MotocyclismeIls vont jouer à «hâte-toi lentement...»
Jorge Martin a amélioré de plus d’un dixième de seconde le meilleur chrono absolu du circuit de Phillip Island, qui datait de 2013. Mais voilà: un tour, ça va, mais comment faire pour en aligner 27 en course?
- par
- Jean-Claude Schertenleib
Les neuf premiers en quatre dixièmes, Jorge Martin qui s’offre la pole du GP d’Australie en battant Marc Márquez de 13 millièmes: sur un tour, les MotoGP modernes sont toujours plus rapides. Problème: la victoire ne se joue pas sur 4448 mètres (longueur du tracé de Phillip Island), mais bien sur plus de 120 bornes. Et cela fait une immense différence, comme le rappelle le champion en titre et encore leader du championnat, le Français Fabio Quartararo: «Je m’attends à une course très particulière, parce que tous les pilotes ont des soucis avec l’usure des pneumatiques. Dans ce domaine, Phillip Island est l’un des circuits les plus compliqués du calendrier et ces difficultés sont encore augmentées pour moi, puisque pour compenser ce que je perds en ligne droite, je dois avoir plus de vitesse que les autres dans les virages; ainsi, le pneu arrière est mis encore plus à contribution.»
Quelle gomme choisir?
Les pilotes ont le choix entre trois types de gommes (tendre, moyenne, dure). Que choisir? Fabio Quartararo encore: «Finalement, cela ne fait pas une grande différence. Bien sûr que si tu optes pour la gomme la plus tendre, tu iras plus vite en début de course, mais le grip diminuera également plus rapidement et ceux qui auront fait ce choix devront alors ralentir. Celui qui aura su le mieux économiser ses pneus sera le vainqueur.»
Dans cet art consommé de devoir se hâter... lentement, certains sont bien meilleurs que d’autres, comme Joan Mir (Suzuki) et Enea Bastianini (Ducati). Problème, pour eux: ils ne s’élanceront «que» de la cinquième ligne de la grille de départ et ne pourront pas se permettre de laisser partir le train. Ou, du moins, que le train des hommes de tête prenne trop d’avance!
«Ce sera une course en peloton, avec des rebondissements»: c’est Francesco «Pecco» Bagnaia, le grand adversaire de Quartararo, qui le dit.
Marc Márquez, «mister» sauvetage
Il n’a pas à penser tactique, pas besoin de préparer sa course avec une calculatrice qui lui dirait qu’il peut perdre X points ou qu’il doit absolument en gagner un chiffre Y pour conserver ses chances au championnat du monde, à trois courses de la fin de la saison. Non, depuis son retour, Marc Márquez est lancé dans une double mission: retrouver sa forme physique d’avant ses quatre opérations et donner des idées ainsi que tester les nouveaux éléments que Honda lui propose en vue de 2023. Ce qui ne l’empêche pas de briller en piste et de bluffer tous les observateurs en sauvant des situations impossibles, comme samedi matin. «Exactement comme en 2019, même endroit, même mouvement, même image et cela fait du bien de constater que je suis à nouveau capable de réussir également de tels sauvetages avec le côté droit de mon corps.»
L’octuple champion du monde a signé son meilleur chrono dans le sillage de Bagnaia: «C’est très important de profiter d’une bonne aspiration», ajoute-t-il.
Oliveira doublement puni
Les courses se suivent et ne se ressemblent pas pour le Portugais Miguel Oliveira. Brillant vainqueur sous la pluie thaïlandaise, le pilote KTM a subi le courroux des commissaires. À la fin de la première phase des qualifications, Oliveira a fait un essai de départ dans le virage No 2, avant qu’il ne reçoive le drapeau à damier, ce qui est interdit par les règlements. Dans le même tour, en roulant lentement sur la trajectoire, il a gêné Enea Bastianini, provoquant ainsi une situation dangereuse pour les autres pilotes. Oliveira a été pénalisé de trois places sur la grille de départ (il s’élancera ainsi de la 24e et dernière position) et il devra subir une pénalité de «long lap» en course.