Justice françaiseLes voleurs du Banksy du Bataclan jugés à partir de mercredi à Paris
Une œuvre du célèbre street-artist, en hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, avait été retrouvée en Italie. Cette semaine, huit hommes passeront devant la justice pendant trois jours.
Sur une porte du Bataclan, l’œuvre de Banksy rendait hommage, depuis 2018, aux victimes des attentats du 13-Novembre. Volée en 2019, retrouvée en Italie l’année suivante, elle sera au cœur du procès de huit hommes, à partir de mercredi, à Paris. Pendant trois jours, le tribunal doit examiner le rôle que sont soupçonnés d’avoir joué sept Français et un Italien dans le vol et le recel de cette porte métallique, ornée d’un pochoir représentant une jeune fille triste, revendiqué par le street-artist mondialement connu.
Le 26 janvier 2019, peu après 4h du matin, un fourgon blanc aux plaques dissimulées s’arrêtait dans le passage Saint-Pierre-Amelot, dans le XIe arrondissement de Paris, par lequel de nombreux spectateurs du Bataclan avaient fui l’attentat dans lequel 90 d’entre eux ont été tués, le 13 novembre 2015. Trois hommes masqués sont sortis du véhicule pour découper les gonds avec des disqueuses alimentées par un groupe électrogène. En moins de dix minutes, ils ont embarqué l’œuvre, protégée par une vitre en plexiglas.
Disqueuses volées en Isère
Ce vol «minutieusement préparé», selon les mots de la juge d’instruction chargée du dossier, sera finalement élucidé via une information venue d’Isère, transmise aux policiers parisiens en novembre 2019. Trois hommes y sont soupçonnés d’avoir cambriolé un magasin de bricolage, douze jours avant le vol. Parmi les objets dérobés… des disqueuses et des groupes électrogènes. Leurs téléphones ont en outre révélé qu’ils étaient ensemble à Paris, la nuit des faits. Les lignes des trentenaires et de leurs proches furent alors placées sur écoute: dans des conversations, le vol était ouvertement évoqué.
Peu à peu, les enquêteurs ont retracé le parcours de la porte: l’Isère, le Var, puis Tortoreto, dans les Abruzzes. C’est dans une ferme de Sant’Omero, à une quinzaine de kilomètres de là, qu’elle a finalement été découverte, le 10 juin 2020.
Interpellés, les trois hommes ont confessé le vol, deux d’entre eux ne revendiquant qu’un rôle d’exécutant. Un quatrième homme, celui qui a réceptionné la porte dans le Var, est soupçonné d’en avoir «commandé» le vol. Ce quadragénaire, qui dit avoir gagné 7,5 millions d’euros au loto, a créé la marque de T-shirts de luxe «BL1.D», dont la signature est un véritable lingot d’or 18 carats cousu sur l’encolure.
«Qu’est-ce que tu veux que j’en foute, de ton truc?»
Lors de ses auditions, il a contesté avoir ordonné le vol et assure avoir été mis «devant le fait accompli», avant de décider «d’éloigner le problème» vers l’Italie. «Regarde ce que je t’ai ramené», lui aurait dit, selon son récit, un des trois hommes. «T’es fou, qu’est-ce que tu veux que j’en foute, de ton truc?» aurait-il répliqué.
Le cambrioleur a confirmé cette version. Il affirme avoir pensé que son ami, amateur de street-art et fortuné, pourrait revendre la porte et l’œuvre. D’autres protagonistes ont pourtant parlé d’une «commande». Enfin, les quatre derniers prévenus, âgés de 31 à 58 ans, sont soupçonnés d’avoir transporté l’œuvre.