ConfédérationToujours plus de fonctionnaires: le Conseil fédéral tance le parlement
Un élu veut que la Confédération limite ses effectifs en personnel. Celle-ci lui répond que si elle doit engager du monde, c’est justement à cause des élus et de leurs votes.
- par
- Yannick Weber
Entre les lignes, le Conseil fédéral lui a dit: «Si vous cherchez un coupable, regardez-vous dans un miroir.» Le gouvernement a répondu la semaine dernière à une motion déposée par le conseiller national Mike Egger (UDC/SG), qui exige de faire décroître le personnel engagé par la Confédération et de limiter les dépenses qui lui sont liées. Au budget 2022, Berne tablait sur 38’000 équivalents plein-temps dans l’Administration fédérale, alors qu’ils étaient 32’000 quinze ans plus tôt. La demande de Mike Egger: ramener ce chiffre à 35’000 dans un délai de quatre ans.
Le Conseil fédéral rejette sa proposition dans une réponse teintée d’une légère ironie. Premier rappel: les tâches que doit remplir la Confédération sont définies par le même parlement dans lequel siège Mike Egger. Et celui-ci ne ferait rien pour aider à les limiter, bien au contraire. «Pour atteindre l’objectif en matière de baisses des charges et des effectifs visé par l’auteur de la motion, les Chambres fédérales devraient considérablement réduire les tâches de l’administration et décider d’en supprimer certaines. Or leurs récentes décisions devraient conduire à une nouvelle hausse des effectifs», note le Conseil fédéral.
Le gouvernement rappelle en outre que l’ampleur de certaines tâches, et donc de l’effectif de personnel qui les accomplit, échappe au contrôle des autorités. Sont cités en exemple l’asile et l’arrivée des réfugiés ukrainiens, qui «peuvent également contribuer à ce que les effectifs augmentent plutôt qu’à ce qu’ils diminuent dans un avenir proche».
Salaires aussi dans le viseur
Mike Egger remarque que «le salaire moyen dans l’Administration fédérale a augmenté de près de 17’000 francs depuis 2007 pour atteindre 126’000 francs», et que cela devrait inciter à un programme d’économies. Il estime injustifié que les salaires dans le public soient plus élevés que dans le secteur privé. Le Conseil fédéral rétorque que l’augmentation des charges salariales est proportionnelle à l’augmentation des dépenses totales de la Confédération et se vante même de son efficience. «Les dépenses de personnel ont été maintenues à quelque 8% des dépenses totales ordinaires de la Confédération ces dix dernières années, malgré les défis croissants posés à l’Administration fédérale», dit-il.