Cyclisme: Küng: «Pas de mauvais souvenirs quand je suis remonté en selle»

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CyclismeKüng: «Pas de mauvais souvenirs quand je suis remonté en selle»

Le Suisse de 30 ans repart déjà sur une nouvelle saison avec son équipe de la Groupama-FDJ, quelques mois après avoir fait une grosse frayeur à ses suiveurs.

Robin Carrel Paris
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Robin Carrel Paris
Le demi-Liechtensteinois lors de la conférence de presse de présentation de son équipe.

Le demi-Liechtensteinois lors de la conférence de presse de présentation de son équipe.

RCA

Il est de retour! Quelques mois après avoir donné une grosse frayeur à ses supporters et aux téléspectateurs, Stefan Küng repart pour un (World) tour. Le Suisse de la Groupama-FDJ est assez vite remonté en selle et on a profité de la présentation de son équipe, mercredi matin à Paris, pour prendre de ses nouvelles et évoquer ses objectifs pour l’année 2024, lui qui est presque devenu un «vétéran», à 30 ans, au sein de la formation française, la plus jeune du plateau cette saison.

Stefan, on se rappelle tous comment vous avez fini l’année dernière… Comment ça s’est passé depuis?

Tout va bien! La préparation pour la nouvelle saison est en cours. Elle n’a pas été affectée pas les blessures consécutives à la chute. La chose qui m’a le plus pénalisé, c’était la main. Parce que j’ai eu deux fractures d’os du métacarpe et j’ai dû être opéré. C’est ça qui a défini la longueur de ma coupure cet hiver. J’ai toutefois pu reprendre après cinq semaines et demie et j’ai été suivi par les docteurs et les chirurgiens. Tout va bien! J’ai travaillé à la rééducation et au renforcement. Ce dernier, pas à cause de ma chute, mais parce qu’on voulait le faire cette fois. Ça n’avait rien à voir avec l’accident. On a bossé aussi sur la préparation, plus spécifique sur le vélo. Tout est parfaitement en cours pour ma reprise dans les pelotons au Tour d’Algarve (ndlr: du 14 au 18 février).

Et dans la tête? C’était comment de remonter sur le vélo la première fois?

Je n’ai pas eu de soucis et pas de mauvais souvenirs quand je suis remonté en selle. Peut-être aussi parce que je ne me souviens pas de ma chute (rires)! Je n’ai pas de séquelles mentales de cette cabriole. Je me suis demandé ensuite si une appréhension allait m’envahir quand j’allais atteindre de hautes vitesses, mais en fait pas du tout. Je comprends que ça puisse avoir l’air un peu paradoxal… Mais ma chute, ce n’était pas une erreur de pilotage, parce que j’aurais pris trop de risques dans un virage. C’était vraiment un accident inutile et évitable. Du coup, sur ce jour précis, il y a sans doute des reproches à me faire de mon côté. Mais pas d’une manière générale. Il n’y a rien à remettre en cause au niveau de mes qualités.

L’image dont tout le monde se souvient… sauf Stefan.

L’image dont tout le monde se souvient… sauf Stefan.

DR

Et ça a lancé des débats assez intéressants. Parce que les gens qui ne connaissent pas le vélo n’ont pas vraiment compris ce qu’il s’était passé…

Mais lors des contre-la-montre, on est tellement dans les automatismes! Après une chute, le premier instinct d’un coureur, c’est de remonter immédiatement sur le vélo. C’est aussi la seule idée qui traverse l’esprit d’un directeur sportif et d’un mécanicien, derrière, dans la voiture. Mon mécano m’a dit que, quand il m’a vu tomber, il était déjà presque en train de préparer le vélo de rechange avant que j’aie touché le sol! On n’attend pas que le mec soit sur le bitume, tu fais ton boulot. Et ça va tellement vite… Même moi, à peine debout, je réclame déjà ma machine de rechange. Tout se passe tellement rapidement. Après, au ralenti devant ta télé, tu vois tout et c’est facile de tirer des conclusions. Mais pour nous, tout se passe en accéléré. Les gens de mon équipe, 25 mètres derrière mois dans la voiture, ils n’ont pas eu le temps de se demander si du sang coulait. Ça n’aurait peut-être pas dû se passer comme ça, c’est vrai. Mais il ne faut surtout pas mettre la faute sur le mécanicien ou le directeur sportif. Si ça devait être le rôle de quelqu’un, ce serait celui d’un officiel. C’est à lui de dire stop. Comme au football, c’est l’arbitre qui fait sortir un joueur parce qu’il saigne du nez. Et je ne dis pas ça pour protéger les gens de Swiss Cycling, hein. Tout le monde a fait son boulot avec les meilleures intentions du monde ce jour-là. Personne n’a voulu sciemment me faire prendre des risques. On est toujours bien plus intelligent après.

Au programme cette saison, vos grands objectifs sont les Classiques de printemps, les JO de Paris et les Mondiaux de Zurich. Juste?

Oui. C’est à la fois dense et de très grands objectifs. Mais ils sont aussi très espacés dans la saison. C’est ça qu’on a appris de l’année 2023, où j’avais participé aux Classiques, avant de courir 10 jours sur le Giro puis d’être aligné sur le Tour de France. C’était peut-être trop dur pour ma manière d’aborder les courses. Là, je vais courir moins pour avoir droit à une vraie phase de préparation avant chaque épreuve que je vise. C’est aussi pour ça que je reprends un peu plus tard cette saison, afin de faire le boulot comme il le faut. Dans la foulée des Classiques, on ne va plus me voir sur un vélo avant le Tour de Suisse. Ça m’offrira un grand bloc d’entraînement pour être prêt.

Les stars de la Groupama-FDJ version 2024, avec Marc Madiot, Valentin Madouas, Stefan Küng, Romain Grégoire, Lenny Martinez et Philippe Mauduit.

Les stars de la Groupama-FDJ version 2024, avec Marc Madiot, Valentin Madouas, Stefan Küng, Romain Grégoire, Lenny Martinez et Philippe Mauduit.

RCA

Votre équipe est la plus jeune du World Tour, avec un peu plus de 26 ans de moyenne d’âge. Vous êtes presque un vétéran, ça y est…

On en a parlé hier soir (ndlr: mardi), en mangeant avec les jeunes de l’équipe. Il y en a un qui m’a demandé si j’avais déjà pensé à ce que j’allais faire après (rires)! C’est normal… Depuis toujours ou presque, j’ai dit que je ferai du vélo jusqu’à 35 ans. Là, j’en ai 30. Donc oui, ma carrière est plus proche de la fin que du début. J’ai déjà 10 ans de professionnalisme derrière et moi et, pendant ce temps-là, ce sport a tellement changé, c’est ouf. Là on court avec des bicyclettes tubeless. À mes débuts, c’était tout juste arrivé dans le VTT et là c’est normal. C’est pareil pour l’aérodynamique, le développement du matériel, la nutrition, le suivi médical, le paramédical… Ça évolue tout le temps! Au sein de l’équipe, par contre, on vit un peu un nouveau départ. Deux anciens champions sont partis (ndlr: Thibaut Pinot à la retraite et Arnaud Démare chez Arkéa) et les «anciens» actuels, on n’a pas le même statut qu’eux. Valentin (ndlr: Madouas), Davis (ndlr: Gaudu) ou moi, on n’est un peu les «nouveaux anciens». Mais pas tant que ça quand même. Je suis vieux, j’ai de l’expérience, mais je me sens aussi jeune que les moins âgés du groupe!

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