FootballLa Suisse face à la difficulté de gérer un avantage
À l’instar de Xherdan Shaqiri, la Suisse avait toutes les raisons de croire à la victoire contre la Roumanie lundi. Mais elle regrette la tournure que le match a prise.
- par
- Valentin Schnorhk Lucerne
Deux matches, deux situations comparables sur le papier: la Suisse mène 2-0 à la pause, semble s’endormir et laisse l’adversaire revenir dans le match. Que ce soit en Andorre vendredi ou contre la Roumanie lundi à Lucerne, l’équipe nationale a fait face à des scénarios comparables. Sauf que pour cette deuxième affiche, elle a fini par craquer, concédant l’égalisation 2-2. Comme si le plus dur n’était pas d’ouvrir le score, mais de gérer l’avantage.
«On ne peut pas comparer ces deux matches, balaye de son côté Granit Xhaka. Notre performance contre la Roumanie était trois niveaux au-dessus de celle en Andorre. Nous avons fait un super match. C’est vraiment dommage.» On peut le dire et le constater avec le capitaine de l’équipe de Suisse. On peut aussi s’interroger sur ce qui participe d’un tel écroulement en fin de rencontre. «Je pense que nous avons fait un peu plus d’erreurs en deuxième période qu’en première, mais en étant toujours dominants, insiste Xhaka. Il ne faut pas oublier que la Roumanie a de la qualité, mais nous aurions dû mieux gérer la situation après le 2-1, plus garder la balle.»
Peut-être que le problème n’est pas défensif. Peut-être que ce n’est pas non plus un «miracle», comme l’a supposé Murat Yakin. Sans doute qu’il y a derrière tout ça une affaire d’efficacité offensive. «Nous aurions dû plier le match avant», assénait Renato Steffen. Considération partagée par le directeur des équipes nationales Pierluigi Tami: «Il nous a peut-être manqué cet instinct de tueur pour plier le match, parce que pour moi nous avons tout bien fait.» Ou presque, donc.
Shaqiri aurait «dû marquer»
Cela ouvre une autre perspective pour le Tessinois. Il prend de la hauteur: «Je crois que la Suisse est désormais entrée dans une autre dimension: elle domine les matches, mais elle n’a pas encore fait ce pas décisif qui lui permette de marquer deux ou trois buts avec peu d’occasions. Nous devons créer beaucoup pour y parvenir. Et quand tu mènes 2-0, c’est assez dangereux: la sécurité peut vite se transformer en insécurité. Et la Roumanie a senti qu’il y avait quelque chose à faire et elle en a profité.»
Certes. C’est aussi là que le football échappe au rationnel. L’adversaire le plus dominant ne gagne pas à chaque fois. Une domination, cela se concrétise. Et cela aurait donc dû être fait relativement tôt dans le match. On pense forcément à l’action de Xherdan Shaqiri parfaitement servi par Granit Xhaka juste après la pause. «Je suis très déçu de ne pas avoir marqué ce troisième but, a regretté le meneur de jeu de l’équipe nationale. C’est bien sûr plus facile à dire après le match que j’aurais dû marquer, mais il faut aussi relever que nous avons eu d’autres occasions.» Shaqiri ne prendra pas la responsabilité tout seul.
Mais il serait tout de même relativement compliqué de la placer sur Zeki Amdouni, bien que le Genevois ait aussi manqué une ou deux grosses occasions. Reste que si la Suisse en était là à la pause, elle le doit surtout à l’attaquant du FC Bâle, auteur d’un doublé. «Il a pris sa chance», a salué Xhaka, bien obligé de reconnaître l’efficacité qui a manqué au reste de ses partenaires. Rageant. «Pour moi, cela sonne un peu comme une défaite», doit donc bien assumer Xherdan Shaqiri.