Football - Le FCZ est un leader sans ballon

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FootballLe FCZ est un leader sans ballon

Zurich, qui accueille Servette mardi (20h30), mène la Super League. Pourtant, il a le ballon moins de 40% du temps.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Avec Assan Ceesay, André Breitenreiter possède un attaquant à même de faire fructifier parfaitement son plan de jeu.

Avec Assan Ceesay, André Breitenreiter possède un attaquant à même de faire fructifier parfaitement son plan de jeu.

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Il y a de l’ombre en Super League. Le duel entre Young Boys et Bâle prend toute la lumière. Il fait parler, surtout avec des Rhénans remis sur de bons rails. Et pourtant, aucun des deux cadors ne mène pour l’instant le Championnat. Et bien que balayé 4-0 par YB il y a dix jours au Wankdorf, le FC Zurich fait son chemin en tête du classement, avant de recevoir Servette mardi soir (20h30) au Letzigrund. Avec un style pas loin d’être radical.

En effet, dirigé depuis cet été par André Breitenreiter (ex-Schalke 04 et Hanovre) qui avait succédé à Massimo Rizzo, le FCZ a sa formule bien à lui de faire des points. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le ballon n’est pas au centre du projet. La formation de l’entraîneur allemand est en effet celle qui affiche la possession la plus faible de Super League. Et de manière très franche.

Avec une moyenne de 38,2% de possession de balle en moyenne, les Zurichois sont même largement derrière tout le monde. Logiquement, de par leur statut de puissant, Young Boys et Bâle mènent la danse. Personne ne parvient vraiment à leur contester la maîtrise du ballon. Et pas plus ne semble le désirer. Reste que lorsque Zurich est sur le terrain, alors à peu près tout le monde a le droit et le temps de s’amuser à trouver la solution avec la balle. Sur les six premières journées de Championnat, il n’y a en fait qu’une seule fois où le FCZ a eu plus de possession que son adversaire: lors du derby remporté 2-1 contre GC le 21 août dernier, lorsque les Sauterelles avaient passé toute la deuxième période à dix contre onze. Et si on ne tient pas compte de cette rencontre, alors la moyenne globale zurichoise est de 35%.

Bloc médian mais pas attentiste

Cela n’est pas rédhibitoire. Au contraire, c’est un choix. Il est même gagnant pour l’instant. Car il s’accompagne de principes forts. Il y a par exemple le fait de vouloir gêner l’adversaire de manière proactive. Toujours organisé avec une défense centrale à trois (Omeragic-Kryeziu-Aliti, généralement) et deux extérieurs relativement bas sans ballon (Guerrero à gauche, Boranijasevic ou Rohner à droite), le FCZ est plutôt prudent. Il densifie notamment l’axe, avec deux milieux et deux attaquants, plus un Marchesano plus ou moins haut selon l’adversité.

Il n’empêche, Breitenreiter a des ambitions sans ballon. Notamment le fait d’éviter de trop subir. Plus les matches ont avancé, plus le bloc zurichois a gagné du terrain. Les dernières sorties, notamment celle contre YB, ont révélé une équipe ambitieuse, avec un bloc médian mais qui savait lire les situations pour se rendre agressif. Ousmane Doumbia est particulièrement important dans cette approche. Il est le joueur de Super League à disputer le plus de duels défensifs, et dans le top 3 de ceux qui en remportent le plus (74% de réussite). Le modèle de jeu valorise ses qualités de récupération.

Zurich n’a donc pas pour ambition d’être attentiste. Ne pas avoir le ballon n’en fait pas pour autant une équipe résolument défensive. Même si, de fait, elle se met en position de devoir plus défendre son but que les autres. Il s’agit ainsi de la formation qui a concédé le plus de tirs sur son but (près de 17 par match, en moyenne). Mais elle accorde globalement des positions de frappe peu dangereuse: les opportunités qu’elle laisse à l’adversaire ont en moyenne 10% de chance de se terminer en but selon le modèle des Expected Goals. Seul GC est plus conservateur en la matière. Autrement dit, le FCZ défend bien sa surface et «offre» surtout des tirs lointains. Mais il sait surtout se créer des situations très favorables.

Se projeter vite, mais en nombre

Un chiffre permet de saisir cette capacité à être dangereux à chacun de ses tirs ou presque. Lorsqu’un Zurichois tente sa chance, il a 15,3% de chance de marquer. C’est élevé. Très élevé même, et il n’y a que Bâle qui soit encore meilleur dans ce domaine. André Breitenreiter a-t-il donc une formule magique? Comment Zurich fait-il pour se créer d’énormes occasions en ayant très peu le ballon? C’est la combinaison de ses principes qui permet d’y parvenir.

Zurich n’a pas l’objectif d’avoir le ballon, mais de le récupérer avec son bloc médian et agressif. Et donc de jouer à fond la carte des transitions offensives, en se projetant le plus vite possible vers l’avant. À la perte de balle, l’adversaire est exposé: il court donc le risque d’offrir des situations très favorables au FCZ. C’est en effet ce qui se passe. Breitenreiter construit son équipe dans ce sens: avec Assan Ceesay, déjà trois buts cette saison, il a un attaquant particulièrement rapide, prompt à démarrer ses courses dès qu’un coéquipier récupère la balle. Il est presque mécaniquement cherché à chaque fois.

Le projet est assumé: Zurich a inscrit une grande partie de ses buts de la sorte. Soit directement, soit indirectement (en obtenant des coups de pied arrêté, une phase de jeu sur laquelle il a marqué cinq de ses treize buts). Cela tient aussi à la capacité de toute l’équipe de se projeter. Côté gauche, Adriá Guerrero est toujours dans le coup, alors que Ceesay peut compter sur le soutien de Gogia, Marchesano, d’un milieu (Doumbia ou Krasniqi) ou encore de l’extérieur droit.

C’est donc la recette de Zurich: être à même de sentir les coups et de faire fructifier au mieux n’importe quelle situation. C’est celle qui l’a porté au sommet de la Super League après six journées. Mais son trône provisoire est déjà en danger: si Servette venait à s’imposer au Letzigrund mardi, le leader serait Genevois. Et beaucoup plus sensible à la tenue du ballon.

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