Mort de Mahsa AminiA l’approche de l’anniversaire, la répression s’accroît en Iran
Selon des militants, l’Iran multiplie les arrestations de personnalités, d’activistes et de proches des personnes tuées par les forces de sécurité durant les manifestations de l’an dernier.
À l’approche du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, l’Iran multiplie les arrestations de personnalités, d’activistes et de proches des personnes tuées par les forces de sécurité durant les manifestations de l’an dernier, assurent des militants. La mort en détention le 16 septembre 2022 de cette Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée pour une infraction présumée au code vestimentaire des femmes, avait déclenché des mois de manifestations hostiles au pouvoir.
Intensification de la répression
Depuis, les manifestations ont nettement décru mis à part quelques actions sporadiques, en raison d’une répression qui a conduit à des milliers d’arrestations, selon l’ONU, et à des centaines de morts, selon des militants des droits humains. Des activistes en exil affirment aujourd’hui que les autorités, craignant de nouvelles manifestations à l’occasion du premier anniversaire de la mort de la jeune femme, ont intensifié la répression.
Parmi les personnes arrêtées au cours de ce mois d’août, figure le célèbre chanteur Mehdi Yarrahi, auteur d’une chanson exhortant les femmes à retirer leur foulard. Onze militantes des droits des femmes ont aussi été arrêtées dans la province de Gilan (nord), l’une des zones les plus touchées par les manifestations l’an dernier, selon l’ONG Human Rights Activists News Agency (HRANA) basée aux États-Unis.
«La cruauté des autorités iraniennes ne connaît pas de limites»
«Ces arrestations constituent une tentative flagrante des autorités iraniennes pour semer la peur au sein de la population à l’approche du prochain anniversaire (et) pour dissuader de nouvelles manifestations», a déclaré à l’AFP Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Center for Human Rights in Iran (CHRI), basé à New York.
Un rapport d’Amnesty indique que des familles de victimes de la répression ont fait l’objet d’interrogatoires abusifs, d’arrestations et de détentions arbitraires, de poursuites et de condamnations injustes ces derniers mois. «La cruauté des autorités iraniennes ne connaît pas de limites», a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, accusant les autorités iraniennes de «tentative sinistre de dissimuler leurs crimes».
486 personnes exécutées cette année
Dans un rapport distinct, Amnesty a dénoncé le retour de la répression contre les femmes non voilées, avec patrouilles et caméras. Mais des images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent que la désobéissance ne faiblit pas. Pour sa part, l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, a affirmé que 486 personnes avaient été exécutées en Iran cette année pour «susciter la peur dans la société et empêcher de nouvelles manifestations».
Alors que sept hommes ont été exécutés en lien avec les manifestations, provoquant un tollé international, la plupart des personnes pendues l’ont été officiellement pour trafic de drogue et meurtre et sont des «victimes bon marché de la machine à tuer de la République islamique», a-t-elle ajouté.
Des arrestations ont également été signalées dans la région à majorité kurde de l’ouest de l’Iran d’où Amini était originaire et qui a été le théâtre des premières manifestations. Selon Hengaw, Saro Mostajer, le frère de l’un des membres de son conseil d’administration, Jila Mostajer, a été arrêté à Saqez, la ville natale d’Amini, et conduit vers une destination inconnue.
L’avocat d’Amini est jugé
Le procès de l’avocat de Mahsa Amini s’est ouvert à Téhéran pour «propagande contre la République islamique», a indiqué mercredi, un média local. La première audience du procès de Me Saleh Nikbakht «s’est tenue mardi et l’accusation d’activité de propagande contre la République islamique lui a été notifiée pour s’être entretenu avec des médias étrangers et locaux, notamment concernant l’affaire Mahsa Amini», a indiqué son avocat, Me Ali Rezaï, cité par le quotidien Etemad.
L’avocat de Me Nikbakht, qui a comparu libre, a plaidé pour son acquittement en affirmant que son client avait «seulement critiqué la gestion du pays par les autorités» dans ses interviews, selon Etemad. S’il est condamné, Me Nikbakht risque une peine d’emprisonnement de trois mois à un an. Fin septembre 2022, il avait indiqué que la famille Amini avait porté plainte contre les policiers ayant arrêté la jeune fille.