FootballSi Servette entend faire de ses rêves des ambitions, il devra gagner ces matches-là
Le 1-1 concédé contre Winterthour sonne comme deux points de perdus pour des Grenat qui ont les moyens de viser la deuxième place.
- par
- Valentin Schnorhk Genève
Bien sûr, le classement de Super League ne ment pas. Servette est toujours deuxième et, s’il s’y maintient lors des 14 prochaines journées, alors il pourra disputer les qualifications de la Ligue des champions cet été. Et il n’y a pas vraiment de raison que les Grenat n’en fassent pas un objectif. Alors le 1-1 concédé contre Winterthour dimanche à la Praille fait un petit peu tache.
Surtout au prélude d’une semaine importante, où les Grenat iront à Rotkreuz en quart de finale de Coupe de Suisse jeudi, avant de rester dans la région zurichoise jusqu’au match de Super League contre Zurich dimanche prochain.
Les trois enseignements
Le dénouement de la saison est encore loin, mais au moment où Servette doit transformer en ambitions ses rêves les plus fous, il y a des matches qu’il doit pouvoir cocher comme gagnés d’avance. Celui contre Winterthour devait en être un, avec tout le respect qu’on peut porter à lanterne rouge zurichoise. Les Grenat sont les seuls responsables de la perte de ces deux points.
Avec Servette, le problème est un petit peu toujours le même: les Genevois peinent à déstabiliser les blocs bas, et la longue période de domination en deuxième mi-temps aurait dû déboucher sur un but victorieux si le SFC avait su trouver les bons enchaînements. «Nous aurions peut-être dû apporter plus de profondeur, avec des courses dans le dos de la défense pour la faire reculer», a jugé sans doute à raison Yoan Séverin.
Il n’est clairement pas encore totalement dans le rythme, en veut pour preuve une certaine retenue en première période, mais Kevin Mbabu commence à prendre ses marques et des repères sont en voie d’être trouvés avec Mirolsav Stevanovic sur le côté droit. Pour la première fois depuis son retour, le Genevois a pu trouver un contexte de match qui lui correspond parfaitement, dans ce Servette qui se voulait dominateur. Le latéral droit a tout pour être un élément-clé dans ces configurations-là.
Le meilleur: Yoan Séverin
Yoan Séverin a inscrit son premier but en Super League dimanche. Arrivé à Servette à l’été 2018, il n’avait plus fait trembler les filets depuis que les Grenat ont été promus dans l’élite. Ce n’est pas forcément ce qu’on attend de lui, mais cela permet surtout de signaler l’excellente prestation qu’il a réalisée contre Winterthour.
Aidé par un Winterthour qui ne l’a pressé véritablement qu’en début de match, le Français de 26 ans a surtout montré qu’il avait progressé balle au pied. Capable de porter la balle vers l’avant et de verticaliser le jeu, Séverin a donné des impulsions aux actions servettiennes comme il ne l’a jamais vraiment fait. Déjà intouchable dans la charnière centrale grenat cette saison, l’ancien jeune de l’OL doit continuer d’étoffer son jeu pour prendre une dimension supplémentaire.
Le moins bon: Patrick Pflücke
Positionné dans le milieu de terrain jusqu’à la sortie de Dereck Kutesa avant l’heure de jeu, puis à gauche, Patrick Pflücke aurait dû contribuer à un succès servettien dimanche. L’Allemand a eu le mérite d’avoir souvent été là où il fallait à la conclusion des actions. Le problème réside dans son incapacité à transformer d’énormes situations en buts.
Son déficit d’efficacité n’est pas nouveau pour celui qui n’a inscrit que deux buts cette saison, dont un sur penalty. Sans doute plus à l’aise sur l’aile gauche que dans le cœur du jeu, Pflücke s’est toujours bien inséré dans le jeu grenat. Mais ses difficultés à être décisif font aussi état de ses limites. Et ce Servette peu productif ne peut pas vraiment se le permettre.
La décla’
Le fait tactique: le but encaissé par Servette
Un moment d’oubli. Un manque de communication, très vraisemblablement. Pourquoi le latéral droit servettien Kevin Mbabu a-t-il choisi de suivre le déplacement de l’ailier gauche de Winterthour Samuel Ballet jusque dans l’axe, à la 52e minute de jeu? Pourquoi le central Nicolas Vouilloz s’est-il décidé à sortir aussi loin de sa défense pour aller également chercher Ballet? Cette approximation a coûté cher à Servette, parce que Joaquin Ardaiz a été laissé libre dans le dos des deux défenseurs genevois.
Il y a dans ce but une erreur tactique. De quoi est-elle le nom? Peut-être de l’orientation très individuelle de Servette sur cette rencontre. Au milieu de terrain, notamment, les trois préposés servettiens Boris Cespedes, Timothé Cognat et Patrick Pflücke ont toujours suivi à la trace leurs vis-à-vis respectifs (Ramizi, Di Giusto et Arnold en première période, avant l’entrée de Corbaz à la pause) lorsque Winterthour démarrait ses actions. C’est un choix de marquage et d’organisation défensive.
Sauf qu’il a aussi sa part de risque, quand les adversaires sont mobiles et dézonent. Sur l’action en question, Cespedes et Cognat sont ainsi attirés par les déplacements zurichois, laissant ouverte la ligne de passe allant de Schmid vers Ballet. Suffisant pour prendre l’avantage positionnel et accélérer le rythme. Derrière, les Servettiens ont toujours été en retard.
La statistique
63%, comme la possession de balle servettienne contre Winterthour dimanche. C’est seulement la deuxième fois de la saison que les Grenat atteignent un tel score (excepté la rencontre contre un YB réduit à dix pendant plus d’une heure en novembre). La dernière fois: contre Winterthour, lors de la 4e journée. Là aussi, les Genevois avaient peiné à trouver des solutions, ne l’emportant que sur un penalty de Pflücke en fin de match. Ce manque de repères sur de longues séquences de domination n’est peut-être pas un hasard: jamais ou presque Servette n’est confronté à de telles situations cette saison.
Une question pour penser l’avenir
À quel point Alain Geiger se risquera-t-il à faire tourner son équipe à Rotkreuz en Coupe de Suisse jeudi?