États-UnisLa photo judiciaire de Trump, un possible collector
L’ex-président américain a jusqu’à vendredi pour se présenter volontairement à la justice de Géorgie. Cette fois il pourrait ne pas échapper à l’infamant «mugshot».
Si Donald Trump se fait prendre en photo cette semaine par la police en Géorgie dans le cadre de son inculpation pour tentative de manipulation de l’élection de 2020, ce cliché, inédit pour un ex-président américain, pourrait entrer instantanément dans l’Histoire. Le républicain de 77 ans a jusqu’à vendredi pour se présenter volontairement à la justice de Géorgie qui l’a inculpé, en vertu d’une loi sur la délinquance en bande organisée.
Déjà inculpé trois fois au pénal dans des affaires distinctes, Donald Trump a comparu ses derniers mois devant la justice à New York, Miami et Washington. S’il a réussi à échapper jusqu’à présent à l’affront de la procédure d’interpellation classique qui comprend la prise des empreintes digitales et celle de deux photos – l’une de face et l’autre de profil –, la Géorgie pourrait être moins arrangeante.
«Peu importe votre statut, nous serons prêts à prendre votre photo», a lancé à la presse début août Patrick Labat, shérif du comté de Fulton, en charge du dossier. Un tel diptyque, «mugshot» en anglais, a tendance à coller à la peau des célébrités qui en font les frais. Donald Trump pourrait ainsi rejoindre Al Capone, O.J. Simpson, Jane Fonda ou encore Hugh Grant…
Produits dérivés
L’une des photos judiciaires les plus célèbres de l’histoire est en effet celle de l’ancien footballeur O.J. Simpson, prise par la police de Los Angeles lorsqu’elle l’a arrêté parce qu’il était soupçonné d’avoir assassiné son ex-femme et l’amie de celle-ci.
Une semaine plus tard, elle faisait la couverture du magazine «Time». Aujourd’hui encore, elle orne toutes sortes de produits dérivés, de simples t-shirts jusqu’à des guitares électriques.
L’actrice américaine Jane Fonda vend encore sur son site internet des vêtements et des tasses à café avec son portrait policier, pris en 1970. Arrêtée à l’aéroport de Cleveland pour trafic de drogues – une accusation abandonnée lorsque les tests ont révélé que sa valise ne contenait que des vitamines –, elle en avait profité pour prendre une pose provocante, le poing levé, tout juste rentrée du Canada où elle venait de prononcer un discours contre la guerre du Vietnam.
«J’ai certainement tiré beaucoup de profit de cette arrestation», a confié l’actrice militante au Los Angeles Times en 2018.
Déchéance
Mais pour beaucoup de célébrités, une telle photo est plutôt synonyme de déchéance.
Ainsi, difficile de reconnaître Tiger Woods lorsqu’il a été arrêté endormi dans sa voiture en Californie en 2017. L’ex-prodige du golf avait expliqué être sous l’influence de puissants antidouleurs, mais son visage bouffi, sa barbe désordonnée et ses yeux hagards sont devenus le symbole d’une dérive déclenchée par ses problèmes de dos.
De même, la chevelure hirsute de l’acteur Nick Nolte, arrêté en 2002 alors qu’il conduisait sous l’emprise de GHB, a révélé la descente aux enfers d’une star nommée dix ans plus tôt «homme le plus sexy du monde».
Le comédien Hugh Grant a également défrayé la chronique avec son expression penaude devant la police de Los Angeles, qui l’avait surpris en 1995 avec une prostituée dans une voiture. À l’époque, le Britannique était en couple avec l’actrice Liz Hurley.
Pas le premier politique
Donald Trump serait le premier ex-président dont la photo figurerait dans les dossiers de la police américaine, mais pas le premier homme politique.
Nombre de ses prédécesseurs se sont affichés tout sourire face aux forces de l’ordre. À l’instar de John Edwards, candidat à la primaire démocrate en 2008 et arrêté en 2011 pour des soupçons de détournement de fonds de campagne afin de cacher son adultère, avant d’être déclaré non coupable lors de son procès.
Le gouverneur du Texas, Rick Perry, arborait lui aussi un sourire sur sa photo lorsqu’il a été arrêté en 2014 pour abus de pouvoir – des accusations abandonnées par la suite.
Bientôt sur des t-shirts
Qu’il affiche son sourire aux dents parfaites ou qu’il opte pour la mine sévère qu’il affectionne pour se poser en dirigeant à poigne, la photo d’arrestation de M. Trump sera inévitablement collector, si elle existe.
Comme celle d’O.J. Simpson, elle ferait la une des journaux. Et comme celle de Jane Fonda, il est presque certain qu’elle serait ensuite disponible sous forme de t-shirt. Peut-être même sur le site web de M. Trump.