle ne pouvait pas s’empêcher de monter au filet pour nous raconter tant et tant d’anecdotes. C’était devenu le confident de Marc Rosset, qui le réveillait la nuit, l’ami de Roger Federer qu’il a vu grandir et jouer aux quatre coins du monde, là où il a remporté tant de matches,à Wimbledon, l’US Open ou l’Open d’Australie. C’était ensuite un ouvrage sur ce «Number one», l'homme de tous les records, qu’il a rédigé avec lui, avec beaucoup d’émotions..

Roger Jaunin était toujours à la recherche du bon titre, de la belle image, de l’humain. Cet artiste était un saltimbanque, jongleur de mots. Le tennis n’avait pas de secrets pour ce passionné qui avait aussi beaucoup d’affections pour les chevaux, les Franches-Montagnes et la monte américaine qu’il pratiquait dans les hauteurs de Lausanne, vers le Chalet-à-Gobet, avec ses potes Patrick Nordmann ou Thierry Barrigue.

Auteur également de la biographie de Bernard Stamm aux éditions Favre, il était aussi tombé amoureux de la mer et de la voile, de ces aventuriers qui savaient si bien raconter des histoires, comme lui. Roger, qui m’avait engagé à la rubrique sportive du «Matin» il y a 30 ans, c'était aussi plein d’autres compétitions sportives, des Mondiaux, des Jeux et ce «hockey de lumière» à Montchoisi avec ce Lausanne HC de Gratton, Dubi, Frido qu’il aimait tant.

Il y avait du Blondin en lui. Amoureux des mots, celui qui était devenu chef d’édition à Vigousse était proche de Michel Bühler et de Sarcloret, il connaissait toutes leurs chansons par cœur. C’était un poète, un esthète, qui détestait les termes guerriers dans les compte-rendus: combien de fois m’a-t-il tiré l’oreille alors que j’avais parlé d’un combat de gladiateurs sur la glace? Durant plus de 40 ans, il a su magnifier le sport, ce reflet de notre société, par sa plume, tout en étant critique ou acerbe quand il le fallait.

Il s’en est allé après avoir combattu une maladie qui ne lui a pas accordé de sursis. Quelle tristesse…

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