New York130 000 dollars pour le livre imbrûlable de La servante écarlate
Les enchères ont flambé pour acquérir cet exemplaire unique du roman de Margaret Atwood, conçu comme résistant à tout, même à la censure.
- par
- Michel Pralong
Il était estimé entre 50’000 et 100’000 dollars. Les enchères en ligne se sont achevées mardi 7 juin chez Sotheby’s à New York et cet exemplaire du roman «La servante écarlate» de Maragaret Atwood a finalement trouvé preneur pour 130’000 dollars.
Qu’est-ce qui justifie un tel prix? Il s’agit là d’un exemplaire unique, conçu pour résister aux flammes. Il a en effet été imprimé sur des feuilles d’aluminium stables jusqu’à 660 °C, cousu à la main avec du fil de nickel résistant jusqu’à 1400 °C et la couverture est acier inoxydable tissé, utilisé dans la fabrication aérospatiale, pouvant supporter les 1530 °C. Même les encres utilisées ne craignent rien jusqu’à 1200 °C.
Pourquoi de telles précautions? C’est en fait un symbole contre la censure: vous pouvez toujours essayer de jeter ce livre au feu, cela ne lui fera rien. Et cette action a été imaginée suite à la multiplication des cas de censures de livres dans les écoles américaines, résultat d’une poussée du conservatisme dans le pays. Les bénéfices de cette vente sont d’ailleurs versés à l’association PEN America qui défend la liberté d’expression.
«Je suis très heureuse que ce livre unique en son genre ait permis de récolter autant d’argent pour PEN America», a déclaré Margaret Atwood, 82 ans, dans un communiqué, relayé par CNN. La Canadienne avait d’ailleurs apporté sa contribution en se faisant filmer tentant de brûler le livre au lance-flammes.
Son célèbre roman, «La servante écarlate», a lui-même fait l’objet de diverses interdictions depuis sa parution en 1985. Il décrit une société totalitaire dans laquelle la femme est rabaissée, au service de l’homme et n’a pas accès notamment à l’éducation et donc à la lecture.