FootballDe retour en équipe de Suisse, Yvon Mvogo a gagné une «bataille»
Oublié depuis septembre parce qu’il ne jouait pas au PSV Eindhoven, le Fribourgeois a retrouvé du temps de jeu et a été rappelé par Murat Yakin. Mais son avenir s’écrit ailleurs.
- par
- Valentin Schnorhk Bad Ragaz
C’est à vélo que l’équipe de Suisse se déplace à Bad Ragaz. Le chemin entre son luxueux hôtel et le terrain d’entraînement est relativement court. Mais suffisamment long pour créer des écarts. Vendredi, Fabian Frei est arrivé en tête. Dans le gruppetto, pour fermer la marche, la bande des Welches. Peut-être parce qu’il faut profiter de ces retrouvailles. Ils sont tout sourire, Kevin Mbabu, Jordan Lotomba et surtout Yvon Mvogo. Le portier fribourgeois savoure l’instant.
«Ça fait énormément de bien d’être là, de revoir les copains, apprécie-t-il. Je vois ce moment comme une bande d’amis qui se retrouvent pour prendre du plaisir.» Yvon Mvogo n’était plus réapparu en équipe de Suisse depuis le mois de septembre. Huit mois. En football, c’est long. Mais le choix de Murat Yakin de faire passer Jonas Omlin et Gregor Kobel devant lui était légitime: l’ancien gardien de Young Boys ne jouait pas au PSV Eindhoven. Ce n’est que depuis la mi-avril qu’il a retrouvé une place de titulaire, finissant la saison dans les buts avec au passage une Coupe des Pays-Bas remportée contre l’Ajax Amsterdam en finale.
Sur le banc, «sans explication»
Le dénouement est heureux. Mais l’intrigue que comportait cette saison, Yvon Mvogo ne l’a toujours pas véritablement comprise: «La situation a été très difficile. Je ne m’attendais vraiment pas à être sur le banc. J’avais eu des discussions avec l’entraîneur (ndlr: l’Allemand Roger Schmidt, qui vient de s’engager à Benfica), avec le club, et ils comptaient sur moi. Je me sentais aguerri, un autre gardien. Je suis donc revenu sereinement après l’Euro, et je me suis retrouvé sur le banc, sans explication, alors que je sortais d’une bonne saison en tant que titulaire indiscutable. L’équipe gagnait et c’était difficile de changer. Dans ma tête, c’était vraiment la bataille.» Combattre l’injustice, mais surtout l’accepter.
«J’ai pu apprendre de cette période que, dans le foot, tout se joue au mental. Tout le monde a du talent, mais le plus important, c’est dans la tête. On a bien sûr des doutes, mais l’essentiel était de rester concentré sur soi-même. J’ai gagné en maturité et ai trouvé du soutien moral dans ma famille. Je suis donc content d’avoir pu être assez fort pour me relever.»
Puisque depuis ce match contre Waalwijk, c’est le Marlinois qui est devenu titulaire, à la place du Néerlandais Joël Drommel. Et cette fois, Mvogo n’a pas déçu, lui qui avait marqué les esprits au début de son prêt de deux ans au PSV avec quelques boulettes marquantes. «Je revenais alors de trois saisons sans jouer, ces erreurs étaient dues à ça, avant de me stabiliser», explique-t-il sans détour.
Il va bouger cet été
À 28 ans, Yvon Mvogo a désormais une quête: le temps de jeu. Entre Leipzig et le PSV, il a trop souvent fait du banc pour prendre le risque d’y retourner. Malgré encore une année de contrat avec la formation allemande, son avenir s’écrit clairement ailleurs: «Dans le club où je signerai, ce sera sûr que j’y jouerai, annonce-t-il. Je veux être titulaire indiscutable. C’est une aubaine d’avoir pu rejouer ces derniers temps, car pas mal de clubs ont pu me revoir. Le timing est parfait.»
Où peut-il rebondir? «Dans un championnat majeur, je ne veux pas redescendre d’un étage», plaide-t-il. La Ligue 1 l’a plusieurs fois lorgné. L’été dernier, Lille était proche de le signer. Cet hiver, il y avait eu des discussions avec Saint-Étienne, ou encore Bordeaux. Aston Villa avait aussi été sur le coup en janvier. Signe qu’il conserve une cote. «Pour l’instant, je ne peux pas en dire plus, si ce n’est que ce sera un super club.» Cap’ de s’y rendre à vélo?