FootballIvan Rakitic: «J’aurais été tout aussi heureux de jouer avec la Suisse»
Le milieu du FC Séville, finaliste du Mondial 2018 avec la Croatie, revient sur les conditions qui l’ont fait changer de choix de sélection au printemps 2007.
- par
- Simon Meier
Sans que ce soit son but évidemment, Ivan Rakitic est venu raviver quelques regrets dans les chaumières helvétiques. Invité par «Oh my goal», qui diffuse des entretiens avec des footballeurs sur les réseaux sociaux, le milieu croate du FC Séville est revenu sur sa décision de ne pas porter le maillot de l’équipe de Suisse… alors qu’il était pourtant décidé à le faire.
«J’ai commencé à jouer pour la Suisse en M15, alors que j’étais chez les jeunes du FC Bâle, rappelle celui qui a vu le jour le 10 mars 1988 à Rheinfelden. Ensuite, j’ai continué à représenter ce pays, dont j’ai obtenu la nationalité à 12 ou 13 ans. C’était une sensation incroyable de représenter le peuple suisse et pendant ces années, c’était clair pour moi que je jouerais avec la sélection nationale suisse. Et puis j’ai franchi les étapes, M16, M18, M21… Soyons très clairs, à un moment, j’étais beaucoup plus proche de jouer avec la Suisse qu’avec la Croatie. Parce que j’y évoluais depuis cinq ans déjà et que j’étais reconnaissant de tout ce que le pays avait fait pour moi.»
À entendre le milieu de terrain, tout a basculé au printemps 2007, au moment où il s'apprêtait à être transféré de Bâle à Schalke. «C’était incroyable, parce que les gens de la sélection croate, le président de la fédération à l’époque et le sélectionneur me voulaient, se souvient l’ex-joueur de Barcelone. Slaven Bilic était fou, il m’appelait tous les jours, il est venu me voir six fois en Suisse. Il a tout fait pour me faire changer d’avis. Je suis sûr que si Slaven n’avait pas fait tout ça pour moi, aujourd’hui, vous parleriez avec un joueur de la sélection suisse.»
Le 27 mars 2007, Ivan Rakitic porte un maillot rouge à croix blanche pour la dernière fois, à l’occasion d’un amical avec les M21 de Bernard Challandes, perdu contre la Bosnie (1-0). Six mois plus tard, il effectue ses grands débuts avec la Croatie, à 19 ans. «Finalement, j’ai décidé d’écouter ce que mon coeur voulait, continue le milieu offensif. C’était une décision en faveur de la Croatie, jamais contre la Suisse. J’aurais été tout aussi heureux de jouer pour la Suisse. Mais le coeur a ses raisons que la raison ignore.»
Une chose paraît certaine: le droitier, qui a compilé 106 sélections sous le maillot à damier jusqu’à sa retraite internationale en septembre 2020, n’aurait sans doute pas disputé une finale de Coupe du monde, en l’occurrence perdue contre la France à Moscou en 2018 (4-2), s’il avait opté pour la filière helvétique.
Avec le recul, Rakitic ne formule naturellement pas le moindre regret, sinon un: «Les mois qui ont suivi mon choix ont été difficiles, car mes parents sont restés vivre en Suisse et les choses n’ont pas été simples pour eux, se souvient-il. Les gens ont parfois mal réagi. Je veux essayer de les comprendre mais non, ce n’était vraiment pas facile. Ce sont des choses qui font parfois partie du sport, mais c’était une période compliquée pour mes parents et moi.» De même que pour les chaumières helvétiques, qui venaient de laisser échapper l’un des plus brillants talents jamais élevés à l’intérieur des frontières.