Mutilations dentaires en France – «Jamais je n’ai voulu vous blesser, j’ai toujours voulu soigner»

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Mutilations dentaires en France«Jamais je n’ai voulu vous blesser, j’ai toujours voulu soigner»

Au dernier jour de leur procès, les deux dentistes accusés d’avoir dévitalisé des milliers de dents saines pour leur profit se sont adressés à leurs victimes. 

AFP

Lionel G. doit être condamné «à une peine juste», a plaidé mardi l’avocat du dentiste jugé pour avoir mutilé des centaines de patients à Marseille, défendant l’erreur médicale commise par un homme aujourd’hui «mort de trouille, qui a honte de ce qu’il a fait».

«Plan méthodique, cynique et perfide»

«La douleur incommensurable des parties civiles ne peut jamais se compenser par la hauteur d’une peine», a souligné Me Frédéric Monneret au lendemain des lourdes réquisitions prononcées par le parquet du tribunal correctionnel de Marseille.

Une peine de dix ans de prison, la peine maximale encourue, a été requise contre son client, âgé de 41 ans, jugé depuis six semaines avec son père Carnot, 70 ans, pour des violences volontaires ayant entraîné des mutilations sur près de 350 patients. Le parquet avait souligné lundi «la politique industrielle» mise en place par les deux hommes et leur «plan méthodique, cynique et perfide» motivé par l’argent.

Abcès, kystes, douleurs insupportables, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas: les victimes ont raconté au cours du procès les conséquences des opérations pratiquées à la chaîne par ce cabinet dentaire qui s’était installé en 2005 dans un quartier pauvre du nord de la deuxième ville de France. «Il a gâché ma jeunesse, mon présent et mon avenir», avait témoigné l’une d’elles qui, à l’âge de 18 ans, s’était fait dévitaliser et limer 24 dents par le cabinet qu’elle était venue consulter pour de simples caries.

«Jamais, au grand jamais, je n’ai voulu vous blesser, j’ai toujours voulu soigner», a déclaré Lionel G. une ultime fois, à l’adresse de ses anciens patients. Pour son avocat, «ce ne sont pas les 350 parties civiles qui permettent de dire qu’il y a eu une faute volontaire».

«Campé dans ses certitudes, se sentant invincible»

En procédant à des traitements prothétiques massifs et systématiques sur ses patients, ce qui a eu pour conséquence la mortification de 3900 dents saines, selon l’accusation, «Lionel G. pensait qu’il était dans le vrai», a développé Me Monneret.

«Campé dans ses certitudes, se sentant invincible, il a pratiqué ce traitement systématiquement car il y croyait, mais ce n’est qu’une seule et même faute involontaire. Il n’y avait rien de prémédité», a défendu l’avocat. Il a également demandé la relaxe de son client pour les faits d’escroquerie et de faux relatifs aux dossiers médicaux de ses patients.

Pour l’avocat, Lionel G. a évolué au long de ce procès: «le premier jour, il a vu tout ce malheur et, mezza voce, il a balbutié son empathie. Au fil du temps, il a reconnu la souffrance et qu’il en est l’auteur. Il est allé plus loin, a parlé d’erreurs, puis, confronté aux expertises, il a admis des fautes en disant qu’il n’a pas voulu nuire aux parties civiles».

Son père, Carnot G., contre lequel une peine de cinq ans de prison dont un an avec sursis a été requise, a demandé «humblement pardon à ceux qui ont eu à souffrir de [ses] soins». Son avocate, Me Anne Santana-Marc, a demandé sa relaxe au motif qu’il ne faisait qu’aider son fils, intervenant la plupart du temps après les plaintes des patients. «Il n’a jamais participé à un choix de traitement», a défendu Me Santana-Marc.

(AFP)

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