Pandémie – Levée des mesures: la Suisse bien moins prudente que ses voisins

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PandémieLevée des mesures: la Suisse bien moins prudente que ses voisins

Les assouplissements des mesures de lutte contre le coronavirus sont d’actualité partout. Mais les pays voisins ouvriront par étapes.

Renaud Michiels
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Renaud Michiels
Chez nos voisins français, le masque dans les espaces intérieurs et le pass vaccinal restent pour l’instant d’actualité.

Chez nos voisins français, le masque dans les espaces intérieurs et le pass vaccinal restent pour l’instant d’actualité.

AFP

Le Conseil fédéral a dit par le passé qu’un «freedom day» n’est pas dans la culture suisse. Mais quel que soit le terme utilisé, ça y ressemble: de toutes les mesures de lutte contre le coronavirus il ne restait jeudi que les masques dans les transports publics et établissements de soins et les isolements. Le changement est radical. Mais que font nos voisins? Tous sont dans la même dynamique positive de levée des mesures. Mais tous se montrent en fait plus prudents – ou lents, selon le point de vue – que la Suisse. Tour d’horizon.

France

La France a levé quelques mesures de lutte contre le coronavirus cette semaine. Les détenteurs d’un pass vaccinal peuvent à nouveau danser dans une boîte de nuit, boire un verre au bar ou assister à un concert debout. Le 28 février, le masque ne sera plus obligatoire dans les lieux clos soumis au pass vaccinal, comme les restaurants, bars ou cinémas.

La suite a été esquissée par le ministre de la Santé Olivier Véran mais rien n’est tranché. Il imagine que le masque pourrait être abandonné mi-mars «pour tout ou partie des lieux fermés», y compris sans pass vaccinal. Il restera cependant obligatoire dans les transports en commun «et les lieux clos non soumis au pass vaccinal», par exemple les magasins. Quant au pass vaccinal lui-même, il pourrait être abandonné fin mars ou début avril.

Autriche

Le chancelier autrichien a annoncé mercredi la levée  de la plupart des mesures, à partir du 5 mars. En particulier, il n’y aura plus besoin de pass vaccinal pour les hôtels, restaurants, concerts ou événements sportifs. Le masque – et uniquement le FFP2 – restera cependant obligatoire dans les transports, supermarchés, pharmacies et hôpitaux. En outre, il y aura des différences locales. Ainsi, le maire de Vienne a décidé de maintenir pour l’instant des mesures plus strictes dans la capitale.

Enfin, l’Autriche a rendu la vaccination obligatoire au début du mois. Est-ce qu’elle sera maintenue avec la situation actuelle? A-t-elle encore un sens alors que le pays va abandonner le pass vaccinal? Le gouvernement a dit avoir sollicité l’avis d’experts avant de trancher.

Allemagne

En Allemagne aussi l’heure est aux assouplissements, a annoncé mercredi le chancelier Olaf Scholz. Mais progressivement, par étapes. Désormais, plus de limitation d’invités lors de rencontres privées, sauf pour les non-vaccinés (dix personnes). Et l’accès à un commerce de détail ne nécessite plus de pass sanitaire. Deuxième étape, le 4 mars: les personnes vaccinées, guéries, ou testées négatives (3G) pourront aller au restaurant. Les discothèques rouvriront pour les guéris ou vaccinés en possession d’un test négatif (2G+). Et les jauges pour les événements sportifs seront revues à la hausse.

La troisième étape est prévue pour le 20 mars, «si les conditions sanitaires le permettent». Toutes les mesures pourraient alors tomber, cependant le port d’un masque FFP2 restera obligatoire dans les transports et dans les espaces intérieurs publics. Précisons qu’en Allemagne les Länder peuvent décider de conserver des règles plus strictes.

Italie

L’Italie a abandonné la semaine dernière l’obligation de porter un masque en extérieur et a rouvert ses discothèques. Mais depuis cette semaine les plus de 50 ans doivent être vaccinés ou avoir un certificat de guérison pour accéder aux lieux de travail. Ceux qui n’en ont pas risquent un licenciement comme une amende.

Pour la suite le gouvernement a annoncé des allégements mais leurs contours restent assez flous. «L'état d'urgence sanitaire ne devrait pas être prolongé au-delà du 31 mars», a ainsi estimé le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri, mais sans donner pour l’instant un calendrier précis des assouplissements. En attendant, le gouvernement a dit sa volonté de maintenir la pression sur les non-vaccinés. Si la situation sanitaire devait se dégrader dans la région dans laquelle ils vivent, ils seraient les seuls concernés par des restrictions.

Comme on le voit, aucun de nos voisins directs n’est allé aussi vite que la Suisse. Quelques pays en Europe ont cependant levé presque toutes les mesures, à l’image des Pays-Bas, de la Norvège et du Danemark. Premier à franchir le pas, le Danemark connaît d’ailleurs une hausse des hospitalisations comme des décès. Le pays a cependant tenu à préciser qu’il s’agit avant tout de personnes qui décèdent en étant positives au coronavirus, mais pas à cause de la Covid.

Quoi qu’il en soit, la Suisse pourrait-elle suivre le même chemin, avec davantage de morts? Interrogé, le conseiller fédéral Alain Berset a estimé mercredi qu’il était possible que «ça bouge un peu». Mais pas au point «de nous mettre en difficulté», a-t-il avancé.

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