Réforme des retraites en FranceMacron accepte «l’impopularité» et reste ferme face aux manifs
Le président français souhaite que la contestée réforme des retraites soit appliquée «avant la fin de l’année», déclarant n’avoir «pas de regrets» sur ce texte «nécessaire».
Emmanuel Macron persiste et signe: la très contestée réforme des retraites doit être appliquée «avant la fin de l’année», a réaffirmé sur TF1 et France 2 le chef de l’État qui accepte «d’endosser l’impopularité» et campe sur sa ligne de fermeté face aux débordements dans la rue. Le président français a tenté de tracer des perspectives à court terme, mais il a avant tout dû une nouvelle fois plaider pour une réforme «nécessaire» qu’il ne conduit pas «par plaisir».
«Je n’ai pas de regrets», si ce n’est de ne «pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité» de la réforme, a-t-il dit. Mais «il n’y a pas 36 solutions» que de travailler davantage face à «toutes les oppositions». Le chef de l’État épingle ces dernières en disant que pour elles, «le projet», «c’est le déficit».
Syndicats outrés
Un entretien présidentiel qui a immédiatement fait bondir les organisations syndicales, qui préparent une 9e journée de grèves et de mobilisations jeudi. «Du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent», a cinglé le patron de la CGT, Philippe Martinez. «Déni et mensonge», a fulminé Laurent Berger, alors qu’Emmanuel Macron venait d’affirmer que le patron de la CFDT avait proposé «d’augmenter les durées» de travail.
Le président français, qui avait écarté mardi toute perspective immédiate de remaniement, de dissolution ou de référendum, a égrené les arguments déployés par son camp depuis l’activation du 49.3 sur cette réforme controversée et la motion de censure contre son gouvernement qui a échoué à neuf voix près.
Cette réforme a été «enrichie par les parlementaires», «votée par le Sénat» et «adoptée par l’Assemblée suite à l’utilisation de l’article dit 49.3, et donc par un vote d’une motion de censure contre le gouvernement qui a échoué», a plaidé Emmanuel Macron, dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel.
«S’il faut endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai», a assumé le chef de l’État qui est revenu sur ses déclarations de la veille à l’Élysée devant des parlementaires de sa majorité, sur «la foule» qui n’a «pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus.»
Capitole et Brasilia
Des propos qui visaient les élus ciblés par les violences, a-t-il assuré mercredi, citant l’invasion du Capitole par les partisans de Donald Trump et des lieux de pouvoirs à Brasilia par ceux de Jaïr Bolsonaro. «On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions», a-t-il martelé mercredi.
Le président «vit en dehors de toute réalité» et prodigue ses «traditionnelles marques de mépris», s’est insurgé après l’interview Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise (gauche radicale). «Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé», a métaphorisé le patron du PS Olivier Faure, pour qui le chef de l’Etat «ressert cent fois les mêmes recettes» et «cherche le pourrissement».
Après plus de deux mois de contestation, les manifestations se sont multipliées depuis le 49.3. Mercredi, plusieurs actions de blocage contre la réforme des retraites, touchant dépôts pétroliers, ports, routes, le secteur électrique et une université se sont déroulées à travers le pays.
Confiance en Élisabeth Borne
Désireux de sortir de cette séquence «retraites», le président a tenté mercredi de donner des perspectives. Charge à la Première ministre Élisabeth Borne, à qui il a renouvelé sa confiance, de «bâtir un programme de gouvernement» susceptible «d’élargir» la majorité relative à l’Assemblée, dans une démarche de «co-construction d’un agenda parlementaire avec l’ensemble des forces des deux chambres».
Le président veut également «réengager» un dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail. Mais «il faut attendre quelques jours, quelques semaines», a-t-il observé, alors que les syndicats, jeudi, battront à nouveau le pavé.
Ne ratez plus aucune info
Pour rester informé(e) sur vos thématiques préférées et ne rien manquer de l’actualité, inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque jour, directement dans votre boite mail, l'essentiel des infos de la journée.