HOCKEY SUR GLACEJan Cadieux: «On veut écrire l’histoire et laisser un héritage»
L’entraîneur de GE Servette, qui a battu Zoug samedi (3-2) pour boucler la série (4-1), s’est vite projeté vers l’ultime étape: la finale de National League, dès vendredi contre Bienne.
- par
- Simon Meier
Comment décririez-vous votre émotion, quelques minutes après cette qualification pour la finale de National League?
Il y a beaucoup de fierté, pour les joueurs et pour le club, quand je repense à tout ce qui a été accompli depuis le 19 avril dernier, jour où nous avions commencé l’aventure avec la reprise des entraînements d’été. Presque un an plus tard, on se retrouve en finale. Donc il faut être fier du chemin parcouru même si, à la fin, ça ne veut pas dire grand-chose. On va profiter de ça quelques minutes, puis on va se concentrer sur la dernière étape, avec cette finale contre Bienne.
Une nouvelle fois menée au score, votre équipe est restée calme, comme si rien ne pouvait lui arriver. C’est ça, la confiance?
Oui, on a été confiants. On n’a jamais paniqué, même si on aurait dû marquer le 2-0 voire le 3-0 plus tôt. On a travaillé fort et on a continué à croire en nous. Sur le banc, les gars n’ont jamais paniqué. A la fin du deuxième tiers, le message était simple: on est capables de le faire et on va le faire. Donc il fallait rester tranquilles et continuer à jouer notre hockey.
Lors de ses trois premières finales, Genève était clairement l’outsider. Ce coup-ci, c’est différent, non?
Les pronostics, ce ne sont pas mes affaires. A vous de faire vos devoirs, de vous amuser à essayer de déterminer un favori. Ce n’est pas à moi de le faire, j’ai déjà assez de travail et, pour une fois, je lirai peut-être les journaux pour voir ce que vous en pensez - non, ce n’est pas vrai, je ne lirai toujours pas les journaux (rires).
Même si votre objectif est ailleurs, que vous inspire le fait que le hockey romand soit désormais assuré de retrouver un titre de champion, quarante ans après?
Je suis juste content pour les fans. La géographie, même si j’adorais cette branche à l’école, ça m’est un petit peu égal. La seule chose que je veux, c’est que GE Servette soit champion. La provenance de l’adversaire, ce n’est pas trop un souci. Si on regarde, je vois que les deux meilleures équipes de la saison, qu’elles avaient terminée avec le même nombre de points, se retrouvent en finale. Après, à vous de vous amuser à établir qui est le favori. Pour les fans de hockey, ça va être fun et je pense que le produit hockey va en sortir grandi.
Sentez-vous un petit parfum d’histoire s’installer?
Depuis le premier jour, on en parle en équipe. C’est ce qu’on essaie de chasser: écrire l’histoire et laisser un héritage pour les gens qui seront là après nous. C’est l’objectif ultime. Malheureusement, j’ai déjà perdu trois finales avec Genève (ndlr: 2008 et 2010 sur la glace, 2021 en tant que coach assistant). On va tout faire pour que celle-là soit la bonne.
A titre plus personnel, comment vivez-vous ces premiers play-off de coach principal?
Chaque jour est une nouvelle expérience. Pour un jeune entraîneur, tout est nouveau, c’est un apprentissage pour moi aussi. Mais j’ai assez d’énergie pour affronter tout ça et il y aura des vacances à la fin de la saison. A chaque fois que je pousse la porte de la patinoire, je suis heureux. Je suis plus heureux ici qu’à la maison - sans manquer de respect à ma femme, qui le sait et en rigole. Il reste trois semaines de travail et ensuite, on aura le temps de se changer les idées.
«Tout est nouveau», dites-vous. Y a-t-il un truc en particulier que vous ayez appris ces dernières semaines?
Durant le quart de finale contre Lugano, j’ai appris à gérer mes émotions de manière différente que l’année passée en préplay-off. Cette deuxième série contre Zoug a constitué, tactiquement, un bel apprentissage aussi. Tout ce qu’on a mis en place pour les déranger a marché, c’était intéressant. En face, il y avait quand même le maître depuis quatre ans (ndlr: Dan Tangnes). Je lui ai dit sur la glace que je m’excusais presque de le battre, parce que j’ai énormément de respect pour ce qu’il a fait pour le hockey suisse. Je suis très heureux que nous ayons battu cette équipe, mais tout le mérite en revient aux joueurs.
On dit d’une équipe qu’elle prend confiance. Et un entraîneur?
On apprend. On traverse tous des bons et des moins bons moments, il y a toujours une première pour tout. Le plus important, c’est d’apprendre. Je me vois comme un élève du hockey et j’essaie d’apprendre tous les jours. Et le jour où je n’aurais plus cette passion, cette envie, j’espère que j’aurai le courage d’arrêter de moi-même. Parce que si on ne veut plus avancer, on n’avance pas. Je vais profiter aussi de chaque moment de cette finale et tout donner pour qu’elle soit belle.
Et votre barbe magique, qui compile désormais six victoires en sept matches de play-off… Il se passe vraiment un truc, non?
(Il rigole). On verra. Tout ce que je peux vous dire, c’est que mes enfants en ont marre, parce qu’elle n’est pas douce.