Bande dessinéeLa plus bouleversante aventure du comte de Champignac
Suite à un drame personnel, le génial inventeur va tenter de créer la pilule contraceptive. Le tome 3 de cette série atteint des sommets. C’est un chef-d’œuvre.
- par
- Michel Pralong
Il y a quatre ans, le duo de scénaristes BeKa et le dessinateur Etien lançaient une série dérivée de l’univers de Spirou centrée sur le comte de Champignac. Avec dans l’idée de raconter la jeunesse de cet inventeur qui concocte mille trouvailles pour Spirou à partir de champignons. Le premier, puis le deuxième tome se sont révélés être des bijoux. Mêlant la fiction à l’histoire, l’aventure, l’humour et le drame, avec un dessin de très haute qualité, les auteurs ont su créer leur propre univers tout en respectant celui de Franquin. Et le succès leur a permis de poursuivre la série. Tant mieux, car ce troisième tome, intitulé «Quelques atomes de carbone», qui sort le 8 avril, frappe encore plus fort.
Sans trop dévoiler l’intrigue, ce qui n’est pas évident, contentons-nous de dire que le comte, suite à un drame, se lance dans la recherche d’un moyen de contraception féminine et qu’il invente la pilule. Au courant de ses recherches, une Américaine, Margaret Sanger le contacte. Il s’agit une nouvelle fois dans cette série d’un personnage historique, puisque cette femme est à l’origine du planning familial américain. Elle convainc Pacôme (premier prénom de Champignac, pour rappel) de l’accompagner à Boston. Aux États-Unis, les deux vont être traqués par un duo mystérieux.
Les années passent pour le comte
Encore une fois, l’action alterne avec l’exposé de vraies théories scientifiques et l’humour vient un peu faire contrepoids à une histoire particulièrement bouleversante. Difficile de ne pas verser quelques larmes à la lecture. Le scénario est merveilleusement écrit, jouant avec les époques. Les auteurs se permettent même des pages noires, symbole d’une période funeste pour Champignac, qu’ils raconteront par la suite.
Le temps s’écoule dans cette série et cette fois l’on découvre un Champignac blanchi, proche physiquement de celui créé par Franquin. Et quelle virtuosité pour trouver l’idée qui explique pourquoi l’invention de la pilule n’a pas été attribuée au comte! Le récit se permet également de traiter de la discrimination homme-femme, notamment scientifique, mais également ménagère avec un subtil clin d’œil sur des couvertures de «Moustique». Chaque lecture vous fait découvrir ainsi de nouveaux détails. C’est de la haute horlogerie.
Les séries dérivées sont nombreuses en BD, pour le meilleur et pour le pire. Il y a évidemment une volonté commerciale derrière tout cela, car il est plus facile de vendre un album avec un personnage connu qu’une nouveauté. Mais cette série «Champignac» montre que lorsque ce sont des auteurs de talent qui s’en chargent, on peut toucher au sublime. Et même parvenir, avec ce troisième tome, à créer un chef-d’œuvre. Chapeau!